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L’explosion de Beyrouth aggrave une crise multidimensionnelle : que reste-t-il de la souveraineté du Liban ?

L’explosion de Beyrouth aggrave une crise multidimensionnelle : que reste-t-il de la souveraineté du Liban ?

La visite du président français Emmanuel Macron au Liban au surlendemain de la double explosion qui a frappé la ville de Beyrouth mardi 4 août, résume à elle seule l’état où se trouve ce pays du Moyen-Orient.

Avant le 4 août, le Liban était déjà au bord du gouffre avec une crise économique étouffante doublée d’une crise sanitaire, de tensions politiques et d’émeutes.

Après cette date et l’énorme explosion qui a soufflé le port et une partie de la ville, beaucoup s’interrogent si le pays n’a pas fait le pas  qui manquait vers le précipice.

Le bilan humain est très lourd (près de 140 morts, plus de 4 000 blessés et des dizaines de disparus) et le coût social et économique est considérable. On parle de 15 milliards de dollars de dégâts et de centaines de milliers de personnes sans abri.

Pour un pays au bord de l’asphyxie financière, c’est une dure épreuve supplémentaire insupportable sans l’aide de la communauté internationale. Pour les liens étroits qui existent entre les deux pays, le président français Emnanuel Macron a pris l’initiative de se rendre sur place, deux jours seulement après le drame.

Dès la matinée, il a annoncé la couleur de ce que sera sa visite. « Je suis là aussi pour lancer une nouvelle initiative politique. C’est ce que je vais exprimer cet après-midi aux dirigeants et forces politiques libanaises« , déclare Emmanuel Macron. Même s’il reconnait que, « aujourd’hui, la priorité c’est l’aide et le soutien à la population, sans conditions« , il ne s’empêche pas de rappeler l’exigence de « réformes que la France porte depuis plusieurs mois, pour ne pas dire des année« , « des réformes indispensables dans certains secteurs, l’énergie, les marchés publics, la lutte contre la corruption ».

« Si ces réformes ne sont pas faites, le Liban continuera de s’enfoncer. C’est un autre dialogue que nous devons avoir et que je souhaite aussi mener aujourd’hui », assène le président français.

La foule qui l’entoure au milieu des décombres dans la zone dévastée du port l’encourage même à une immixtion plus directe, plus active, en le suppliant presque de débarrasser le Liban d’une classe dirigeante tenue pour responsable de tous ses maux.

Macron a sauvegardé les formes, sans plus. « Le Liban est un peuple souverain, ce n’est pas à moi de le faire, c’est à vous », dit-il, mais assène que « sans les réformes, il n’y aura pas d’argent ».

Il a surtout annoncé une autre visite en septembre pour s’assurer que l’aide aura été bien distribué, promettant que tout sera fait pour qu’elle «  n’aille pas dans les mains de la corruption ».

Parallèlement à la visite présidentielle, la justice française a pris l’initiative d’ouvrir une enquête sur les explosions, la justifiant par le fait que des Français figuraient parmi les victimes (un mort et une cinquantaine de blessés).

Si les propos de Macron ont suscité des critiques, jusqu’en France où ils ont été qualifiés d’ « irresponsables » et de « méprisants » notamment dans les rangs de la gauche, l’attitude de la foule au cœur même de Beyrouth suscite de l’incompréhension.

 

l n’y a pas eu de réaction officielle dans le monde arabe, mais les réseaux sociaux s’enflamment, notamment lorsqu’une pétition lancée en ligne pour réclamer le retour du protectorat français a réuni plus de 30 000 signatures en quelques heures.

Depuis près d’un demi-siècle, le Liban paye les frais de sa composante ethnique et religieuse hétéroclite mais aussi des interférences extérieures, avec notamment une longue guerre meurtrière dans les années 1970 et 1980.

En 2017, le Premier ministre Saâd Hariri démissionnait à partir d’une capitale étrangère, dans des conditions diversement interprétées, avant de reprendre son poste comme si de rien n’était. Certains partis libanais, notamment le Hezbollah, assument du reste pleinement leurs alliances extérieures. Ce qui s’est passé ce jeudi 6 août n’est que le reflet de la banalisation des influences étrangères au pays du Cèdre.

 

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