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Procès de Rabah Karèche : « L’emprisonnement des journalistes porte préjudice à l’image du pays »

Procès de Rabah Karèche : « L’emprisonnement des journalistes porte préjudice à l’image du pays »

Le procès du journaliste Rabah Karèche s’est tenu ce jeudi 5 août devant le tribunal de Tamanrasset. Le représentant du parquet a requis une lourde peine de trois ans de prison ferme à l’encontre du journaliste. Le verdict est mis en délibéré pour l’audience du 12 août.

Le correspondant du quotidien Liberté à Tamanrasset est poursuivi pour « création d’un compte électronique consacré à la diffusion d’informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société », « diffusion volontaire de fausses informations susceptibles d’attenter à l’ordre public » et « usage de divers moyens pour porter atteinte à la sûreté et l’unité nationales », selon le CNLD.

Il a été placé sous mandat de dépôt le 19 avril dernier après la parution d’une série d’articles dans son journal et dans lesquels il rendait compte de la situation de la région, marquée par un mouvement de protestation citoyen contre un nouveau découpage administratif adopté au niveau central.

Selon ses avocats, qui se sont déplacés d’Alger pour assurer sa défense, il n’y a rien dans le dossier qui puisse justifier les accusations retenues contre lui. Pour eux, Karèche est emprisonné pour ses activités en lien avec son métier de journaliste.

« Dans les articles du journaliste Rabah Karèche publiés les 17 et 18 avril 2021, il n’y a pas d’incitation à la haine et à la discrimination ni atteinte à l’unité nationale. Il n’y a pas non plus de fausses informations. Au contraire, il a rapporté fidèlement et avec professionnalisme les faits qui s’étaient déroulés et consistant en une protestation des citoyens de certaines communes de Tamanrasset contre le découpage administratif du 29 mars. Il n’y a rien d’autre dans le dossier que les trois articles, il est donc poursuivi en en sa qualité de journaliste », insiste l’avocat Mostefa Bouchachi à la fin de l’audience, dans des propos sont  rapportés par Radio M.

« L’emprisonnement des journalistes porte préjudice à l’image du pays »

Me Zoubida Assoul confirme que les articles incriminés ne contiennent que des faits. « Rabah Karèche n’a exprimé aucun avis personnel, il n’a fait que rapporter un fait qui s’est déroulé à Tamanrasset », dit-elle.

« Au lieu d’être emprisonné, le journaliste devrait au contraire être remercié pour ce qu’il a accompli », juge-t-elle.

« Les notables l’ont remercié car grâce à lui, on a évité peut-être une catastrophe qui pouvait être dangereuse pour la sécurité du pays. En principe, la justice, les autorités sécuritaires, la police judiciaire et les autorités locales devraient présenter des excuses au journaliste Rabah Karèche car il a attiré l’attention des autorités locales et centrales sur ce qui se passait », défend Me Assoul.

« J’espère qu’il sera libre le 12 août. Le gagnant serait dans ce cas-là la justice et l’Algérie », ajoute-t-elle.

Abdelghani Badi a, lui aussi, fait le déplacement dans la capitale du Hoggar pour prendre part à la défense du journaliste de Liberté.

Dans sa déclaration, l’avocat a mis l’accent sur la banalisation de l’emprisonnement des journalistes qui, selon lui, ne sert pas les intérêts du pays.

« Au moins une dizaine et ont été privés de leurs droits. C’est un revers pour la situation du journaliste en Algérie. Ces dépassements et ces tentatives de faire taire les journalistes constituent une véritable atteinte à la réputation du pays. Les autorités croient servir leurs intérêts étroits en emprisonnant les journalistes, mais en réalité elles portent préjudice à l’image du pays », estime Me Badi.

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