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Mystérieuse et inquiétante réunion en Israël sur l’Algérie et la Tunisie

Mystérieuse et inquiétante réunion en Israël sur l’Algérie et la Tunisie

Une réunion des services secrets israéliens, français et marocains a eu lieu lundi à Tel-Aviv pour parler d’un plan de déstabilisation de l’Algérie et de la Tunisie.

Le quotidien El Khabar de ce mardi, qui cite des sources de sécurité algériennes, affirme que cette réunion a été consacrée à l’Algérie, mais aussi à la Tunisie, deux pays qui ont renforcé leurs relations ces dernières années, et qui constituent au Maghreb l’axe anti-normalisation avec Israël.

Cinq responsables des services secrets français ainsi que douze responsables des services marocains ont pris part à cette réunion, selon le journal arabophone.

Plus clairement, il a été question d’opérations de déstabilisation de l’Algérie et de la Tunisie, via des troubles sociaux dans ces deux pays. « L’opération de déstabilisation de l’Algérie consiste à créer des troubles dans certaines villes », précisent ces sources.

Si la participation des services français à cette réunion semble étonnante du fait que les relations algéro-françaises se portent plutôt bien, du moins officiellement, et qu’une visite d’État du président Abdelmadjid Tebboune en France en juin est en préparation, celle du Mossad et des services secrets marocains ne l’est pas.

Au contraire. Le Maroc ne se contente plus de comploter contre l’Algérie, ce qu’il fait d’ailleurs depuis longtemps, avec peu de succès.

Depuis la signature des Accords d’Abraham entre le Maroc et Israël en novembre 2020, sous l’égide de l’ex-président américain Donald Trump, le royaume a franchi d’autres étapes plus dangereuses. Il a adopté la stratégie de la tension permanente avec l’Algérie, avec des provocations allant jusqu’à des revendications sur une partie du territoire algérien. Dans cette guerre froide qu’il mène à l’Algérie, le Maroc tente d’entraîner son nouvel allié israélien, avec qui il a accéléré la coopération militaire.

Le 12 août 2021, le ministre des Affaires étrangères israélien, Yair Lapid, a lancé à partir du territoire marocain des menaces à l’égard de l’Algérie, en pointant un prétendu rapprochement de cette dernière avec l’Iran, son ennemi juré.

Quelques jours après cette menace israélienne à partir de Rabat, l’Algérie a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc.

Quand le ministre israélien de la Défense Benny Gantz s’est rendu au Maroc le 23 novembre 2021, l’Algérie a réagi par la voix du président du Conseil de la nation, Salah Goudjil en affirmant que les « choses étaient claires maintenant ». « Les ennemis se mobilisent de plus en plus pour porter atteinte à l’Algérie » qui est « visée » par cette visite, avait déclaré Salah Goudjil.

Le président Abdelmadjid Tebboune a également réagi en affirmant qu’il était triste qu’un ministre de « l’entité sioniste menace un pays arabe (l’Algérie) à partir d’un autre pays arabe (le Maroc) », qualifiant cet acte d’« infâme et déshonorant ». Il faisait allusion à Yaïr Lapid.

« C’est la première fois depuis 1948 qu’un ministre de cette entité visite un pays arabe et y profère des menaces à l’encontre d’un autre pays arabe. Un tel acte entache d’opprobre le pays hôte », avait déclaré le président Tebboune.

Les tensions entre Israël et l’Algérie ne sont pas liées uniquement au Maroc. Les deux pays sont en confrontation diplomatique directe sur d’autres dossiers comme la Palestine et l’Afrique.

En février dernier, lors du sommet des chefs d’États de l’Union africaine à Addis-Abeba, la délégation israélienne a été exclue de la salle abritant les travaux et la question du statut d’observateur d’Israël au sein de l’organisation panafricaine que ce pays, obtenu en catimini en juillet 2022, a été renvoyée aux calendes grecques. Aussitôt, Israël a accusé l’Algérie et l’Afrique d’être derrière cette exclusion.

La Tunisie visée par une opération au nom de code « Loup »

Pour la Tunisie, les informations recueillies par les sources algériennes sont plus précises. Elles parlent d’un plan, avec un nom de code qui est déjà déployé. El Khabar parle du « lancement d’une opération de déstabilisation de la Tunisie du nom de code « Loup », à partir du 20 de ce mois de mai. »

Comme pour l’Algérie, il s’agit de réinventer un autre printemps arabe plus violent en Tunisie. L’opération de déstabilisation qui vise le voisin de l’Algérie consiste à « créer des vagues de protestations et une série de troubles afin de fragiliser et d’isoler le président Kaïs Saïed », selon la même source.

Engluée dans une grave crise économique et politique depuis 2020, la Tunisie connaît des manifestations sociales parfois violentes. Le pays peine à redémarrer son économie qui a subi de plein fouet le double choc de la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine et ses conséquences sur la hausse des prix de l’énergie et des matières premières.

Pour redresser la situation, la Tunisie négocie depuis des mois un accord de financement avec le FMI pour un plan de sauvetage de 1,9 milliard de dollars, et tente de relancer son tourisme qui a durement été affecté par la pandémie de Covid-19.

Dans cette crise, la Tunisie a pu compter sur le soutien politique et financier de l’Algérie. Les deux pays ont renforcé leurs relations depuis l’élection du président Abdelmadjid Tebboune en décembre 2019. Cet axe algéro-tunisien est vu d’un mauvais œil au Maroc.

En août dernier, le royaume a rappelé son ambassadeur à Tunis pour « consultations » en signe de protestation contre l’accueil réservé par le président Saïed au président sahraoui Brahim Ghali lors du sommet Afrique – Japon qui s’est tenu à Tunis. En réaction, la Tunisie a rappelé son ambassadeur à Rabat.

Dans un entretien à Al Jazzera diffusé fin mars dernier, le président Tebboune a réitéré le soutien de l’Algérie à la Tunisie. Le chef de l’État avait dénoncé « un complot visant la Tunisie actuellement, spécifiquement depuis la réception du président sahraoui Brahim Ghali », en août 2022.

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