En France, le débat sur la guerre d’Algérie ne s’estompe que pour mieux repartir, avec une polémique entre Rima Hassan et Marion Maréchal-Le Pen.
En plus de l’anniversaire des massacres du 8 mai 1945, la situation au Moyen-Orient et le calvaire que vit la population de Gaza font aussi rappeler les atrocités du colonialisme en Algérie.
Le parallèle est fait par la militaire et juriste franco-palestinienne Rima Hassan, déclenchant une avalanche de réactions haineuses des milieux nostalgiques de l’Algérie française.
Seulement septième sur la liste de La France Insoumise (LFI) pour les élections européennes qui auront lieu du 6 au 9 juin 2024, Rima Hassan fait toutefois beaucoup parler d’elle à l’approche du scrutin.
Ses positions sans équivoque sur ce qui se passe en Palestine ne laissent pas indifférent en France, comme le montrent ses passes d’armes récurrentes avec des figures du courant xénophobe et des lobbies pro-israéliens.
Depuis le déclenchement de la guerre à Gaza le 7 octobre dernier, elle s’est retrouvée plusieurs fois au cœur de vives polémiques avec l’extrême-droite française et les défenseurs d’Israël.
L’Algérie s’invite dans le débat en France sur Gaza
La dernière polémique a éclaté quand Rima Hassan a fait le parallèle entre ce qui se passe actuellement en Palestine et ce que les Français ont fait en Algérie, le jour de la commémoration des massacres du 8 mai 1945. « Ce que fait Israël à la Palestine n’est pas très différent de ce que la France faisait à l’Algérie », a écrit la juriste sur X mercredi 8 mai.
Ce que fait Israël à la Palestine n’est pas très différent de ce que la France faisait à l’Algérie.
— Rima Hassan (@RimaHas) May 8, 2024
Le tweet a été vu plus de deux millions de fois et a suscité une avalanche de commentaires, avec les inévitables insultes et attaques des milieux extrémistes.
Marion Maréchal-Le Pen a réagi en s’attaquant à l’immigration. Pour cette transfuge du Rassemblement national (RN, ex-Front national), Rima Hassan est un « triste exemple d’une politique migratoire trop généreuse. »
« On accueille ses parents et on se retrouve avec la fille qui défend des intérêts étrangers et qui nous crache son ingratitude au visage. Je suis prête à soutenir sa demande d’asile en Algérie », a-t-elle lancé.
Ce à quoi la militante franco-palestinienne a répondu : « Tahya el djazaïr, vous savez, ce pays que votre grand-père colonisait et dont il torturait la population. »
« Qu’attendez-vous pour rendre votre nationalité française et quitter la France d’urgence ? », lui a par exemple répondu le polémiste d’extrême-droite Jean Messiha.
Faut pas lui donner l’heure elle cherche de la visibilité car elle est plombée dans les sondages . Ils en cherchent tous à travers toi !
— moonbee (@BMoon_bee) May 8, 2024
« Pourquoi tu ne fais pas plutôt campagne pour la Palestine depuis l’Algérie ? », a attaqué pour sa part l’activiste pro-israélienne Jérémy Benhaïm.
Qu’attend-vous pour rendre votre nationalité française et quitter la France d’urgence ?
Vous êtes la honte de notre pays et ceux qui ont naturalisé une haineuse comme vous sont des criminels— Jean MESSIHA (@JeanMessiha) May 8, 2024
Rima Hassan défie les courants extrémistes
Le blogueur du même courant Mathieu X a partagé en réponse une vidéo de Bernard Lugan, connu pour ses positions résolument pro-colonialistes et anti-algériennes, dans laquelle il égrène les prétendues réalisations du colonialisme en Algérie.
Un internaute lui a opposé le contenu d’un livre du général Bugeaud, décrivant les atrocités commises par ses soldats. « Peut-être que Lugan en sait plus que celui qui a mené la campagne d’invasion en Algérie », ironise-t-il.
Le passé colonial de la France en Algérie est aussi de nouveau soulevé au Parlement à l’occasion de l’anniversaire des massacres du 8 mai 1945 pendant lesquels 45.000 Algériens ont été tués.
Quatre députés de gauche, dont deux d’origine algérienne (Sabrina Sebaihi et Fatiha Keloua Hachi), ont annoncé mercredi 8 mai la constitution d’un groupe de travail avec l’ambition de parvenir à déposer, début 2025, une proposition de loi pour la reconnaissance de ces massacres par la France.
Sabrina Sebaihi était derrière la résolution condamnant les massacres du 17 octobre 1961, adoptée le 28 mars dernier par l’Assemblée nationale française.
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