Le conseil de sécurité des Nations-Unies a adopté vendredi 31 mai une résolution sur le Sahara occidental dans laquelle il est fait référence pour la première fois au plan d’autonomie marocain.
Le diplomate algérien Abdelaziz Rahabi a livré son analyse dans un texte publié sur les réseaux sociaux.
L’ancien ambassadeur d’Algérie à Madrid a estimé notamment que le principe de l’autodétermination, réitéré dans la résolution, « restitue à son statut réel » le plan d’autonomie marocain. Il indique aussi que l’objectif des États-Unis est de ’’bilatéraliser’’ le conflit.
« Les Russes et les Chinois n’ont pas pu assurer l’équilibre recherché pour le texte américain mais ils ont tenu à le faire vivement savoir en rappelant que le Sahara occidental était un territoire non autonome (…) et à condamner l’action unilatéraliste des USA qui ont cherché à se substituer au Conseil de sécurité », a relevé d’emblée l’ancien ministre de la Communication.
« La démarche des USA est destinée à leur assurer une hégémonie sur tout le processus des négociations qui risque d’être défavorable aux Sahraouis par le simple fait des privilèges accordés au projet marocain », estime-t-il, ajoutant que cela risque d’être « un des plus gros facteurs de blocage en raison du défaut de principe d’équité entre les deux parties ».
Abdelaziz Rahabi poursuit en soulignant que le principe du droit des Sahraouis à l’autodétermination a été introduit dans la mouture finale grâce, principalement, à la Russie, la Chine et l’Algérie.
Abdelaziz Rahabi accuse la France et les États-Unis de néocolonialisme
Pour lui, « ce principe onusien restitue à son statut réel « le Plan d’autonomie marocain » élaboré par les français, actualisé par ses auteurs et destiné essentiellement à légitimer l’occupation du Sahara Occidental », estime-t-il.
Ce concept d’autonomie sous souveraineté marocaine « n’est pas uniquement un exercice lexical innovant en droit international mais un réflexe néocolonial avéré », juge le diplomate algérien, qui rappelle la mission du Conseil de sécurité : recommander des solutions et procédures comme la négociation, la médiation ou l’arbitrage, et non pas « s’accommoder du forcing membres permanents ».
Pour le diplomate, le risque est qu’il y ait un glissement des prérogatives du Conseil de sécurité vers « la soumission aux pouvoirs exorbitants des USA comme lors du vote contre l’Irak ou celui de la France contre la Libye ». Rahabi accuse les États-Unis et la France de chercher à « légitimer » l’occupation marocaine du Sahara occidental.
Abdelaziz Rahabi ne conclut pas sans faire le parallèle avec les déclarations du conseiller américain Steve Wittkof sur les relations algéro-marocaines, estimant que l’objectif des Occidentaux et principalement celui des États-Unis est de ’’bilatéraliser’’ le conflit sahraoui entre l’Algérie et le Maroc.
Or, souligne-t-il, cette diplomatie transactionnelle du président américain « ne correspond pas au socle doctrinal de notre diplomatie et de notre sécurité nationale pour lesquelles nous n’avons jamais sollicité de garanties étrangères contraignantes sous prétexte de pragmatisme fluctuant, contraignant et aliénant ».