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Rapatriement et voyages de et vers l’Algérie : une gestion incompréhensible

Rapatriement et voyages de et vers l’Algérie : une gestion incompréhensible

Plus d’une année après le début de la crise sanitaire, les frontières de l’Algérie demeurent fermées et les vols vers l’étranger de la compagnie aérienne nationale Air Algérie suspendues.

Avec cependant des exceptions pour certains ressortissants étrangers et des compagnies aériennes, également étrangères. Un étrange choix difficile à expliquer au moment où de nombreux algériens, bloqués en Algérie ou à l’étranger, crient leur désarroi.

Surtout, dans une conjoncture de grandes difficultés financières pour la compagnie nationale de transport aérien. Le principe de la préférence nationale devrait primer dans ce genre de situation, mais c’est à tout le contraire que l’on assiste.

Officiellement, les vols de rapatriement effectués par Air Algérie sont suspendus depuis le 1er mars dernier. La suspension devait durer un mois, mais elle n’a pas été levée pendant le mois d’avril et nul ne sait encore quand elle le sera.

La raison invoquée pour l’arrêt du rapatriement était l’apparition en Algérie de nouveaux variants du Covid-19, plus contagieux et plus résistants aux vaccins.

Quitte à allonger le calvaire de ceux qui n’avaient pas été touchés par les précédentes opérations de rapatriement, les autorités algériennes ont fait le choix de ne prendre aucun risque. Les frontières demeurent donc fermées et les vols suspendus.

Mais pas pour tout le monde et c’est sur ce point que des critiques fusent de partout depuis quelque temps. L’interdiction d’entrer en Algérie et d’en sortir ne semble concerner que les ressortissants algériens, résidents ou expatriés.

On a vu pendant tout le mois de mars avec quelle intransigeance les autorités algériennes ont refusé de laisser rentrer au pays des ressortissants nationaux résidents au Royaume-Uni et bloqués à l’aéroport de Roissy à Paris.

Mais pendant ce temps, des étrangers, particulièrement des expatriés et des coopérants, voyageaient de et vers l’Algérie sans grandes restrictions.

Les Algériens bloqués de part et d’autre des frontières

Pour les Algériens, une autorisation spéciale est nécessaire. Elle est délivrée par les services du ministère de l’Intérieur et elle n’est pas toujours facile à obtenir.

Les refus successifs essuyés ont amené certaines catégories à tenter de faire entendre leur voix, notamment à travers les réseaux sociaux et des actions de protestation.

La liste de ceux qui souhaitent rentrer au pays ou en sortir est longue. À l’étranger, il y a encore des Algériens ayant voyagé pour affaires, des soins ou d’autres motifs et qui sont toujours bloqués, n’ayant pas été rapatriés lors des opérations précédentes pour une raison ou une autre. Des résidents à l’étranger souhaitant rentrer pour des raisons souvent familiales (décès…), n’ont pas pu le faire.

De l’autre côté, parmi ceux qui souhaitent sortir du territoire national, on trouve des malades, des Algériens conjoints d’étrangers, des citoyens ayant obtenu un visa d’étude, de travail ou d’installation.

Certains, comme les étudiants et les travailleurs, ne sont pas sûrs d’avoir une seconde chance, tandis que pour certains malades, c’est parfois une question de vie ou de mort.

Récemment, les citoyens d’une localité de Béjaïa ont observé un sit-in pour réclamer une autorisation de sortie pour un des leurs, gravement malade et dont l’état nécessitait un transfert à l’étranger. Les citoyens ont fait le nécessaire en collectant la somme nécessaire pour le voyage, le séjour et les soins, mais il manquait ce fameux document du ministère de l’Intérieur.

Pendant ce temps, il n’y a pas que les expatriés étrangers qui ont une dérogation pour voyager. Des Algériens aussi figurent parmi les privilégiés, notamment certains sportifs et artistes.

Des photos récemment publiées de l’influenceur et acteur Rifka, prises à Dubaï, ont choqué l’opinion, notamment ceux qui sont dans une nécessité impérieuse de voyager et ne peuvent pas le faire.

Selon les commentaires ayant suivi la divulgation des photos, Rifka ferait des va-et-vient incessants entre les Émirats arabes unis et l’Algérie. Cela est néanmoins difficile à vérifier, en raison de l’opacité qui entoure les déplacements de et vers l’étranger.

En outre, le commerce du cabas a repris et de nombreux produits interdits d’importation (comme les fromages) sont disponibles dans des supérettes d’Alger, à prix exorbitants. Comment ces produits sont-ils arrivés en Algérie ?

| Lire aussi : Des Algériens réclament la réouverture des frontières

Des pertes énormes pour Air Algérie

Sur un autre volet, il est curieux de constater que parmi les compagnies aériennes autorisées à effectuer des vols internationaux de et vers l’Algérie, la compagnie aérienne nationale ne figure pas depuis la suspension des vols de rapatriement fin février dernier.

Au moins une dizaine de compagnies européennes et du Moyen-Orient se partagent un marché lucratif duquel est exclue de droit Air Algérie qui pouvait au contraire prétendre à une bonne part de ce marché lucratif. Depuis le début de l’année en cours, plus de 418.000 passagers ont transité par l’aéroport d’Alger, dont 94.000 sur le réseau international, « exclusivement dans le cadre du rapatriement », a indiqué il y a une semaine Tahar Allache, directeur général de l’Entreprise de gestion de service aéroportuaires d’Alger.

Une situation d’autant plus incompréhensible que la compagnie nationale ne cache plus ses difficultés financières et les trous abyssaux dans sa comptabilité.

Rien qu’en 2020, elle a accusé des pertes estimées à près 40 milliards de dinars. La situation financière d’Air Algérie n’a jamais été confortable, à cause notamment d’une masse salariale très lourde, et elle a été compliquée davantage par la crise sanitaire.

Les effets de la crise ont été un tant soit peu atténués par la reprise des liaisons domestiques en décembre dernier (avec une fréquence de 450 vols hebdomadaires) et ils auraient pu l’être davantage si Air Algérie avait la part qui lui revient dans les vols spéciaux actuels.

Les liaisons avec la France et la Turquie constituent un créneau très lucratif, laissé à Air France et Turkish Airlines. L’exclusion d’Air Algérie demeure un mystère.

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