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Graves accusations et fausses informations : le Maroc lance une offensive sans précédent contre l’Algérie

Graves accusations et fausses informations : le Maroc lance une offensive sans précédent contre l’Algérie

Deux semaines après l’annonce de la rupture des relations diplomatiques avec l’Iran, la diplomatie marocaine est revenue à la charge ce samedi avec une interview explosive que le ministère des Affaires étrangères Nasser Bourita a accordée au magazine Jeune Afrique.

Le chef de la diplomatie marocaine a durant l’interview émis de graves accusations à l’égard de l’Algérie, accusant le pays d’avoir apporté « couverture, soutien et appui opérationnel » dans l’implication du Hezbollah à la question du Sahara occidental.

Aucune preuve matérielle

Nasser Bourita a dans le même cadre renouvelé les accusations à l’encontre du Hezbollah allié de l’Iran, affirmant que le Maroc a transmis à l’Iran un dossier « minutieusement préparé, pendant des semaines, sur la base d’informations collectées et recoupées sur plusieurs mois ». Selon le ministre marocain, ce dossier « récapitule des faits avérés et précis : dates de visites et hauts cadres du Hezbollah en Algérie, dates et lieux de réunions qu’ils ont tenues avec des responsables du Polisario, listes des agents engagés dans ces contacts ».

Le ministre des Affaires étrangères du Maroc ne fournit toutefois aucune preuve matérielle corroborant ses affirmations, se retranchant derrière la très pratique justification qu’il ne peut pas « étaler ces renseignements publiquement, au risque de compromettre nos sources ». En réalité, il est peu probable que le Maroc publie un jour des preuves de ses affirmations. D’ailleurs, aucun grand pays ne semble les prendre au sérieux.

« Le 1er mai, Rabat a rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran, accusé d’avoir livré des armes au Front Polisario par l’intermédiaire du Hezbollah libanais. L’affaire est d’autant plus étonnante que le Front Polisario n’a pas besoin d’être armé pour engager des hostilités militaires contre le Maroc », explique la chercheuse Khadija Mohsen-Finan sur Orient XXI.

Nasser Bourita émet également une grave accusation à l’égard des services algériens. « Certaines réunions entre le Polisario et le Hezbollah se sont tenues dans une « planque » algéroise bien connue des services algériens, concédée en location à une certaine « D.B. », Algérienne mariée à un cadre du Hezbollah, et convertie en agent de liaison du Hezbollah, notamment avec le Polisario », a affirmé le ministre.

Là encore, le chef de la diplomatie n’apporte aucune preuve tangible, se refusant même étonnement à dévoiler le nom de l’agent de liaison impliquée dans la présumée sordide affaire et préférant évoquer ses initiales. Le Maroc disposerait-il d’informations incomplètes ? Ou est-il soudainement soucieux de protéger la vie privée d’un agent de liaison au service du Hezbollah et du Polisario ?

Propagande marocaine

En parallèle, le média marocain Le360, réputé proche du palais, a publié le jeudi 10 mai un article affirmant que le gouvernement américain s’apprête à inscrire le Front Polisario dans sa liste des organisations terroristes. « Washington considérant depuis longtemps le Hezbollah libanais comme une organisation terroriste, le Polisario, dont l’alliance avec le mouvement chiite a été clairement établie, est donc à inscrire sur la liste de ces mêmes organisations terroristes », affirme l’article titré :  « Le Polisario intègre la liste des organisations terroristes ».

L’information n’a pour l’heure été corroborée par aucun média crédible, et relève selon toute vraisemblance de la désinformation opérée par le Maroc dans le but de discréditer le Polisario et de donner l’impression de victoire à son actuelle campagne à bout de souffle visant à lier le Hezbollah au Polisario.

À l’heure actuelle, seuls les pays du Golfe rivaux de l’Iran, l’Arabie saoudite en tête, ont soutenu la démarche du Maroc. Aucun pays occidental n’a pour l’heure même daigné s’exprimer sur les accusations portées par le Maroc, considérées à l’évidence comme pas crédibles.

« L’autre atout de cette crise contre l’Iran est de montrer à l’Union européenne (UE) que le Maroc est loin d’être isolé. Il bénéficie de l’appui des pays du Golfe et des États-Unis qui pourraient, en plus de leur protection et de leur solidarité affichée, devenir des partenaires économiques peu soucieux de l’origine des poissons qu’ils consomment et du phosphate qu’ils utilisent pour fertiliser leurs terres », estime quant à elle la politologue Khadija Mohsen-Finan.

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