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Manuels scolaires : la vente tourne au cauchemar pour les parents

Manuels scolaires : la vente tourne au cauchemar pour les parents

Les élèves ont repris le chemin de l’école mardi 21 septembre en Algérie. Moins d’une semaine après le coup d’envoi de la rentrée scolaire 2021-2022, le problème de la vente des manuels scolaires surgit. Un casse-tête supplémentaire pour les parents d’élèves qui doivent se démener pour acheter les livres scolaires.

Deux images diffusées ces derniers jours illustrent le calvaire des parents d’élèves. D’abord à Skikda où ils étaient nombreux à s’agglutiner devant une  antenne de l’Office national des publications scolaires (ONPS) relevant du ministère de l’éducation nationale pour acquérir les manuscrits.

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Une situation similaire a été observée à Akbou, dans la wilaya de Béjaia, où des parents d’élèves se sont massés devant une librairie pour acheter les manuels scolaires, indispensables pour la scolarité de leurs enfants.

Le même phénomène est observé partout à travers le pays. De nombreuses interrogations sont soulevées autour des choix d’attribution des autorisations de vente des manuels.

Le boycott de la vente des manuels est « irrévocable »

L’externalisation de la vente des livres scolaires tient aussi au refus des directeurs des établissements scolaires de les vendre dans les écoles.

Le 15 septembre, le secrétaire de wilaya du Syndicat national des directeurs des écoles primaires de la wilaya d’Oran (Snadep-Oran), Betticha Abdelaziz, a annoncé la décision « irrévocable » prise par les chefs d’établissements de ne pas vendre les livres scolaires, cette année.

Dans un courrier adressé au directeur de l’éducation de la wilaya, M. Betticha a rappelé que les directeurs des écoles primaires s’en tiendraient uniquement à la distribution des livres au profit des élèves démunis et les enfants des personnels de l’éducation.

Le responsable syndical a fait valoir une loi datant de 2018 disposant que la vente de manuels scolaires ne relève pas des missions des chefs des établissements.

Et de relever par la même occasion que la gestion exclusive des manuels scolaires (vente et distribution) relevait des prérogatives de l’Office national des publications scolaires.

Le SG du SATEF, Boualem Amoura, explique pourquoi les directeurs d’écoles rechignent à vendre des manuels. « C’est d’abord une opération commerciale. Or, les directeurs tout comme les intendants ne sont pas des commerçants », fait-il remarquer tout en adhérant à l’argument des concernés selon lequel l’opération ne relève pas de leurs missions.

L’association des parents d’élèves déplore une « mauvaise gestion »

Devant la désorganisation qui caractérise l’opération de vente des manuels scolaires en dehors des écoles, l’Association nationale de parents d’élèves (ANPE) a exprimé sa frustration et son inquiétude.

« Malheureusement, c’est frustrant, inquiétant et éreintant pour les parents», déplore la présidente de l’association, Fafa Bacha, contactée par TSA. Elle explique les raisons de cet état d’esprit qui anime les parents d’élèves.

« Premièrement, il y a une mauvaise gestion. Deuxièmement, les points de vente sont limités à certaines librairies où on trouve un afflux important des parents alors que nous vivons une situation de pandémie (Covid-19) et qu’on dit aux citoyens de respecter la mesure de distanciation », déroule-t-elle.

Pour la présidente de l’ANPE, cette opération aurait dû se faire à la fin de chaque année scolaire, pour une meilleure organisation. Mme Bacha propose que soit organisée une semaine de vente de manuels dans les établissements scolaires suivant un calendrier pour chaque palier.

« De sorte que les parents aient tout le temps de s’y rendre et d’acheter les livres calmement et dans la sérénité », argumente-t-elle. « Cela nous frustre encore une fois en tant qu’association que ce problème revienne à chaque rentrée scolaire», déplore-t-elle.

La présidente de l’ANPE pointe la responsabilité du ministère de l’éducation nationale. « La tutelle doit obligatoirement trouver des solutions à ce problème », clame-t-elle.

L’ANPE répond aux directeurs d’écoles

Pour Fafa Bacha, le boycott par les chefs des établissements de la vente des manuels au sein de leurs établissements trouve difficilement une justification.

« Chaque directeur d’établissement dispose du nombre d’élèves nécessiteux et ceux dont les parents sont affiliés au secteur qui bénéficient d’une distribution gratuite des manuels. Ils ont aussi la liste de l’ensemble des élèves scolarisés dans leur établissement. Tout est basé sur l’organisation, d’autant que c’est une période (vente) qui ne dépasse pas une semaine », développe-t-elle.

Notre interlocutrice propose par exemple la mise en place d’un calendrier de vente des manuels scolaires par paliers. « On envoie les parents acheter les livres un peu partout à travers les points de vente. Or, on ne sait pas si les prix des manuels y sont respectés. De plus, ce ne sont pas tous les parents qui peuvent se déplacer », pointe-t-elle.

La gestion de l’opération de vente des manuels scolaires ne facilite pas la vie aux parents, regrette Mme Bacha qui souligne la nécessité pour la tutelle de se pencher sur le problème de la dégradation du pouvoir d’achat des parents d’élèves.

« Il faut que le manuel scolaire revienne à l’école, qu’une organisation soit mise en place. Et même si ces manuels vont être vendus à l’extérieur des établissements, il faut qu’il y ait une bonne organisation et une multiplication des points de vente », réclame la présidente de l’ANPE.

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