Alors que certains pays ont formellement interdit la pratique, d’autres continuent de payer des rançons aux terroristes, contribuant ainsi directement et efficacement au financement du terrorisme. C’est le cas des Émirats arabes unis qui viennent de payer un montant incroyable à un groupe armé au Mali pour faire libérer deux otages.
Selon l’agence Reuters, le pays du Golfe a conclu un accord avec un groupe terroriste malien affilié à Al-Qaida pour la libération de deux citoyens émiratis enlevés dans ce pays du Sahel en proie à la violence terroristes.
Les sources de l’agence britannique ont précisé qu’en vertu de l’accord, le gouvernement émirati versera une importante rançon qui s’élève à 50 millions de dollars. Les deux otages émiratis devraient s’envoler pour leur pays, alors qu’un autre otage de nationalité iranienne a été libéré.
Les gouvernements émirati et malien n’ont pas répondu aux demandes de commentaire de l’agence.
Important apport en liquidités à un groupe affilié à Al-Qaïda
"Cet accord pourrait apporter un important apport de liquidités au Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM)", écrit Reuters. Le groupe affilié à Al-Qaïda intensifie la pression sur le gouvernement de la junte malienne, notamment par le biais d’un blocus sur les carburants.
Selon l’organisation américaine de surveillance des crises (ACLED) le JNIM finance ses opérations en Afrique de l’Ouest par les rançons qu’il obtient dans les campagnes d’enlèvement d’étrangers qu’il mène régulièrement.
En août dernier, Al-Qaida a libéré quatre chauffeurs routiers marocains disparus en janvier alors qu’ils traversaient la frontière entre le Burkina Faso et le Niger, rappelle Reuters.
Plusieurs résolutions du Conseil de sécurité ont exhorté les États membres de l’ONU à criminaliser le paiement de rançons aux preneurs d’otages afin de ne pas contribuer au financement du terrorisme. L’Algérie est parmi les premiers pays qui ont plaidé pour une telle interdiction.
La qualité des deux otages émiratis n’a pas été précisée. Les Émirats arabes unis sont impliqués dans plusieurs conflits dans le monde arabe et en Afrique, notamment au Sahel, en Libye et au Soudan. "Partout où il y a des conflits, l’argent de cet État est présent, au Mali, en Libye, au Soudan", a dénoncé en avril 2024 le président de la République Abdelmadjid Tebboune, sans citer nommément les Émirats.