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Israël à l’UA : la question renvoyée aux calendes grecques

Israël à l’UA : la question renvoyée aux calendes grecques

Beaucoup de choses ont été dites sur l’exclusion de la délégation israélienne au sommet des chefs d’État de l’Union africaine qui se tient depuis samedi 18 février, dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba.

Il se trouve que la question de l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’UA n’est même pas inscrite à l’ordre du jour du sommet, apprend-on de sources proches du dossier.

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Samedi, une délégation conduite par la directrice adjointe Afrique au ministère israélien des Affaires étrangères, a pris place dans la salle abritant le sommet. Quelques minutes avant la cérémonie d’ouverture, des agents de sécurité se sont présentés et l’ont priée de quitter les lieux.

Le gouvernement israélien a accusé l’Algérie, l’Afrique du Sud et même l’Iran d’avoir exercé une pression pour obtenir l’expulsion de la délégation israélienne, sans toutefois fournir de preuves pour étayer ses accusations.

Le statut de membre observateur a été octroyé à Israël en juillet 2021 par le Tchadien Moussa Faki, président de la Commission africaine, à l’insu des Etats membres et des autres instances de l’organisation.

Devant les protestations de plusieurs pays, dont l’Algérie, la question a été soumise au sommet des chefs d’Etat de l’UA de février 2022. Afin d’éviter la division au sein de l’UA, le sommet a décidé de mettre en place un comité composé de sept chefs d’Etat, dont le président algérien Abdelmadjid Tebboune, avec la mission d’émettre des « recommandations ».

Le comité ne s’est pas réuni depuis sa création et la question n’a pas été inscrite à l’ordre du jour de ce sommet de 2023.

Israël ne sera probablement jamais admis au sein de l’UA

« La question de l’octroi à Israël d’un statut d’observateur au sein de l’UA n’est même pas à l’ordre du jour de ce sommet », confirme une source proche du dossier.

« En décidant il y a une année de la confier à un comité de sept chefs d’Etat, c’était une façon de renvoyer cette question aux calendes grecques », ajoute-elle. Les Israéliens l’ont sans doute compris, d’où leur forcing à l’occasion de ce 36e sommet de l’UA.

Le président de la Commission africaine Moussa Faki s’est exprimé dimanche sur cette question qui divise l’Afrique, en donnant des « précisions ».

« En ce qui concerne Israël, ce n’est pas une question inconnue. L’année dernière, nous avons débattu de la question du statut d’Israël à l’Union africaine. Suite à ces différentes discussions, la conférence a décidé de mettre en place un comité ad hoc des chefs d’Etat sur la question. Cela veut dire que le statut est suspendu jusqu’à ce que ce comité puisse délibérer », a expliqué M. Faki.

Le président de la Commission africaine a indiqué qu’aucune invitation n’a été adressée à des officiels israéliens pour assister au sommet de l’UA. « Nous n’avons pas invité des officiels israéliens à notre sommet. Nous avons constaté qu’il y a une personnalité qui est rentrée dans la salle avec un badge. Et naturellement, nous lui avons demandé de quitter les lieux. Nous sommes en train de faire des investigations. D’ailleurs, c’est une personnalité qui ne réside pas ici, elle est venue d’Israël. Nous n’avons invité aucun officiel (israélien). Nous menons les investigations pour situer les responsabilités », a-t-il ajouté.

Israël a l’UA : Moussa Faki s’explique


Avant lui, le porte-parole de la Commission africaine, Ebba Kalondo, a expliqué qu’Israël n’a pas été invité ni autorisé à envoyer une délégation. Il a lui aussi confirmé que la question n’était pas à l’ordre du jour du sommet, précisant qu’elle était « en cours d’examen par un comité de chefs d’État ». Kalondo répondait à des rumeurs faisant état de la disposition de 46 États africains sur 55 à soutenir l’octroi du statut de membre observateur à Israël.

En agissant ainsi, Israël a voulu « saper » le sommet, a réagi pour sa part le Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir en Afrique du Sud.

En proposant il y a une année de confier la question à un comité de chefs d’Etat, l’Algérie voulait éviter l’implosion de l’organisation panafricaine, certains Etats membres étant favorables à l’admission d’Israël.

En octobre 2021, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avait fait état de « profondes divisions » et mis en garde contre une « cassure irrattrapable » au sein de l’UA à cause de la décision « irresponsable » de Moussa Faki.

L’idée algérienne était très subtile et d’une grande sagesse. Non seulement la cassure a été évitée mais aussi l’admission d’Israël a été renvoyée, peut-être indéfiniment, aux calendes grecques.

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