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Corruption dans le football algérien : la saison de tous les scandales

Corruption dans le football algérien : la saison de tous les scandales

La saison de Ligue de football, clôturée dans la nuit de dimanche à lundi avec la consécration de l’USM Alger, a été celle de tous les scandales liés à la corruption.

L’image est abîmée par une série de déclarations fracassantes de responsables de clubs sur la corruption, sans qu’aucune enquête ne soit diligentée.

Mellal par qui le buzz arrive

Connu par son franc-parler, le président de la JS Kabylie Chérif Mellal n’a pas hésité tout au long de l’exercice à dénoncer des tentatives de corruption, provoquant souvent un tollé dans le milieu footballistique.

La dernière en date a été prononcée à l’issue de dernier match de la saison à domicile face au CABB Arreridj (2-0). Le patron de la JSK a révélé avoir proposé une prime de motivation de l’ordre de 20 millions de centimes à chaque joueur du CSC pour battre l’USMA alors que la direction constantinoise a demandé 2,5 milliards de centimes.

« Je tiens d’abord à féliciter l’USMA pour son titre. J’accuse le CSC de ne pas avoir respecté l’éthique sportive. Je dois dire la vérité devant tout le peuple algérien : la direction constantinoise nous a contactés pour une prime de motivation pour battre l’USMA. Au début, j’étais contre cette idée, mais après réflexion, nous avons accepté leur proposition en réservant 20 millions de centimes pour chaque joueur. Le discours du CSC a changé ensuite et nous ont demandé 2,5 milliards de centimes pour gagner leur match, chose que j’ai refusé et la suite vous la connaissez », a-t-il révélé en conférence de presse.

En mars dernier, Mellal n’avait pas hésité à tirer à boulets rouges sur le premier vice-président de la FAF Rebbouh Haddad et le responsable des désignations des arbitres Mokhtar Amalou, les rendant responsables de la défaite de son équipe à Médéa (1-0).

« J’accuse Rebbouh Haddad et le responsable de désignation des arbitres Amalou d’être derrière notre défaite à Médéa. L’USMA est notre concurrent direct pour le titre. L’arbitre nous a coupé les jambes en offrant à l’adversaire un penalty imaginaire dans le temps additionnel, il savait qu’on ne pouvait pas revenir dans le match. On ne va pas se taire devant cette mascarade ».

Le directeur général de l’USM Alger Abdelhakim Serar n’a pas été épargné par les « offensives » de Mellal : «C’est un grand hypocrite et un magouilleur. Il ne mérite même pas d’être à la tête de ce club, il est le mal du football algérien dans le passé et à l’avenir. Il ne vit que dans les coulisses et dans les magouilles, je vais le dénoncer. Il a peur du retour à la JSK au premier plan avec ces jeunes joueurs. Il est en train de tripler les salaires de ses joueurs, ce n’est pas correct. Il voulait nous casser indirectement ».

En avril dernier, le président de l’USM Annaba Abdelbasset Zaïm avait jeté un pavé dans la mare en reconnaissant avoir déboursé la somme de 7 milliards de centimes durant la saison 2017-2018 pour acheter des matchs et accéder de la division nationale amateur (DNA) à la Ligue 2 de football.

« Les gens n’aiment pas Zaïm par ce que je suis connu par ma franchise. Tout est clair, il ne faut pas cacher les choses. Je reconnais avoir déboursé 7 milliards de centimes pour acheter des matchs qui ont permis à l’USM Annaba d’accéder en Ligue 2. À tous ceux qui ne cessent d’insulter ma mère, je leur dis que Zaïm n’est pas un voleur. Si je n’ai pas mis mon argent, l’équipe serait aujourd’hui en amateur », avait affirmé Zaïm dimanche soir sur le plateau de l’émission « 100% Foot » sur El-Heddaf TV.

Le premier responsable de la JS Saoura Mohamed Zerouati n’est pas en reste, lui qui n’a pas hésité à accuser le président de la FAF Kheireddine Zetchi et son frère Hacène de manipuler les arbitres contre son équipe.

« J’accuse ouvertement Zetchi, qui en dépit de mes sollicitations pour faire face aux erreurs d’arbitrage, il n’a rien encore fait. C’est une personne qui est nourrie par ses intérêts. La FAF est en train de nous mettre en conflit avec les arbitres. Le frère du président de la FAF (Hassan, ndlr) est le responsable N.1 de ce que nous sommes en train d’endurer cette saison de la part des arbitres. Il a une fonction invisible au niveau de la FAF », avait souligné Zerouati, avant de rajouter une couche en mars dernier, révélant notamment l’ingérence du ministère de la Jeunesse et des sports (MJS) dans l’élection de Zetchi à la tête de la FAF le 20 mars 2017, le qualifiant de président « illégitime ».

La presse étrangère en parle

L’écho des scandales liés à la corruption qui ont ébranlé le football national cette saison a fini par dépasser nos frontières.

En octobre 2018, le France Football s’est penché sur la corruption en Algérie, révélant des chiffres accablants.

« Bienvenue au pays de la corruption », titrait FF, dont il s’agissait de la deuxième enquête consacrée à la corruption en Algérie après celle publiée par le média britannique BBC un mois plus tôt qui a duré trois ans.

Dans un encadré paru dans cette enquête intitulée : corruption à la carte, France Football a dévoilé les tarifs utilisés pour les matchs de Ligue 1 et de Ligue 2.

« En Ligue 1 : Victoire à l’extérieur: 58 500 €. Match nul à l’extérieur: 14 500 €. Penalty accordé à l’extérieur: de 7000 à 14 000 € ».

Le 14 mai dernier, le journal français L’Equipe a révélé les paris suspects sur le championnat algérien pris en France. Neuf personnes ont été interpellées par des policiers du Service central des courses et jeux (SCCJ) dans le cadre d’une enquête liée à la rencontre DRB Tadjenanet – ES Sétif (3-2), de la Ligue 1 algérienne de football, comptant pour la saison 2017-2018.

Le constat est fait : le football algérien est miné par la corruption, qui est en train de prendre des proportions alarmantes. Aucune enquête n’a été lancée par la FAF.

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