search-form-close
L’Algérie et l’Espagne tournent la page de la crise

L’Algérie et l’Espagne tournent la page de la crise

Par Leo Altman / AdobeStock

Le retour à la normale entre l’Algérie et l’Espagne est acté par une rencontre des chefs de gouvernement des deux pays. Nadir Larbaoui a été reçu ce mardi 1er juillet par Pedro Sanchez à Madrid. C’est la première fois qu’une rencontre à un tel niveau a lieu depuis le déclenchement de la crise entre les deux pays en mars 2022.

Nadir Larbaoui, Premier ministre algérien, et Perdo Sanchez, président du gouvernement espagnol, se sont rencontrés en marge de la quatrième Conférence des Nations-Unies sur le financement du développement qui se tient en Espagne.

Selon un communiqué des services du Premier ministre, Pedro Sanchez a transmis à travers son homologue algérien ses salutations au président de la République Abdelmadjid Tebboune et lui a exprimé sa gratitude pour avoir accepté l’invitation de participer à la conférence avec un haut niveau de représentation.

Sanchez a fait part de sa « détermination à travailler ensemble pour renforcer les relations bilatérales dans divers domaines, notamment dans le contexte des circonstances internationales actuelles », ajoute la même source.

Dimanche, le roi d’Espagne Felipe VI a reçu l’ensemble des chefs de délégations participant à la conférence, dont M. Larbaoui, qu’il a chargé de transmettre ses salutations et ses sentiments de considération au président Tebboune.

Alger et Madrid ont traversé une crise politique qui a duré plus de deux ans et qui a déteint sur les échanges économiques entre ces deux importants partenaires. Tout a commencé en mars 2022 lorsque le gouvernement de Pedro Sanchez a rompu sans préavis avec la neutralité historique de l’Espagne dans le dossier du Sahara occidental. Dans un message au roi Mohamed VI, Sanchez a apporté l’appui officiel de Madrid au plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007.

Alger a réagi d’abord par le rappel de son ambassadeur à Madrid puis par la suspension, en juin de la même année, du traité d’amitié et de bon voisinage signé entre les deux pays en 2022. La décision est suivie du blocage quasi total des échanges commerciaux hors hydrocarbures. Avant la crise, l’Algérie importait d’Espagne chaque année pour près de 3 milliards de dollars de marchandise.

Algérie-Espagne : retour progressif et sans bruit à la normale

La crise n’a pas touché les livraisons de gaz, dont l’Algérie est un important fournisseur de l’Espagne via le gazoduc Medgaz. L’Algérie est restée sans ambassadeur à Madrid pendant 20 mois. La nomination de Abdelfatah Deghmoum, en novembre 2023, était perçue par les observateurs comme un début de dégel de la relation bilatérale. Le retour à la normale a été en effet amorcé mais il s’est fait très lentement, de manière progressive.

L’Association des banques et établissements financiers (Abef), qui avait institué le gel du commerce en juin 2022, l’a levé par une autre note en novembre 2023. Les échanges ont repris progressivement en janvier 2024, d’abord par l’importation d’Espagne d’intrants pour la filière avicole, du bœuf puis d’autres produits. L’Espagne est redevenue un important fournisseur de l’Algérie en viande bovine. Lorsque l’Algérie a décidé, en mars dernier, d’importer 1 million de têtes de moutons en prévision de l’Aid-el-Adha 2025, c’est vers l’Espagne, ainsi que la Roumanie, qu’elle s’est tournée. En 2024, les échanges ont bondi de 142% par rapport à 2023, selon le chef de la diplomatie José Manuel Albares.

Sur le plan politique, les deux pays sont aussi allés par étapes dans le processus de retour à la normale de leur relation. Il a fallu attendre février 2025 pour assister à la première visite de niveau ministériel depuis le début de la crise. Le ministre de l’Intérieur algérien Brahim Merad s’est rendu à Madrid en visite officielle pour discuter avec son homologue espagnol Fernando Grande-Marlaska des questions liées à l’immigration. La visite avait aussi une haute portée diplomatique.

Contrairement à la crise en cours avec la France, celle avec l’Espagne n’a pas été marquée par des dérapages verbaux. Au contraire, les responsables des deux pays ont veillé à ne pas envenimer la relation. En février dernier, le président Tebboune, dans un message de félicitations à l’écrivain Yasmina Khadra pour un prix qui lui a été décerné à Valence, a qualifié l’Espagne de « pays ami ». Avec la rencontre des chefs de gouvernement des deux pays, Alger et Madrid ont acté un retour à la normale entamé, sans bruit et sans brûler les étapes, il y a plusieurs mois.  Il ne reste désormais que la levée du gel sur le traité d’amitié entre les deux pays.

  • Les derniers articles

close