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Covid-19 en Algérie : deux spécialistes redoutent une nouvelle flambée

Covid-19 en Algérie : deux spécialistes redoutent une nouvelle flambée

L’Algérie a enregistré 341 nouveaux cas de covid-19 et sept décès en 24 heures hier samedi, selon le bilan publié par le ministère de la Santé. Depuis plusieurs jours, le nombre de nouvelles infections quotidiennes est stable autour de 350 cas, mais les échos en provenance des hôpitaux font état d’une reprise de l’épidémie dans le pays. La situation est-elle inquiétante ?

« Nous sommes dans une situation épidémiologique quasiment stable, malgré les ondulations qu’on est en train de constater avec en moyenne 350 ou 380 cas au maximum », explique le Pr Mostefa Khiati, président de la Forem.

« Situation relativement stable, mais fragile »

« On ne peut pas considérer cela comme une nouvelle phase de l’épidémie. On est devant les mêmes variants qui ont montré qu’ils ne sont pas plus contaminants que les autres comme on l’a constaté en Algérie où aucun des variants ‘’classiques’’ (comme Alpha pour le britannique) ne s’est montré d’une grande virulence. Mais ceci démontre que nous sommes dans une situation qui, même relativement stable, reste fragile », développe le Pr Khiati.

| Lire aussi : Chiffres du Covid, variants, frontières : entretien avec le Pr Belhocine

Le président de la Forem recommande trois actions pour éviter une dégradation de la situation épidémique en Algérie.  En premier lieu, il préconise de rendre les tests PCR disponibles à des prix accessibles « afin de permettre aux gens d’y recourir quand ils le veulent ».

Le deuxième élément, selon lui, tient à la vaccination contre le covid qui doit être accélérée.

« Malheureusement, jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas eu une réelle campagne vaccinale contre le covid. Les personnes qui se sont inscrites sur la plateforme numérique et dans les polycliniques n’ont pas été appelées pour se faire vacciner. Cependant on leur dit de se présenter dans les places publiques. Cette démarche a créé un certain inconfort et une forme de discrédit chez les populations à risques qui s’interrogent comment d’un côté on leur demande de s’inscrire sans jamais se donner la peine de les convoquer. Et d’un autre, on appelle tout le monde à se faire vacciner », critique le professeur en pédiatrie, allusion à l’appel lancé le 22 juin par le ministère de la Santé aux Algériens pour se faire vacciner.

Selon lui, la priorité doit être accordée aux personnes à risques (personnes âgées, personnes avec comorbidités) : « Leur nombre est de 7 millions, si on arrive à les vacciner tous on aura réussi un miracle ».

Enfin, le troisième élément concerne le respect des mesures de protection surtout la distanciation, l’aération des espaces, le port du masque et le lavage des mains.

« Se faire vacciner dans les plus brefs délais »

Le chef de service d’oncologie au CPMC du CHU Mustapha, le Pr Kamel Bouzid, note pour sa part « une petite augmentation » du nombre de cas covid en Algérie et appelle à plus de vigilance.

« Hier (vendredi), j’étais à Bejaia, où j’ai effectivement constaté qu’il y avait effectivement une petite augmentation du nombre de cas covid. À Alger c’est également la même chose. La vigilance doit être de rigueur pour éviter une nouvelle vague de l’épidémie », préconise le Pr Bouzid qui exhorte la population à revenir aux gestes barrières, comme le port du masque et le lavage fréquent des mains.

Le Pr Bouzid insiste sur l’aspect lié à la communication.  « Il faut que le message soit réitéré car on est toujours dans une situation inquiétante », recommande le président de la Société algérienne d’oncologie médicale qui met aussi l’accent sur la nécessité de se faire vacciner dans « les plus brefs délais » et « quel que soit le vaccin disponible ».

Quid des réserves par rapport au vaccin AstraZeneca y compris de la part des praticiens de santé, le Pr Kamel Bouzid rappelle que les britanniques se sont fait vacciner dans leur majorité avec ce vaccin, tout en faisant remarquer que les effets indésirables enregistrés étaient prévisibles comme pour tous les vaccins.

« Mais quand c’est un cas pour un million (de vaccinés), le rapport bénéfice/efficacité ne se discute pas. Il faut donc répéter le message régulièrement », estime l’oncologue qui souligne que bien des maladies ont pu être éradiquées grâce à la vaccination, à l’instar de la poliomyélite, la variole, le choléra, etc.

Pour des professionnels de la santé, un autre écueil se pose concernant la vaccination, avec un nombre jugé insuffisant de doses acquises. Ce dont le Pr Bouzid convient en pointant le manque de réactivité dont l’Algérie a fait preuve pour l’acquisition des vaccins contre le covid.

« L’Algérie n’a pas eu la politique d’acquisition qu’il fallait, maintenant c’est devenu un problème mondial de disponibilité des vaccins. Le gouvernement fait ce qu’il peut pour importer le maximum de vaccins possibles, mais on reste soumis aux contraintes de la pandémie mondiale », pointe l’oncologue.

 L’Inde, premier producteur mondial, a suspendu ses exportations de vaccins après une reprise foudroyante de l’épidémie sur son territoire. « Il faut s’orienter vers des pays comme Cuba qui a développé deux vaccins qui seraient efficaces », suggère le Pr Bouzid.

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