Depuis la publication par le ministère de l’Industrie des prix sortie d’usine des véhicules neufs assemblés en Algérie, et le lancement de la campagne « Khilaha Tsedi (laisser la rouiller) les effets se succèdent sur le marché de l’automobile.

Ainsi, la baisse des prix annoncée officiellement par certains constructeurs et concessionnaires commence à se répercuter logiquement sur le marché de l’occasion où les véhicules redeviennent progressivement abordables.

Virée ce samedi 7 avril au marché de Tidjelabine, dans la wilaya de Boumerdès, véritable bourse des transactions automobiles pour la capitale, la Kabylie et de nombreuses autres régions du centre du pays.

L’affluence est légèrement plus importante que celle des dernières semaines, selon les habitués. Le temps printanier y est sans doute pour quelque chose, mais il y a aussi la baisse des prix pressentie depuis que la presse et les réseaux sociaux se sont mis à relayer informations fiables et rumeurs infondées sur cette nouvelle orientation des autorités qui consiste à maintenir une certaine pression sur les constructeurs et les concessionnaires afin de réduire leur marge bénéficiaire.

Globalement, la baisse varie déjà, selon la valeur du véhicule, entre 50.000 et 150.000 dinars, selon les estimations concordantes des revendeurs et même des particuliers.

Mais cela demeure une légère baisse, vu les records atteints par les voitures d’occasion depuis l’imposition de quotas pour les importateurs.  « J’avais l’occasion de vendre il y trois semaines pour 59 millions (590.000 DA) et aujourd’hui, le mieux disant m’en a proposé 54 », regrette un jeune homme venu de Tizi Ouzou vendre sa Renault Clio diesel année 2001.

La voiture semble en bon état,  mais c’est une « 2 portes ». Le même modèle, on le retrouve un peu plus loin pour dix millions de centimes de moins. La fourchette se situe entre  450.000 DA et 550 000 DA.

Pour la gamme moyenne, les véhicules vieux de quatre à cinq ans par exemple, c’est la même proportion de baisse. Comme cette petite Hyundai Eon, moteur essence, année 2013, qui ne trouve pas preneur à 1,05 millions DA. Les 1,03 millions offerts ne semblent pas satisfaire son propriétaire qui décide de rentrer, sans vendre, lui qui espérait en tirer au moins 1,10 millions.

Les propriétaires de véhicules récents, années 2015 à 2018, doivent aussi revoir leurs prétentions à la baisse. La Peugeot 208, année 2015, tourne dans les 2,2-2,3 millions de dinars.

Les acheteurs proposent à partir de 2,10 millions. « C’est au moins 10 millions (100.000 DA) de moins que ce qui était proposé pour le véhicule aux mêmes caractéristiques il y a deux ou trois semaines », nous dit un trentenaire, venu d’Alger, qui hésite encore à se décider.

La baisse est nettement plus prononcée pour certaines marques de véhicules que d’autres. La Renault Symbol et la Dacia Logan sont les plus touchées, selon de nombreux témoignages. Pendant que certain y vont de leurs explications et de leurs prévisions pour les semaines à venir, d’autres vendent ou achètent.

Après avoir été plombé pendant de longs mois, le marché recommence à bouger. Ce samedi, beaucoup de transactions sont effectuées, contrairement aux semaines précédentes.

Ahmed, la soixantaine, est tout content d’être devenu le nouveau propriétaire d’une Hyundai Accent, année 2010, pour seulement 870.000 DA. Nous n’avons pas pu voir le véhicule pour juger de son état, mais son acheteur semble satisfait, c’est l’essentiel.

Mais contrairement à Ahmed, beaucoup hésitent encore à acheter, persuadés qu’ils feront encore une meilleure affaire s’ils reviennent la semaine prochaine. Autrement dit, beaucoup croient que la courbe baissière se maintiendra.

Il est vrai que tout ce qui a été dit ces dernières semaines a créé un certain remue-ménage dans la filière. Un revendeur sur place, après avoir longuement nié toute tendance à la baisse, finit par reconnaître que lui et ses collègues sont les premiers à faire les frais de la nouvelle situation.

« Certains d’entre nous ont acheté plusieurs véhicules au prix fort. Il nous sera difficile de dégager le moindre bénéfice si la baisse s’accentue. Mais ce n’est que l’effet des rumeurs annoncées ici et là. Je suis persuadé qu’il n’en sera rien. Les cours reprendront bientôt », pronostique-t-il, sans avoir l’air de trop y croire.

Si les revendeurs de véhicules d’occasion se plaignent déjà, ceux des véhicules neufs doivent déprimer en apprenant les baisses de prix conséquentes annoncées par les constructeurs et concessionnaires. D’ailleurs, ce samedi au marché de Tidjelabine, les plaques 00-14 ou 00-16 n’étaient pas visibles…