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Massacre d’Algériens en 1961 : De Gaulle savait et n’a pas agi

Massacre d’Algériens en 1961 : De Gaulle savait et n’a pas agi

Ce qui s’est passé le 17 octobre 1961 à Paris contre des manifestants algériens est resté pendant des décennies l’un des secrets les mieux gardés des autorités françaises.

Ce n’est qu’en octobre dernier que la Présidence française a reconnu pour la première fois l’ampleur de la répression qui a frappé les Algériens sortis dans la rue pour manifester contre un couvre-feu qui leur était imposé.

La déclassification des archives de la guerre d’Algérie permet d’en savoir plus, notamment sur la responsabilité des autorités politiques de l’époque.

Dans le cadre de la politique de « réconciliation des mémoires » qu’il a initiée,  Emmanuel Macron a reconnu en octobre 2021 des « crimes inexcusables ».

|Lire aussi : 17 octobre 1961 : Macron reconnait des « crimes inexcusables »

Huit mois après, le site français d’investigation Mediapart a pu avoir accès à des document déclassifiés qui révèlent clairement que le président de l’époque, le général De Gaulle, était au courant de ce qui s’est passé et avait laissé les responsables des massacres à leurs postes, dont le préfet de police de Paris, Maurice Papon.

« Il y aurait 54 morts »

Le 28 octobre 1961, Bernard Tricot, conseiller du général De Gaulle pour les affaires algériennes, a écrit dans une note au président de la République qu’« il y aurait 54 morts ». « Les uns auraient été noyés, les autres étranglés, d’autres encore abattus par balles », a-t-il écrit dans sa note, selon Mediapart.

 « Les instructions judiciaires ont été ouvertes », a ajouté le conseiller, tout en exprimant son scepticisme sur leur aboutissement : « Il est malheureusement probable que ces enquêtes pourront aboutir à mettre en cause certains fonctionnaires de police ».

Celui-ci a saisi une seconde fois le général De Gaulle, le 6 novembre 1961, pour « savoir si on se bornera à laisser les affaires suivre leur cours, auquel cas il est probable qu’elles s’enliseront, ou si le ministre de la Justice (Bernard Chenot) ainsi que le ministre de l’Intérieur (Roger Frey) doivent faire savoir aux magistrats et officiers de la police judiciaire compétente que le gouvernement tient à ce que la lumière soit faite ».

 « Il importe beaucoup, semble-t-il, que le gouvernement prenne dans cette affaire une position qui, tout en cherchant à éviter le plus possible le scandale, montre à tous les intéressés que certaines choses ne doivent pas être faites et qu’on ne les laisse pas faire », a écrit le conseiller de De Gaulle. La réponse de ce dernier, manuscrite, se trouve sur ces mêmes notes que Mediapart dit avoir retrouvées aux Archives nationales françaises.

« Il faut faire la lumière et poursuivre les coupables », a répondu le général De Gaulle. « Il faut que le ministre de l’Intérieur prenne vis-à-vis de la police une attitude d’’autorité’, qu’il ne prend pas », a-t-il ajouté.

Néanmoins, aucun responsable impliqué ni policier n’a été poursuivi ou relevé de ses fonctions. Maurice Papon sera jugé et condamné bien plus tard, en 1998, mais pour d’autres crimes, ceux commis à l’égard des juifs pendant la Seconde guerre mondiale.

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