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La transition n’est plus un sujet tabou…

La transition n’est plus un sujet tabou…

Lorsque le secrétaire général du FLN lançait son appel au président Bouteflika pour « poursuivre son œuvre », début avril dernier, d’aucuns avaient conclu que la messe était dite concernant l’élection charnière de l’année prochaine, synonyme d’un été politique morne, comme les précédents.

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Mais la saison estivale n’avait pas commencé qu’un gros scandale éclate, prenant les allures d’un long feuilleton politico-financier. C’était le 29 mai, lorsqu’une cargaison invraisemblable de cocaïne a été saisie au large d’Oran, déclenchant une campagne sans précédent de limogeages au sein des principaux services de sécurité et d’arrestations dans les rangs des magistrats et autres responsables.

Passées les rumeurs, interprétations et implications politiques véhiculées par la presse et sur les réseaux sociaux, la classe politique prend le relais. Initiatives de sortie de crise par ci, échange d’amabilités par là, la scène politique s’emballe et les lectures fusent, portant principalement sur le schéma qui sera retenu pour la présidentielle de 2019. Un autre schéma autre que celui auquel on pouvait logiquement s’attendre est évoqué. Avec de plus en plus d’insistance. À cause d’abord du silence du premier concerné, le président Bouteflika, qui n’a toujours pas fait part de ses intentions quant à continuer ou passer le relais, et surtout des sorties de certains acteurs politiques des deux bords, de l’opposition et des principaux soutiens du président.

Paradoxalement, c’est le plus acharné des adeptes du cinquième mandat, Djamel Ould Abbes, qui, le premier, ébranle la certitude avec une phrase énigmatique. « Je n’ai pas appelé à un cinquième mandat, mais à la continuité ». Si certains ont trouvé la formule totalement dénuée de sens, d’autres, en revanche, y voient plus qu’un fourvoiement du patron du FLN. Un appel à choisir un successeur parmi l’entourage proche du chef de l’État ou à une sorte de transition qui induirait l’allongement du mandat actuel d’un ou deux ans ? Un pas que certains observateurs n’ont pas hésité à franchir, même si Ould Abbes ne rate aucune occasion pour réaffirmer la sacralité pour le parti du calendrier électoral et son rejet de toute idée de transition.

Même constante chez l’autre soutien du président, Amara Benyounès. « La position du MPA est extrêmement claire. Le MPA est opposé à toute idée de transition et rejette toute idée de crise. Pour nous, le préalable non négociable et non discutable, c’est le respect des institutions et des échéances électorales du pays », tranchait-il la semaine passée dans une déclaration à TSA. Voilà qui est clair. Ce qui ne l’est pas en revanche, c’est lorsque dans la même déclaration, le chef du MPA adopte une inhabituelle posture de neutralité, semblant renvoyer dos à dos adeptes et opposants au cinquième mandat, selon du moins l’interprétation qui est faite de ses propos.

« Personne ne doit forcer la main et ne doit obliger le président à se représenter pour un autre mandat, comme personne n’a le droit d’empêcher ou d’interdire au président de la République de se porter candidat, en dehors du Conseil constitutionnel ».

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Pour remettre les choses dans leur contexte, rappelons que la sortie de l’ancien ministre du Commerce intervenait au lendemain de sa rencontre avec le président du MSP qui lui avait présenté son initiative de « sortie de crise », incluant un appel inattendu à l’armée pour accompagner une transition politique et économique. Une initiative pour laquelle on ne sait quel crédit accorder à ce stade, mais qui a au moins le mérite de tirer le microcosme politique algérois de sa torpeur. Abderrazak Makri a déjà explicité sa démarche à plusieurs responsables de formations politiques. D’abord à Ali Benflis qui n’a pas encore fait savoir sa position sur la question, à Amara Benyounès qui a rejeté toute idée de crise ou de transition et, ce lundi 23 juillet, à la direction du FFS qui, en réponse, a subitement déterré son vieux projet de construction d’un consensus national.

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Le chef du MSP sera ce mardi chez son homologue du FLN. Djamel Ould Abbes dira le fond de sa pensée à son vis-à-vis puis devant la presse juste après la rencontre. Sans préjuger de sa réponse, il n’échappe à personne que le seul fait qu’il accepte de discuter avec le porteur d’un projet de transition révèle au moins que la question ne constitue plus un sujet tabou même chez les plus fidèles soutiens du président. En attendant bien sûr l’avis qui compte le plus, celui de la partie destinataire de l’appel de M. Makri…

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