En attaquant l’Iran dans la nuit du 13 au 14 juin, Israël a déclenché une nouvelle guerre au Moyen-Orient qui pourrait être différente des précédentes. Le conflit propulse davantage la région dans l’inconnu.
Il est curieux que l’attaque israélienne, officiellement destinée à empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, soit déclenchée la veille de l’entame d’un nouveau round des négociations entre Téhéran et Washington sur, précisément, le nucléaire iranien. De retour à la Maison Blanche au début de l’année, Donald Trump a voulu un autre accord après qu’il a lui-même dénoncé en 2018 le précédent texte signé trois ans plus tôt.
Le président américain assure que son pays n’y est pour rien dans l’attaque israélienne contre l’Iran. Il s’écrit aussi qu’il n’a pas donné son aval pour son déclenchement, avant de changer de position à 360° mardi en menaçant l’Iran d’une intervention militaire américaine directe. Ce qui laisse les observatoires pantois.
Le gouvernement extrémiste de Benyamin Netanyahou a-t-il passé outre l’avis de son principal allié et protecteur, jusqu’à lui infliger l’affront de saboter son initiative annoncée en grande pompe, celle de conclure un nouvel accord nucléaire avec Téhéran ? Ou alors les négociations annoncées étaient un leurre destiné à camoufler l’attaque qui se préparait, ce qui est fort probable.
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump a recours à la diplomatie du mensonge pour apporter le soutien à Israël qui représente une « menace pour le monde », selon la députée française Clémentine Autin.
« Israël est une menace pour le monde. Nous sommes entrés dans une troisième guerre mondiale larvée » alerte @Clem_Autain pic.twitter.com/mY2uCeFVeO
— Sud Radio (@SudRadio) June 16, 2025
Depuis son retour à la Maison Blanche, il déroute les observateurs quant à ses intentions réelles, sur le conflit ukrainien, la guerre contre Gaza où Israël est accusé de génocide, la guerre commerciale avec la Chine et bien d’autres dossiers.
Après s’être impliqué dans la négociation de la trêve avec le Hamas juste après son retour à la Maison Blanche, il a vite déchanté. D’abord, en dévoilant son projet de vider l’enclave palestinienne de sa population, puis en appuyant la reprise de la guerre par son allié Benyamin Netanyahu, après la libération de quelques otages.
Sur le dossier Ukraine, sa promesse électorale de mettre fin à la guerre en « 24 heures » n’a évidemment pas été tenue.
Attaque contre l’Iran : jusqu’où ira Israël dans son aveuglement
Par le passé, il est arrivé à la diplomatie américaine d’user d’un gros mensonge pour « endormir » une cible. Dans les semaines qui avaient précédé l’invasion du Koweït par l’Irak en 1990, l’ambassadrice américaine à Bagdad, April Glaspie, avait fait croire à Saddam Hussein que Washington resterait neutre dans un éventuel conflit entre les deux voisins arabes. La suite est connue.
Trump est revenu au pouvoir avec sa diplomatie mensongère au moment où, à Tel-Aviv, sévit le gouvernement le plus extrémiste de l’histoire d’Israël. L’Iran est le cinquième pays attaqué par l’armée israélienne sur ordre de Benyamin Netanyahou en une année et demie, après Gaza, le Liban, le Yémen et la Syrie.
A Gaza, les Israéliens ont commis un véritable génocide, plus de 55 000 morts et plus de 128.000 blessés, doublé d’un drame humanitaire jamais vu depuis la Seconde guerre mondiale. Le monde n’a jamais compris l’acharnement de Netanyahou à poursuivre la guerre contre la population civile de Gaza et d’ouvrir plusieurs fronts.
Dans l’enclave palestinienne, et dans tous les autres pays ciblés ces derniers mois, Benyamin Netanyahou a foncé sans objectifs politiques clairs. Du moins, il ne les a jamais explicités et les observateurs ne sont pas parvenus à les cerner. L’aveuglement se répète avec l’Iran avec, cette fois, le risque d’un embrasement général de la région, voire au-delà.
Ancien ambassadeur de France en Israël et aux États-Unis, Gérard Araud avoue son désarçonnement. « Il est étrange que personne ne soit capable de décrire l’objectif stratégique d’Israël. Des succès tactiques ne valent que s’ils débouchent sur un nouvel équilibre régional », a-t-il écrit sur X.
« Pour l’heure, Israël bombarde Gaza, le Liban, la Syrie, l’Iran, mais où va-t-il ? », s’interroge le diplomate français et avec lui le monde entier. Que cherchent Netanyahou et Israël, que préparent-ils pour le Moyen-Orient, pour quels objectifs et pour le compte de quelle partie ?