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« Le variant Delta ne fait pas de différence entre un nourrisson et un adulte »

« Le variant Delta ne fait pas de différence entre un nourrisson et un adulte »

Le Pr Kamel Djenouhat, président de la Société algérienne d’immunologie (SAI), revient dans cet entretien sur les raisons de la 3e vague de covid-19 qui frappe l’Algérie et le phénomène de la contamination des nourrissons.

Si on regarde les chiffres officiels communiqués par le ministère de la Santé, on remarque une baisse des contaminations au covid-19 en Algérie. Quelle lecture faites-vous de la situation épidémique ? Peut-on dire que nous avons atteint le pic ?

Depuis quatre cinq jours, on voit une tendance baissière des cas de contamination. On peut affirmer à 90 % que le pic a été atteint et qu’on est dans la phase de la décrue.

Mais n’oublions pas une chose très importante : ce ne sont pas toutes les wilayas qui ont été atteintes de la même manière. On risque donc d’avoir quelques pics au niveau des wilayas qui ont eu un nombre de cas réduit ces derniers jours.

Pour ce qui en est du nombre de décès, même si la tendance est à la baisse, les services hospitaliers sont pleins et il y aura un nombre de gens qui vont avoir des complications et qui ne vont malheureusement pas en sortir indemnes.

Vous êtes président de la Société algérienne d’immunologie (SAI) et président du conseil médical au niveau de l’hôpital de Rouiba. Avez-vous constaté cette baisse des contaminations sur le terrain ?

Honnêtement, depuis quatre cinq jours, on constate qu’il y a moins d’afflux de malades. Les demandes sur les tests PCR ont baissé de 60 %. Et même pour ce qui en est des résultats, on est passé de 80 % de tests positifs à 30 % de cas confirmés.

Cette baisse est nettement constatée. La même constatation a été faite par nos collègues des structures hospitalières dans les wilayas qui ont connu des pics, que ce soit dans le secteur public ou privé.

Comment expliquer cette baisse ? Est-ce qu’elle est due aux mesures prises par les autorités ?

Certainement. Au début, on ne s’attendait pas à ce pic. Il a été très intense et meurtrier. Et lorsque le citoyen algérien a constaté qu’il y avait beaucoup de décès, on a constaté qu’il y avait cette phobie qui s’est installée dans la société.

Du coup, le citoyen est revenu rapidement aux mesures barrières. Deuxièmement, le confinement nocturne a porté ses fruits. Et il ne faut pas oublier qu’on est à environ 4 millions de vaccinés anti-covid. Cette tranche de la population a été relativement épargnée par cette vague.

Ce sont les trois facteurs principaux qui ont fait que le pic a été atteint relativement rapidement. Maintenant, on doit rester vigilants, car il y a beaucoup de gens qui n’ont pas été vaccinés ou contracté le virus.

Il y a de plus en plus de personnes jeunes qui sont touchées, notamment des nourrissons. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Nous avons abordé ce sujet lorsque deux cas de nourrissons aux poumons blancs ont été recensés au niveau de Ain Taya (Alger).

Nous savons très bien que le variant Delta ne fait pas de différence entre un nourrisson, un jeune et un adulte. D’ailleurs, on constate qu’environ 27 % des décès sont des personnes qui ont moins de 40 ans.

Pour les nourrissons, la majorité ont été contaminés par leur maman, surtout celles qui allaitent. Ce n’est pas une contamination placentaire, mais une contamination directe.

L’idéal serait qu’elles fassent un dépistage au moindre petit symptôme. Et s’il est positif, il faut allaiter l’enfant en portant le masque.

Beaucoup parlent d’une quatrième vague du covid-19 qui risque de frapper l’Algérie dans les prochains mois. Faut-il s’y préparer ?

La plupart des pays sont en train de vivre la quatrième vague. La troisième était la phase du variant Alpha.

Chez-nous, elle avait commencé fin avril, mais ce variant n’était pas capable d’augmenter la courbe de façon exponentielle car il est moins transmissible que le variant Delta.

On a eu au-dessus de la même courbe, le démarrage de celle du variant Delta, qui est à l’origine de cette augmentation exponentielle.

Pour être honnête, on ne connaît pas encore le virus. On sait qu’il va s’affaiblir avec le temps, mais espérons qu’il n’y ait pas d’autres variants qui vont apparaître d’ici-là. Il faut qu’on s’y prépare.

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