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Contestation sociale : l’urgence d’une relance économique

Contestation sociale : l’urgence d’une relance économique

L’Algérie fait face à une montée en puissance des revendications sociales dans le Fonction publique, ce qui rend urgent la mise en place d’un plan de relance économique.

Les sapeurs-pompiers ont marché ce dimanche 2 mai à Alger, rappelant l’action similaire menée par les policiers en octobre 2014 et qui les avait amenés jusqu’au portail de la présidence de la République.

Bien que le mouvement fût déclenché par la lassitude des agents de l’ordre déployés à Ghardaïa, en proie alors à de graves événements, le gouvernement avait pu le contenir en sortant le chéquier, concédant une prime conséquente aux contestataires, synonyme de l’augmentation de leur revenu.

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Cette fois, les agents de la Protection civile portent des revendications sociales, salariales précisément, mais il n’est pas sûr qu’ils obtiennent une hausse de leurs émoluments, du moins pas avec la même célérité avec laquelle les policiers ont été augmentés il y plus de six ans. La raison est que l’Algérie vit une conjoncture économique différente, voire aux antipodes de celle de 2014.

En sus, le mouvement des pompiers n’est pas isolé. Plusieurs autres corporations et catégories professionnelles grondent depuis quelques semaines et l’essentiel de leurs revendications porte sur le soutien du pouvoir d’achat par l’augmentation des salaires. Le gouvernement n’ignore pas que céder devant une catégorie, c’est ouvrir une brèche qu’il sera très difficile de refermer.

Bien que le président de la République ait ordonné au cours du Conseil des ministres tenu ce dimanche 2 mai, d’ouvrir un dialogue avec les partenaires sociaux des secteurs de la santé et de l’éducation afin d’améliorer les conditions socioprofessionnelles des travailleurs, le Premier ministre Abdelaziz Djerad s’est exprimé mercredi et a fait savoir la vision globale du gouvernement sur la question.

Lors du conseil du gouvernement du 28 avril, Djerad a tenu à souligner « les conditions économiques et financières difficiles que traverse le pays, notamment en raison des conséquences de la crise sanitaire mondiale et de ses répercussions sur la performance de l’économie nationale ».

« Il été observé ces derniers temps une augmentation des protestations syndicales, derrière lesquelles se trouvent parfois des organisations syndicales non agréées, soulevant certaines revendications, dont  les demandeurs sont pertinemment conscients qu’elles ne sont pas réalisables, témoignant ainsi de l’état de négligence que de nombreux secteurs ont connu depuis plus de 15 ans », a ajouté Abdelaziz Djerad.

Le drame des sans-emploi

Du communiqué du conseil du gouvernement émergent quelques mots clés qui résument parfaitement la situation : des revendications sociales « irréalisables » car émises dans une situation économique et sociale « difficile ». Le reste est sans intérêt, c’est-à-dire toutes ces conjectures de manœuvres et de servir des objectifs non déclarés…

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Enseignants, éléments de la Protection civile, personnels de santé et postiers ont déjà eu recours au débrayage ces dernières semaines et le spectre d’un mouvement généralisé plane plus que jamais.

A l’origine de cette conjonction des protestations sectorielles, un pouvoir d’achat en chute libre au moment où les salaires stagnent depuis plusieurs années.

L’enjeu étant l’amélioration du pouvoir d’achat durement impacté par la chute du dinar et la crise économique, les augmentations accordées risquent d’être annihilées par l’inflation, corollaire des augmentations salariales décrétées sans réelle performance de l’économie.

Les fonctionnaires et autres catégories de travailleurs l’ont vérifié plus d’une fois à leurs dépens depuis la révision des statuts particuliers en 2008. Tout en essayant d’atténuer un tant soit peu les difficultés des travailleurs, tous secteurs confondus, le gouvernement est appelé à entamer sans tarder l’immense chantier de la réforme de l’économie, en misant particulièrement sur la relance de l’investissement productif.

La création d’emplois pérennes doit être érigée en priorité nationale car beaucoup d’Algériens sont sans revenu fixe. Tous les mouvements de protestation d’ampleur enregistrés ces dernières semaines concernent des fonctionnaires qui travaillent, donc qui disposent d’un revenu qu’ils jugent seulement insuffisant.

Qu’en est-il de tous ceux qui n’ont pas d’emploi ou qui l’ont perdu dans le sillage de l’emprisonnement de nombreux hommes d’affaires en 2019 puis de la crise sanitaire en 2020 ?

Selon le président de l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), Mouloud Khelloufi, 150.000 emplois ont été perdus et 1.700 entreprises ont fait faillite dans le BTP. Et selon le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, la fermeture des usines de montage de véhicules et de produits électroménagers a provoqué la disparition de 51.000 emplois en 2020.Ce sont peut-être ceux qu’on entend le moins, mais assurément ceux qui souffrent le plus.

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