Alors que la relation entre l’Algérie et la France a entrepris le chemin de l’apaisement depuis lundi 31 mars, après 8 mois de crise inédite, Bruno Retailleau, Xavier Driencourt et Marine Le Pen ne baissent pas les armes.
Le ministre de l’Intérieur français se dit attendre des « actes concrets » après la visite de son collègue des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot dimanche 6 avril à Alger, et la fille de Jean-Marie Le Pen contre-attaque sur un dossier qu’affectionne particulièrement l’extrême droite : l’immigration algérienne en France.
Xavier Driencourt sur la visite de Barrot Alger : « Il est allé à Canossa »
Pour Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie à deux reprises, Jean-Noël Barrot est « allé à Canossa ».
Cette expression a été utilisée en octobre dernier par le président Tebboune pour annoncer le report sine-die de sa visite d’Etat en France alors que les relations entre les deux pays étaient plongées dans un froid glacial. « Je n’irai pas à Canossa », a-t-il dit. L’expression signifie « l’action de faire pénitence, de s’humilier devant un personnage important afin d’obtenir son pardon ».
Sur le Figaro, Xavier Driencourt a estimé lundi que le chef de la diplomatie française a été accueilli froidement dimanche en Algérie. « L’aéroport d’Alger était extrêmement froid », a-t-il dit.
Ce mardi matin sur France, soit moins de 48 heures après la visite de Barrot à Alger, Bruno Retailleau a une nouvelle fois réitéré ses attentes, pour ne pas ses exigences, pour un retour à la normale entre l’Algérie et la France.
Apaisement Algérie – France : Bruno Retailleau met en garde
«Je souhaite que Boualem Sansal soit libéré et que les ressortissants algériens dangereux soient réadmis. Il n’y a pas de garantie pour le moment, je jugerai sur pièce», a-t-il dit, répétant ainsi ses conditions qu’il a posées trois jours avant la visite de Jean-Noël Barrot à Alger.
Jeudi sur France 5, ce partisan de la ligne dure avec l’Algérie, a dit qu’il attendait des actes, après l’entretien téléphonique entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron lundi 31 mars. Les deux chefs d’Etat ont posé la base d’un retour à la normale entre les deux pays.
Cet apaisement a été concrétisé par la visite de Jean-Noël à Alger dimanche 6 avril qui a débouché sur la reprise de la coopération dans tous les domaines entre l’Algérie et la France.
S’il dit qu’il faut laisser le temps à la diplomatie, Bruno Retailleau se montre toutefois menaçant, et fixe même un délai de « quelques semaines », pour réactiver sa riposte graduée contre l’Algérie.
«Si ça ne marche pas, je le dirai et il faudra riposter. Les Français ne comprendraient pas et le prendraient comme une humiliation à la fierté française», a mis en garde le locataire de Place Beauvau, qui a été écarté de la gestion de la réconciliation entre Alger et Paris.
Pour Marine Le Pen, elle a contre-attaqué sur le dossier des visas accordés par la France aux ressortissants algériens.
Un classique de l’extrême droite, mais une manipulation flagrante des chiffres. Pour appuyer ses propos, elle cite les chiffres de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie, selon lesquels, le nombre de visas octroyés par la France aux Algériens a bondi de 91 % entre 2022 et 2024, passant de 131 279 à 250 095.
Marine Le Pen parle d’une submersion migratoire algérienne en France
Cette comparaison est trompeuse. Marine Le Pen ne précise pas en effet, qu’en septembre 2021, le président Macron a décidé de diviser par deux le nombre de visas accordés aux ressortissants aux ressortissants de trois pays du Maghreb : Algérie, Maroc et Tunisie, pour les obliger à délivrer plus de laissez-passer consulaires. Cette mesure a été levée fin 2022 lors d’une visite du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin à Alger.
A la tête des sondages pour la présidentielle de 2027, la cheffe des députés du Rassemblement national (RN) dénonce même une « submersion » migratoire algérienne, et réitère sa demande d’abroger l’accord de 1968 avec l’Algérie.
Condamnée lundi 31 mars à quatre ans de prison ferme dont deux avec sursis et 5 ans d’inéligibilité politique dans l’affaire des assistants parlementaires du RN, Marine Le Pen, qui a fait appel de cette condamnation, s’en prend à Emmanuel Macron et au gouvernement qu’elle accuse de favoriser l’immigration algérienne en France.
« Le refus d’Emmanuel Macron d’abroger les accords de 1968 avec l’Algérie, tout comme l’incapacité du gouvernement à présenter une loi visant à interrompre ce processus de submersion, le rappellent chaque jour aux Français », a-t-elle dit.
Ces chiffres parlent d’eux-mêmes, il n’y a jamais eu de volonté de la part de la macronie et de ses alliés de reprendre la main sur une politique d’immigration hors contrôle. Le refus d’Emmanuel Macron d’abroger les accords de 1968 avec l’Algérie, tout comme l’incapacité du… pic.twitter.com/87kucxzUFH
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) April 7, 2025