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Covid-19 en Algérie : « Tous les 2 à 3 jours, les chiffres doublent »

Covid-19 en Algérie : « Tous les 2 à 3 jours, les chiffres doublent »

Dans cet entretien, le Pr Ryad Mahyaoui, chef de service réanimation au CNMS et membre du Comité scientifique, revient sur la décision de fermeture des écoles à cause de Covid-19 et sur les différentes mesures annoncées par le président de la République hier mercredi. Entretien

Le président de la République a ordonné la fermeture des établissements scolaires pour une durée de dix jours. Pourquoi une telle décision ?

C’est tout à fait normal vu l’angoisse, vu les contaminations dans le milieu scolaire et tout ce que cela entraîne comme angoisse chez les parents, les enseignants et les responsables de l’éducation.

Pour arrêter et couper la circulation du virus, un break de dix jours pourrait éventuellement stabiliser les choses et essayer de protéger les enfants contre cette recrudescence dans le milieu scolaire.

Pourquoi spécifiquement dix jours ? Sur quelle base a été fixé ce nombre de jours ?

Les dix jours sont en rapport avec tout un programme d’enseignement. Il y a de l’avance dans l’enseignement des programmes. Dix jours c’est la durée, à peu près, d’un confinement.

Quand on confine quelqu’un c’est à peu près dix jours, donc quand on ferme les écoles, c’est dix jours aussi. Cela tombe bien, entre deux week-ends, ça ne fera que cinq jours d’absence de l’école. Donc cela ne va pas impacter forcément les programmes scolaires et les examens.

Si le nombre de contaminations continue d’augmenter, cette fermeture des écoles pourrait-elle être prolongée au-delà de dix jours ?

L’école sera fermée pendant dix jours. Le communiqué de l’Éducation nationale est clair. Les gens dans l’éducation continueront à travailler mis à part que les élèves ne viendront plus à l’école pendant dix jours.

Qu’en est-il des autres points abordés au cours de la réunion extraordinaire qui s’est tenue hier ?

Le plus important de cette réunion était l’évaluation de la situation épidémiologique et la recrudescence importante des cas de contaminations, surtout avec l’apparition de l’Omicron.

Que faire pour éventuellement ne pas tomber dans un dépassement du système de santé et faire le point sur l’oxygène, sur les lits, sur les médicaments.

Tout a été fait. Et bien entendu, resserrer les contrôles aux frontières sur les passagers qui viendraient de pays à risque.

Y-a-t-il des pays qui seront particulièrement concernés par ces contrôles ?

Non. Il n’y a pas de pays en particulier. Ce sont les contrôles au niveau des frontières. Il y a beaucoup de vols par semaine et par jour, il faudra resserrer les contrôles aux frontières.

Qu’entendez-vous au juste par « resserrer les contrôles » ?

C’est-à-dire un contrôle strict. Cela existe déjà. Mais nous devons rester vigilants aux frontières pour contrôler les passagers qui entrent en Algérie.

Le nombre de vol sera-t-il revu à la baisse ?

Non. Pour le moment, il n’y a aucune décision. C’est juste une remise à l’ordre pour resserrer les contrôles aux frontières et protéger le pays. Ce qui est tout à fait normal. Il y aura plus de contrôles et plus de rigueur dans les contrôles des passagers qui arrivent de l’étranger.

Au cours de la réunion, le président de la République a appelé au renforcement de la vaccination…

Effectivement, il a appelé à renforcer les campagnes de sensibilisation, encourager et inciter les gens, durant cette période de dix jours d’arrêt de l’école, à se faire vacciner.

Il y aura, peut-être, d’autres campagnes supplémentaires : une quatrième campagne dans le secteur de l’éducation pour essayer de renforcer le taux de vaccination qui reste encore assez bas.

L’Algérie a enregistré mercredi 1359 nouveaux cas de Covid-19. Un record depuis l’été dernier. Le variant Omicron est-il à l’origine de cette flambée ?

Cela peut être possible. Tous les deux à trois jours, les chiffres des contaminations doublent. On l’a vu entre mardi et mercredi, nous sommes passés de plus de 800 à 1359 nouveaux cas. On voit qu’il y a une augmentation assez importante due à l’extraordinaire diffusion et transmission du virus qui circule très vite.

On dit que l’Omicron est moins virulent que les précédentes souches du virus. Cela s’est-t-il confirmé en Algérie ?

Effectivement, il est moins virulent sur les voies respiratoires. Il donne moins de signes, moins de symptomatologie. En cas d’atteinte, cela commence par une atteinte de la sphère ORL puis ça descend vers les poumons mais sans provoquer les dégâts que peut provoquer le variant Delta au niveau des poumons.

Mais ce qui est sûr c’est que les gens contaminés à l’Omicron, ils passent 24 ou 48 heures à l’hôpital, parfois moins, et ils rentrent chez eux. Ceux qui compliquent sont les personnes non vaccinées, et surtout les personnes âgées avec des morbidités et des maladies chroniques.

Au niveau de votre service en particulier (service réanimation au CNMS), avez-vous fait ce constat que les personnes hospitalisées sont pour la plupart non vaccinées ?

Les personnes les plus vulnérables, qui compliquent et qui quelquefois malheureusement décèdent, sont surtout celles qui ne sont pas vaccinées.

Par contre, pour ce qui est des personnes vaccinées et infectées par Omicron, elles sont prises en charge quelquefois à l’hôpital ou à domicile.

Quand elles sont hospitalisées, ça nécessite un traitement de 24 ou 48 heures, puis elles rentrent chez elles. Il faut faire très attention aux personnes non vaccinées qui risquent de compliquer en cas d’infection au Covid-19. Si elles ont des morbidités, elles peuvent décéder malheureusement.

Si Omicron touche la majorité de la population, peut-on espérer atteindre l’immunité collective en Algérie ? Omicron peut-il être considéré comme un potentiel vaccin naturel ?

C’est ce qui se dit. Il y a deux façons de s’immuniser : soit par la maladie soit par le vaccin. Malheureusement, on ne peut pas savoir depuis combien de temps l’immunité induite par la maladie dure. On sait que l’immunité du vaccin a une durée de vie et il faut des rappels. Mais en ce qui concerne l’immunité induite par la maladie, on ne sait pas combien de temps elle peut durer.

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