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Algérie : Hicham Boudaoui lynché pour son voyage en Israël

Algérie : Hicham Boudaoui lynché pour son voyage en Israël

La Toile algérienne s’enflamme à cause de la participation d’international algérien à un match de football en Israël. Hicham Bouadoui, qui évolue à l’OGC Nice (Ligue 1, France), a fait le déplacement avec son équipe pour affronter Beer-Shev’a, en Israël, ce jeudi soir pour le compte de la dernière journée de la phase de poules de la Ligue Europa.

Beaucoup d’Algériens ne comprennent pas qu’un de leurs compatriotes puisse affronter le club d’un Etat que l’Algérie ne reconnait pas. La polémique a pris une ampleur telle que même certains politiques s’y mettent.

Elle a commencé fin octobre dernier lorsque les deux équipes devaient jouer le match aller, à Nice. L’équipe française compte dans ses rangs deux internationaux algériens, Hicham Boudaoui et Youcef Attal, et même trois si l’on compte Amine Gouiri que le staff technique national ne désespère pas de convaincre de porter le maillot des Verts.

Beaucoup de supporters algériens avaient mis en garde les deux premiers cités de prendre part au match. Le jour de la rencontre, le 29 octobre, Attal a joué titulaire et Boudaoui est entré en seconde période. Gouiri a joué tout le match et s’est permis le luxe de marquer le but de la victoire de son équipe.

Mais les critiques s’étaient concentrées sur les deux joueurs nés et formés en Algérie. Un peu plus d’un mois plus tard, la polémique ressurgit. Le match retour est prévu ce jeudi 10 décembre en Israël. Si Attal a évité le voyage à cause d’une blessure, Boudaoui, lui, est retenu par son coach et doit faire le déplacement.

Si certains internautes prennent sa défense, d’autres, nombreux, lui tombent dessus et crient à la trahison, rivalisant de commentaires surréalistes, alors que la FAF et le sélectionneur national Djamel Belmadi gardent étrangement le silence.

Chez les politiques, Abdelkader Bengrina, candidat à la dernière élection présidentielle, qualifie ce qu’a fait le joueur de « désobéissance », au sens religieux du terme bien évidemment, et exige de lui de s’excuser.

Abderrazak Makri, président du MSP, dénonce de son côté la justification de la normalisation avec Israël, la considérant comme la plus vile des trahisons. Il s’en prend avec véhémence à ceux qui ont pris la défense de Boudaoui, les qualifiant tout simplement de « sionisés ».

En 2015, les Palestiniens pouvaient exclure Israël de la FIFA et ne l’ont pas fait

Il y a sans doute là un mélange des genres qui n’a pas lieu d’être. La normalisation avec l’Etat hébreu, c’est tout le peuple et l’Etat algériens qui n’en veulent pas.

Mais il est exagéré d’assimiler la participation à un match de football d’un joueur de 20 ans à de la normalisation. Un homme politique dirigeant d’un parti ne peut pas ignorer certaines choses, comme les obligations contractuelles dans le football moderne et les exigences du professionnalisme.

Ils savent aussi, ainsi que tous les Algériens, que Hicham Boudaoui ne peut être soupçonné de sympathie envers Israël ou de trahison vis-à-vis de la Palestine.

Il se trouve juste qu’il n’a pas le choix. Lui et Youcef Attal ont signé des contrats professionnels avec leur club, et si celui-ci les paye au prix fort, ce n’est pas pour qu’ils choisissent leurs matchs. En s’engageant avec Nice, ils savaient, ainsi que leurs parents, leurs agents, le public algérien et tous les politiques, que la probabilité de devoir affronter un jour un club israélien est forte, par le simple fait que les fédérations française et israélienne font partie de la même confédération, l’UEFA.

Cela est valable pour tous les joueurs algériens évoluant en Europe et même l’équipe nationale n’est pas sûre d’éviter de  se retrouver dans un même groupe avec l’équipe israélienne en Coupe du monde, dans quelques années ou décennies.

Hicham Boudaoui devait-il mettre en péril sa carrière qui débute ? Assurément pas. Il est jeune, plein de talent et d’avenir, il faut l’encourager et ne pas lui mettre de la pression sur des considérations qui le dépassent, encore moins l’exposer à la vindicte populaire.

C’est à ses détracteurs et à tous les populistes d’actualiser leur compréhension des choses et de savoir ce qu’il en est de la question avant de distribuer les bons et mauvais points.

Car il y a un fait historique indéniable : si Israël fait encore partie de la famille footballistique mondiale, c’est peut-être grâce aux Palestiniens eux-mêmes qui, en 2015, avaient cédé aux supplications du président de la FIFA de l’époque, Joseph Blatter, pour retirer une motion d’exclusion de la fédération israélienne. On ne le leur a jamais reproché, mais on demande à des jeunes de 20 ans de mettre leur carrière en danger.

Si la motion avait été déposée, les chances d’exclure la fédération israélienne étaient réelles au vu des statuts de l’instance internationale (un vote par fédération) et du nombre de pays se sympathisant avec la Palestine, d’où les supplications de Blatter.

Le problème ne se serait pas posé aujourd’hui pour Hicham Boudaoui, et certains politiques seraient contraints de trouver autre chose pour s’adonner à leur populisme irresponsable.

 

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