search-form-close
Bac et blocage d’Internet : n’y a-t-il pas d’autres solutions ?

Bac et blocage d’Internet : n’y a-t-il pas d’autres solutions ?

La connexion internet a été de nouveau perturbée cette année en Algérie à l’occasion de l’examen du baccalauréat dont les épreuves prennent fin ce jeudi 16 juin.

La perturbation qui n’a épargné ni les services de messagerie ni les réseaux sociaux, aura duré cinq jours, soit une semaine ouvrable.

| LIRE AUSSI : Internet perturbé pendant le Bac : « C’est un aveu d’échec »

Ni le gouvernement ni le ministère de la Poste et des Télécoms ni l’autorité de régulation de la poste et des télécommunications n’ont annoncé la coupure ou les perturbations. Algérie Télécom et les opérateurs mobiles gardent le silence.

Une telle mesure n’a plus besoin d’être communiquée tant elle est maintenant entrée dans les habitudes. Cela fait six ans qu’elle est systématiquement décrétée dès le premier jour du bac, au nom de lutte contre la triche et la sauvegarde de la crédibilité de l’examen le plus important du cursus scolaire.

La coupure d’Internet s’accompagne, particulièrement cette année, d’une fermeté inédite à l’égard de ceux qui sont pris la main dans le sac.

Des quatre coins du pays parviennent des échos d’arrestations, de présentations devant les tribunaux et de condamnations de parents et de responsables.

Le cas le plus notable est celui d’El Oued où un député et un chef de brigade de gendarmerie ont été mis derrière les barreaux pour avoir fait fuiter le sujet d’une épreuve de l’examen du BEM (brevet de l’enseignement moyen).

La même fermeté est constatée dans la lutte contre la corruption ou la mauvaise gestion des responsables à tous les niveaux et elle ne peut qu’être saluée. Il est inconcevable que des élèves moins méritants prennent la place au lycée ou à l’université d’autres plus assidus.

Si, dans le fond, cette quête de redonner au Bac et au BEM leur crédit est amplement justifiée, la forme est en revanche très discutable, notamment ce recours systématique au blocage d’Internet.

Une mesure extrême

Il n’échappe à personne que chaque année qui passe, l’Algérie se numérise davantage et les nouvelles technologies deviennent un outil de plus en plus indispensable dans plusieurs domaines, sinon dans tous les secteurs.

Couper Internet durant une semaine, c’est condamner certaines activités à un arrêt total pendant cette période.

L’économie nationale, en pleine bataille de diversification, ne peut pas se permettre d’autres retards et des pertes inutiles. Cela est d’autant plus incompréhensible que la mesure de blocage ne cadre pas avec l’orientation nouvelle du pays, portée sur la numérisation, l’édification d’une économie de la connaissance et le développement des start-up.

Faut-il rappeler qu’un ministère entier est dédié aux start-up et aux entreprises innovantes ? Que peuvent faire de telles entreprises pendant le black-out, sinon mettre leur personnel au congé forcé ?

Une telle mesure extrême ne passe pas parce qu’elle pénalise tout le pays pour empêcher quelques récalcitrants de passer entre les mailles d’un filet déjà bien étanche.

L’arsenal juridique mis en place est très sévère avec des peines allant jusqu’à 10 ans de prison, voire plus pour les tricheurs et ceux qui fuitent les sujets, et les dispositions prises dans les salles et centres d’examen ne sont pas moins drastiques.

Avec tout cela et les efforts de communication faits autour de la question, des déclarations de hauts responsables aux annonces d’arrestations et de condamnations à des peines sévères, il est évident que les tentatives de fraude seront réduites à une ampleur qui ne justifie pas la coupure d’Internet à tout le pays.

Un blocage par ailleurs injustifié car des solutions alternatives doivent bien exister. Les nouvelles technologies qui ont introduit de nouvelles méthodes de triche, offrent aussi des solutions pour y faire face, comme la détection des terminaux miniaturisés, le brouillage du réseau dans une zone déterminée ou d’autres solutions encore que les spécialistes peuvent mettre en place.

Les start-up et entreprises innovantes que l’État a mises au centre de ses préoccupations doivent aussi servir à ça. Les autorités peuvent également agir en laçant la réforme tant promise du Bac et ce en donnant une place aux contrôles continus et en mettant une couche supplémentaire pour accéder aux études supérieures dans les grandes écoles.

Obtenir une bonne moyenne au Bac ne doit pas suffire à lui seul d’accéder à toutes les spécialités, notamment les plus demandées, comme la médecine, l’informatique…

  • Les derniers articles

close