Chems-Eddine Hafiz, le recteur de la Grande mosquée de Paris (GMP), en a assez d’être, lui et tous les musulmans de France, soupçonnés à chaque fois, quoi qu’ils fassent et quoi qu’ils disent. Il lance un crime d’alarme et livre des confidences glaçantes sur lui et la situation des musulmans en France.
Sur le plateau de RTL, ce jeudi 19 juin, il a parlé de son nouveau livre « Défaire les ombres : Islam, République et l’exigence de vérité ».
L’ouvrage est un cri d’alarme et un appel à l’éveil "contre tout ce qui est aujourd’hui dans le contexte que nous connaissons tous : libération de la parole raciste, actes très graves contre les musulmans« , explique-t-il. »On a l’impression qu’il n’y a aucune émotion au sein de la société", regrette-t-il en citant l’assassinat d’un musulman malien puis d’un autre tunisien.
Le livre n’est pas un réquisitoire, il l’a écrit « pour rappeler à la République que nous sommes également ses enfants ». L’ouvrage du recteur de la Grande mosquée de Paris ne passe pas inaperçu en France. De nombreux médias en parlent.
Le coup de gueule du recteur de la Grande Mosquée de Paris
"Un livre coup de gueule contre les amalgames dont souffrent aujourd’hui les musulmans en France, mais aussi une déclaration d’amour à la République et à la laïcité« , écrit Le Parisien dans un article intitulé : »Il ne fait pas bon être musulman en France".
Sur RTL, Hafiz a expliqué que les musulmans sont systématiquement soupçonnés en France.
« A chaque fois, il y a un soupçon. Quelle que soit notre posture, quelle que soit l’expression que nous allons porter face à un fait quelconque : attention c’est un musulman, donc il faut prendre avec beaucoup de précaution ses propos », dénonce-t-il.
Lui-même n’est pas épargné. « Je suis devenu Frère musulman, islamiste, antisémite. Suivant le rapport (du ministère de l’Intérieur sur les Frères musulmans, ndlr), si je suis intégré, je suis dans la dissimulation, la taqiya. Et si je refuse de vous serrer la main, je suis dans le séparatisme », dit-il.
Le recteur rappelle qu’il a été attaqué « de manière tout à fait injuste » dans tout ce qu’il fait depuis 5 ans.
Pourtant, il était à un moment donné, selon sa propre expression, « le chouchou des salons parisiens ». « Après le 7 octobre, je suis devenu le type le plus dégueulasse de France », déplore-t-il.
« Défaire les ombres » : le livre cri d’alarme du recteur de la mosquée de Paris
Évidemment, « la grande majorité des Français ne sont pas racistes », reconnaît-il, mais c’est devenu malheureusement « un enjeu électoral de parler de l’Islam et des musulmans ». « Les dernières élections présidentielles tournaient autour de quoi ? L’islam « , rappelle-t-il.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau est-il responsable de ce qui arrive ? Chems-Eddine Hafiz refuse de « fixer un doigt accusateur », mais affirme que « les politiques ont une grande responsabilité », certains pour des « considérations électoralistes, pour des petits calculs… »
Il faut arrêter d’instrumentaliser les musulmans et de les infantiliser, dit-il à l’adresse des politiques. Y compris par La France insoumise (LFI) ? "Oui, répond-il, je l’ai écrit juste après la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier. J’ai dit que la voix du musulman lui appartient. Je n’ai pas à demander aux musulmans de voter pour X ou Y. Je l’ai fait une seule fois. Lors des dernières élections présidentielles, au deuxième tour, contre la représentante de l’extrême droite. »
Selon lui, la culture arabo-musulmane se trouve partout, de l’extrême droite, à l’extrême gauche, citant les cas du porte-parole des Républicains qui est de culture arabo-musulmane.
Invité à commenter un sondage qui selon lequel 65% des lycéens musulmans mettent la charia au-dessus des lois de la République, Hafiz a répondu sèchement : « Je n’y crois pas ».
"Ces jeunes on les renvoie à ce qu’ils sont, à leur origine, ils ne sont jamais français, quoi qu’ils fassent (…) Un gamin de 12-13 ans, il fera tous les efforts pour être français, il ne l’est pas parce qu’il est de culture musulmane. Comment voulez-vous voulez que ces jeunes réagissent ? Aujourd’hui, on essaye de les mettre en marge de la société », a dénoncé le recteur de la Grande mosquée de Paris.