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Législatives au Maroc : défaite cuisante pour le parti islamiste au pouvoir

Législatives au Maroc : défaite cuisante pour le parti islamiste au pouvoir

Échec retentissant pour le parti au pouvoir au Maroc qui augure d’une reconfiguration de la scène politique dans cette monarchie du Maghreb. Les premiers résultats provisoires des élections législatives et locales qui se sont déroulées mercredi 8 septembre, donnent le Parti de la justice et du développement (PJD) du chef du gouvernement sortant, Saad Eddine El Othmani, largement perdant.

« Véritable déroute », « défaite cuisante », « échec spectaculaire » sont les expressions qui reviennent le plus dans la presse locale et étrangère ce mercredi matin pour décrire le faible score du PJD. Celui-ci est passé de 125 sièges au Parlement à seulement 12 sièges.

La défaite du parti islamiste, proche de la mouvance des Frères musulmans, profite aux deux partis libéraux, le Rassemblement national des indépendants (RNI) et le Parti authenticité et modernité (PAM) ainsi qu’au parti nationaliste traditionnel de l’Istiqlal (centre-droit).

Ces trois partis ont obtenu, toujours selon les résultats provisoires annoncés par le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit, 97, 82 et 78 sièges respectivement. La chambre des représentants (chambre basse) est composée de 395 députés.

Ce n’est pas tant le recul du PJD qui constitue une surprise mais c’est l’ampleur de la défaite qui était complètement inattendue. Les analystes et les observateurs de la scène politique marocaine voyaient le parti d’El Othmani, au pouvoir depuis 2011, s’accrocher et diriger le gouvernement pour un troisième mandat, ou du moins obtenir un score qui lui permettrait de dire son mot dans la constitution du nouvel Exécutif.

Ces résultats changent complètement la donne et ce sont les libéraux proches du roi qui sont désormais mis en avant. Les deux partis arrivés en tête sont connus pour la proximité de leurs dirigeants avec le palais royal.

Un changement sans conséquence pour la politique étrangère du Royaume

Le RNI est dirigé par l’homme d’affaires Aziz Akhannouch et le PAM a été fondé par Fouad Ali El Himma, conseiller de Mohamed VI. Il appartient à celui-ci de nommer un chef du gouvernement issu du parti arrivé en tête du scrutin, suivant les dispositions de la Constitution marocaine de 2011 qui a laissé quelques prérogatives au Parlement et au gouvernement.

Hormis la reconfiguration de la scène politique, avec notamment la montée en puissance des libéraux, l’effacement des islamistes et le retour de l’Istiqlal, les résultats du scrutin du 8 septembre ne présagent pas de grands chamboulements dans la politique tant interne qu’externe du royaume.

En dépit des prérogatives accordées au Parlement et au gouvernement en vertu de la Constitution de 2011, le roi garde toujours la main sur les domaines régaliens de la défense, de la sécurité et de la diplomatie, ainsi que sur les secteurs sensibles des affaires religieuses (en sa qualité de commandeur des croyants) et de l’éducation.

Il ne faudra donc pas s’attendre à des retournements sur les dossiers importants que sont celui du Sahara occidental, les relations avec l’Algérie qui traversent une crise sans précédent ou la normalisation avec Israël décidée en novembre dernier suite à un deal triangulaire entre le royaume, Israël et les États-Unis en contrepartie de la reconnaissance par ces derniers de la souveraineté marocaine sur le territoire occupé du Sahara occidental.

À propos de ce deal, les analystes excluent qu’il soit à l’origine de la défaite cuisante du PJD. Bien que ce soit Saad Eddine El Othmani qui ait signé l’accord le 10 décembre à Rabat, la normalisation a été décidée par le palais royal et ce sont les plus fervents défenseurs de cette orientation qui ont obtenu les faveurs des électeurs. Les raisons de la déroute sont à chercher dans la politique interne et de ses répercussions sur le niveau de vie des Marocains, estime-t-on.

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