L’Algérie a lancé via l’Office national des aliments de bétail (ONAB) a lancé un appel d’offres international pour 240 000 tonnes de maïs. La date limite de soumission des offres de prix est fixée au jeudi 19 juin.
Ce nouvel appel d’offres est analysé par les opérateurs du secteur comme « le signe qu’aucun achat n’a été réalisé lors de la précédente procédure » indique Zonebourse. Celle-ci visait l’achat de 240 000 tonnes de maïs et a été clôturée mardi.
L’ONAB a lancé de nombreux appels d’offres pour le maïs, « quasiment chaque semaine en mai et juin », mais la participation des maisons de négoce est « restée limitée », selon la même source.
Habileté des traders algériens
La solvabilité de l’ONAB n’est pas en cause. Selon les négociants européens, cela serait lié à « des retards dans le déchargement des navires dans les ports algériens, lesquels auraient entraîné d’importants surcoûts financiers pour les vendeurs. »
Par ailleurs, selon certains professionnels, cette répétition d’appels d’offres est vue comme une habileté des traders algériens. Elle servirait « davantage à vérifier les niveaux de prix du marché qu’à répondre à une réelle demande d’importation » selon la même source.
L’appel d’offres de ce 19 juin concerne six lots de 30 000 à 40 000 tonnes chacun, pour des expéditions prévues entre le 15 et le 31 juillet.
Ce nouvel appel d’offres est rédigé de telle façon à permettre des achats en maïs « provenant d’origines mondiales au choix » alors qu’auparavant « plusieurs appels d’offres précédents, limités à des origines argentine ou brésilienne, s’étaient soldés par peu ou pas d’achats significatifs, affirment les opérateurs. »
Les opérateurs européens et notamment ukrainiens et russes pourraient donc être concernés par cet appel.
Algérie : hausse de la demande sur le maïs grain
Ces dernières années, la demande algérienne de maïs atteint en moyenne 4 millions de tonnes essentiellement couverte par les importations. A la demande des élevages de volailles est progressivement venue se greffer celle pour l’aliment concentré destiné aux ovins et bovins alors que ces ruminants peuvent consommer d’autres types de grains.
La production essentiellement concentrée au sud progresse mais elle est loin de couvrir les besoins de l’Algérie. En 2024, selon l’agence APS la wilaya d’Adrar a produit près de 222 000 quintaux de maïs grain.
Au sud, le cycle de cette culture se déroule au moment où les températures sont les plus élevées, ce qui entraîne une forte consommation en eau qui se traduit par des factures d’électricité élevées auxquelles s’ajoutent les frais de séchage avant stockage dans les entrepôts de l’ONAB.
Par ailleurs, le maïs grain doit faire face à la concurrence du maïs ensilage. Ce dernier vendu sur le marché libre est non seulement plus rémunérateur mais il consomme moins d’eau. Enfin, il libère assez tôt le sol ce qui permet d’installer une culture de blé. Nombreux sont les investisseurs qui pratiquent une rotation annuelle blé puis maïs ensilage.
C’est le cas à Ménea où les investisseurs ont fortement investi dans du matériel spécialisé tel ensileuse et enrubanneuse à poste fixe. Par ailleurs, ils approvisionnent les élevages laitiers régionaux dont ceux de Ghardaïa qui est devenue un pôle laitier avec la particularité d’être en totale autonomie fourragère, une première en Algérie.
Lors d’un conseil des ministres tenu le 23 juin 2024, le Président de la République a « ordonné la production de grains de maïs et interdit sa récolte avant maturité complète ».
Dans le cas de la production de lait, des industriels telle la Laiterie Soummam développent la production de fourrages. Une forme de contractualisation qui n’existe pas dans le cas des fabricants privés d’aliments pour le bétail utilisant abondamment du maïs importé.
Des alternatives au maïs grain
Contrairement aux ruminants, les volailles ont un appareil digestif fragile. Aussi, jusqu’à ces dernières années le maïs grain importé leur était exclusivement réservé. Actuellement, son utilisation pour l’engraissement des moutons et veaux réduit la disponibilité pour la production de viande blanche, une viande plus accessible aux ménages à bas revenu.
Afin de proposer des alternatives partielles au maïs importé, l’Institut Technique de l’Elevage a testé avec succès l’incorporation de 20% d’orge dans les rations destinées aux volailles. Selon des spécialistes il est possible d’augmenter cette proportion par l’ajout d’enzymes spécifiques.
L’orge est plus facile à produire que le maïs dans la mesure où elle ne nécessite pas d’irrigation.
La question est d’autant plus importante que le prix du quintal de maïs est passé en quelques années de 3.000 à 5.500 DA à l’été 2024. Or, le poste alimentation représente près de 70% des dépenses des aviculteurs.
Une mesure ministérielle devrait permettre de relancer la filière avicole. Fin décembre 2024, le ministère de l’Agriculture a promulgué un décret permettant aux éleveurs informels de régulariser leur situation. Selon Ali Benchaïba qui s’exprimait dans la presse en janvier 2025, dorénavant les éleveurs non déclarés peuvent officialiser leur activité au niveau des mairies.
« Après vérification, ils reçoivent un procès-verbal de constatation et une attestation d’éleveur », a indiqué le président de la Fédération nationale des aviculteurs. Ce qui leur permet « d’obtenir la carte d’agriculteur et de bénéficier des avantages socio-professionnels de la filière », a dit Ali Benchaïba.
La régularisation de l’élevage avicole informel devrait permettre un meilleur suivi technique des éleveurs. Actuellement selon le professeur Aloui Nadir, il s’agit d’améliorer la « bio-sécurité » des élevages par de meilleures conditions d’hygiène. De nombreux élevages sur terre battue sont infestés de parasites qui diminuent l’efficacité du maïs consommé.
Les défis auxquels est confrontée la filière avicole montrent tout l’intérêt des substituts à la viande blanche. À l’étranger la consommation de Nuggets à base de protéines de pois progresse, c’est le cas de l’espagnol Heura qui depuis 2022 a lancé la vente de ses Nuggets végétaux sur le marché français.