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La « Banque postale », une banque à vocation populaire qui se fait désirer

La « Banque postale », une banque à vocation populaire qui se fait désirer

Les millions de titulaires de CCP pourront-ils bientôt s’adresser à leur agence pour solliciter un crédit à la consommation, un conseil pour des placements de leur épargne plus avantageux que ceux pratiqués actuellement, voire même une assurance ? La ministre de la Poste, des Télécommunications, des Technologies et du Numérique a choisi la veille de l’Aid pour annoncer que les premières agences bancaires d’Algérie Poste seront déployées en 2019.

Imane Houda Faraoun a expliqué que le projet d’une banque postale qui « était une idée il y a quelques années commence à se concrétiser à présent. Algérie Poste a dépassé ses problèmes budgétaires et réalise depuis deux ans des résultats positifs qui lui permettent de financer ses programmes d’investissement et de développement ».

En réalité, le projet était un peu plus qu’une simple idée depuis de nombreuses années. En juin 2004, déjà le ministère de la Poste et des TIC avait commandé une « étude stratégique sur le développement des services financiers de la Poste » au bureau d’études international Ernst et Young. Elle examinait pour le développement de la « Banque Postale » trois scénarios : la création d’une filiale à 100% d’Algérie Poste, le lancement d’une filiale commune avec la CNEP-banque ainsi que le maintien du schéma transactionnel actuel moyennant une amélioration sensible de la qualité des services. Les clientèles « captives » et nombreuses des fonctionnaires, des retraités voire des étudiants étaient susceptibles d’être les cibles privilégiées de cette banque à vocation « populaire ».

Effets d’annonce

Depuis cette date, les effets d’annonce ont été nombreux. La Banque postale a d’abord été annoncée pour 2009, puis 2012 et 2015. On parle maintenant de 2019. Une date qui devrait cette fois être la bonne. Selon nos sources, la concrétisation du projet avait d’abord besoin d’une mise à jour du cadre juridique.

Pour la loi algérienne, la Poste n’était, jusqu’à une date récente, pas un établissement financier (au sens de la Loi sur Monnaie et le Crédit) et ceci malgré près d’une dizaine de millions de comptes CCP auxquels s’ajoutent les ressources collectées pour le compte de la CNEP. Sans parler des 6 millions de porteurs de cartes magnétiques estampillées Algérie Poste qui font de l’opérateur public un des principaux acteurs du développement de la monétique algérienne.

La fin d’un verrou politique

La concrétisation du projet déjà ancien de Banque postale butait donc jusqu’à une date toute récente essentiellement sur une absence de volonté politique. Le projet de loi sur la Poste et les TIC qui autorise expressément sa création vient tout juste d’être publié au Journal officiel.

Selon l’article 29 de cette loi toute fraîche, l’opérateur public Algérie Poste peut désormais diversifier sa gamme de prestations financières à travers la création d’un service d’épargne : « Algérie Poste est autorisé à créer un service d’épargne et à élargir la gamme des prestations financières offertes à sa clientèle sur une base commerciale conformément aux dispositions de la loi relative à la monnaie et au crédit ».

Une « banque populaire »

En dépit des réticences et du peu d’empressement manifestés par les pouvoirs publics, le concept de « Banque postale » , mis en œuvre dans beaucoup de pays comparables à l’Algérie (depuis plus de 10 ans par exemple au Maroc), ne manque pourtant pas d’attraits .

Il s’agit essentiellement d’exploiter le vaste réseau des agences postales existantes qui assure une maillage serré du territoire national pour faire franchir à la bancarisation de la population algérienne , et spécialement à l’inclusion financière des algériens à revenus modestes, un palier important.

Les performances du système financier national en matière d’« inclusion financière » de la population algérienne pourraient à terme enregistrer des progrès sensibles à la suite de cette décision. En Algérie, le nombre de guichets de banque est en croissance très lente au cours des dernières années et ne dépasse pas 1500 agences au niveau national soulignant le retard persistant accusé par notre pays dans ce domaine. Le niveau des performances nationales serait susceptible d’être rehaussé considérablement par l’inclusion même progressive et partielle des 3000 guichets de bureau de Poste qui permettraient à notre pays d’afficher rapidement des résultats plus honorables en matière de bancarisation de sa population.

Houda Faraoun, très prudente

Selon nos sources, les délais imposés à sa mise en œuvre ont provoqué une certaine frustration au sein des équipes qui planchent depuis de nombreuses années sur ce projet. Elles soulignent que de nombreux « chantiers préalables » à la création de cette institution ont déjà été lancés. Ils portent sur le modèle économique de la future banque mais aussi sur la mise à niveau des systèmes d’information, la modernisation du réseau et l’adaptation des locaux aux nouvelles fonctions bancaires ainsi que la reconversion des personnels vers les métiers du crédit.

Pour l’instant; la ministre, qui n’a pas la réputation d’être très favorable à ce projet, continue de se montrer très prudente en liant explicitement le rythme de sa mise en œuvre aux capacités financières de l’établissement : « Une étude financière, économique et d’opportunité est en cours d’élaboration et une opération de mise à niveau des bureaux de Postes a permis de mettre ces structures aux normes bancaires. Une fois l’étude économique finalisée, nous commencerons le déploiement de ce nouveau service, et ce n’est qu’en 2019 que nous commencerons à parler des premières agences bancaires », a indiqué Mme Faraoun , précisant qu’avant cette échéance « il y aura peut-être quelques services qui s’apparentent aux services bancaires qui commenceront à se déployer au niveau d’Algérie Poste ».

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