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Macron giflé : la violence politique s’est-elle banalisée en France ?

Macron giflé : la violence politique s’est-elle banalisée en France ?

Le contexte politique en France semble être de plus en plus tendu, voire sombrer dans une violence qui ne dit pas son nom. L’image du président Emmanuel Macron giflé en pleine rue est forte en symbolique.

À une année de la présidentielle française, cette scène pousse à se poser de nombreuses questions sur le fond du débat politique en France. Sur les réseaux sociaux, la gifle reçue par Macron de la part d’un citoyen a suscité davantage d’amusement que de choc.

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Elle était presque attendue… Pour beaucoup de commentateurs en France, c’est la perte de la sacralité de la fonction présidentielle. Le dernier rempart.

Les mots qui ont déjà acquis une dimension violente ne semblent plus suffire, les coups physiques s’ajoutent au contexte. Le discours politique semble offensif autant du côté de la classe politique française que des militants.

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Le déni de la violence ?

Alors que les politiques de tout bord ont vivement condamné l’agression du président français. Parmi eux, Jean-Luc Mélenchon ne s’est pas contenté de soutenir Emmanuel Macron, mais a aussi rappelé que cet acte était prévisible.

Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle de 2022, se fait prophète de l’avenir de la France et ne cesse d’interpeller l’opinion de sa crainte d’une vague de violence.

Il prédit même : « Dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident. »

Le candidat de la France Insoumise a fait une corrélation entre scrutin et attentat, rappelant le cas Merah en 2012, ce qui a choqué l’opinion publique. Jean-Luc Mélenchon a été perçu comme un politique qui justifie les attentats et verse dans le complotisme. Évoquant un terroriste utile à la campagne présidentielle, pratique pour attiser la haine envers les musulmanes et pour « inventer une guerre civile« .

Le candidat de gauche est-il alarmiste, prévoyant ou simplement en quête d’un électorat ?

Si l’on ne peut pas prédire qu’un terrible événement va arriver, on peut en revanche d’ores et déjà, dire que le politique en France a sombré dans une mécanique agressive.

La gifle portée à Emmanuel Macron n’est qu’un exemple parmi tant. Les déclarations anti-immigration vont de plus en plus loin au sein de la droite française. Un candidat, tête de liste du Rassemblement National (extrême droite) aux élections régionales est allé jusqu’à se moquer du suicide d’un agriculteur. Une simple revue de presse en France donne une impression d’atmosphère délétère.

Existe-t-il encore un débat politique en France ?

Aux discours politiques, s’ajoutent un débat médiatique ponctué de gros mots sur des sujets pas franchement érodés. Les chaînes d’information en continu qui proposent une offre de débat politique sans censure s’orientent de plus en plus vers la polémique gratuite.

Les avis d’éditorialistes aux avis extrêmes sont légion, mais sur des thèmes répétitifs : terrorisme, religion, immigration et faits divers semblent déjà être au cœur d’une campagne électorale qui n’a même pas officiellement démarré.

La multiplicité des grandes phrases fait souvent oublier le fond du débat. Il faut choquer, provoquer à tout prix au point qu’on oublie même l’enjeu du débat d’idées. On tombe facilement dans la surenchère provocatrice.

Tel un Éric Zemmour, intervenant sur la chaîne Cnews, qui en face des invités politiques aime mettre de l’huile sur le feu. Tantôt il réduit tous les mineurs immigrés à des criminels, appelant à les renvoyer chez eux. Tantôt il soutient Papacito, un youtubeur d’extrême droite qui met en scène le meurtre d’un mannequin de couleur noir présenté comme un gauchiste.

Il a également été le premier à dire que la claque donnée à Macron était méritée. C’est finalement tout ce que l’on retient de lui, de la colère. Mais aucune idée de fond, aucun projet de société ou analyse politique.

Même Jean-Luc Mélenchon, qui se fait le défenseur de la sécurité des Français, participe finalement à ces mises en scènes orchestrés par des médias avides d’un moment sensationnel.

L’homme de gauche ne cesse de donner de l’attention à ce youtubeur qu’il accuse d’appeler au meurtre des militants de gauche. Le youtubeur dépasse clairement les limites, mais l’essentiel des débats s’est orienté sur la forme d’une vidéo et non sur pourquoi observe-t-on une multiplicité des mouvements d’extrême droite. Tout contenu ou intervention veut pousser à l’indignation, à l’énervement, mais jamais à la compréhension.

Quelle campagne électorale va vivre la France ? Des candidats politiques qui s’invectivent ou une discussion sur un projet politique pour le futur ? La première proposition semble être la plus plausible.

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