En Europe, les partis de l’extrême-droite partagent tous une même vision sur l’immigration. Mais jusque-là, ces partis n’ont pas eu l’occasion de la mettre en place. Au Pays-Bas, la coalition au pouvoir dirigée par l’extrême-droite a mis en place son projet.
D’ici quatre à cinq semaines, le nouveau gouvernement néerlandais, constitué d’une coalition de quatre formations, dirigées par le Parti pour la Liberté (PVV) de l’extrême-droite, va prendre les commandes de l’Exécutif.
Son programme, à peine dévoilé, suscite déjà des polémiques. Entre autres réformes controversées, le futur gouvernement des Pays-Bas compte durcir toute la politique migratoire du pays, à commencer par la suspension du droit d’asile.
Le nouveau gouvernement des Pays-Bas durcit les règles sur l’immigration
Le parcours politique du leader du PVV, Geert Wilders, en dit long sur la politique du nouveau gouvernement néerlandais. En 2021, il a été reconnu coupable d’« insulte à un groupe social », après avoir insulté publiquement les Marocains des Pays-Bas, rappelle le journal Le Monde ce samedi 18 mai.
Désormais, son projet politique, évoquant notamment « la politique la plus stricte en matière d’asile » jamais adoptée par le pays, est en passe d’être appliqué. Pour faire passer la pilule de son programme, il parle de la « situation d’urgence » que connaîtraient les Pays-Bas.
Dès son installation, ce gouvernement compte réclamer à l’Union européenne une clause d’exemption qui permettrait aux Pays-Bas de se retirer des règles du pacte sur la migration et l’asile, adopté en avril dernier par le Parlement européen.
Les décisions de la coalition du futur gouvernement vont en effet être confrontées en premier lieu aux autres États membres de l’Union qui accueillent le plus de demandeurs d’asile.
Travail, études, regroupement familial : moins d’immigration
Le programme de la coalition aux Pays-Bas prévoit en effet de supprimer une loi appliquée depuis seulement trois mois par le gouvernement sortant. Il s’agit d’une loi de répartition obligatoire des demandeurs d’asile de pays tiers dans toutes les municipalités du pays.
La coalition dirigée par l’extrême-droite prévoit aussi de suspendre, pendant deux ans, l’examen des demandes d’asile. Cela va également susciter un autre conflit avec Bruxelles, d’autant que le droit européen impose de garantir l’accès à une demande de protection internationale.
Dans d’autres réformes, le futur Exécutif compte aussi limiter fortement la migration. L’arrivée de ressortissants non européens dans le cadre de l’immigration du travail sera plus sévèrement contrôlée.
De plus, la libre circulation des travailleurs européens devrait également être « limitée », tout comme le nombre d’étudiants étrangers non-européens. Dans le même sillage, il va aussi durcir les règles du regroupement familial et supprimer l’accès au logement aux demandeurs d’asile reconnus.
Une fois installé, le gouvernement de l’extrême-droite va supprimer le droit de séjour sans limitation dans le temps et revoir les règles du séjour temporaire. Autrement dit, les titres de séjour seront temporaires.
Les juges néerlandais et européens estiment qu’un nombre de ces mesures est impossible à appliquer, mais cela donne clairement une idée sur une éventuelle arrivée des partis de l’extrême-droite aux gouvernements d’autres pays de l’Union européenne.