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Retraites : « Un ex-haut responsable de l’État prend indûment le droit de 200 salariés »

Retraites : « Un ex-haut responsable de l’État prend indûment le droit de 200 salariés »

Le déficit de la Caisse nationale des retraites (CNR) pourrait atteindre 700 milliards de DA en 2020, contre 680 milliards de DA à la fin de 2019. Le débat sur les inégalités salariales et en matière de privilèges accordés dans le cadre du régime de retraite refait surface en Algérie.

Le sénateur FLN, Abdelouahab Benzaim, qui a soulevé cette épineuse question mardi 19 janvier devant le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, El Hachemi Djaaboub, au Conseil de la nation (Sénat), a accusé explicitement les anciens ministres, ex-hauts responsables et élus, d’alourdir le déficit abyssal dont souffre la CNR.

Devant El Hachemi Djaaboub, le sénateur d’Alger a dénoncé les inégalités dans l’accès aux droits à la retraite plus avantageux aux ex-cadres de l’État dont les anciens ministres et autres élus.

« La Caisse de retraite est-elle réservée au peuple algérien ou bien s’agit-il d’une caisse au bénéfice des anciens hauts responsables et ex-élus ? »

« La Caisse de retraite est-elle réservée au peuple algérien (toutes catégories et tous grades confondus) ou bien s’agit-il d’une caisse au bénéfice des anciens hauts responsables et ex-élus ? », demande le sénateur qui appelle à plus d’égalité en matière de droit à la retraite.

« Mes propos ne vont peut-être pas plaire à certains mais je vais les dire : chaque ancien ministre, ancien wali, chaque ancien haut cadre ou ancien élu prend indûment le droit de 200 salariés. Je ne dis pas que ceux-là n’ont pas droit à la retraite mais ils ne vont pas attendre jusqu’à leur 65 ans (âge légal à la retraite, ndlr) », a accusé Benzaim.

Le sénateur a défié le ministre du Travail d’avoir « l’audace politique de soulever ce problème pour une plus grande égalité sociale ».

« Il n’est pas normal qu’un salarié doit attendre jusqu’à ses 65 ans (souvent pour toucher une modique retraite, ndlr) après avoir trimé durant 35 années, alors qu’il suffit qu’un ministre, un haut cadre ou un élu soit nommé pendant une durée de deux ans pour qu’une fois démis de ses fonctions il continue à toucher ses 20 ou 30 millions de centimes (200.000 à 300.000 DA) du Trésor public. Le déficit est là. Et on nous parle d’austérité », a fulminé le sénateur qui appelle ses collègues et les hauts responsables de l’État à faire preuve d’exemplarité.

« Commençons par donner l’exemple. De pauvres gens versent sang et sueurs de 8 h à 17 h pour un salaire de 5 000 ou 10 000 DA », a poursuivi M. Benzaim.

Le sénateur avait déjà soulevé le problème, il y a un an jour pour jour, lors de la présentation du plan d’action du gouvernement par le Premier ministre Abdelaziz Djerad devant la chambre haute du Parlement.

| Lire aussi : Faute de solutions, le colossal déficit de la Caisse des retraites continue de se creuser

« Chaque haut responsable démis de ses fonctions doit retourner à son ancien poste d’origine »

Le sénateur a utilisé devant le chef de l’Exécutif un parallèle saisissant pour démontrer le contraste impressionnant et les inégalités abyssales entre hauts responsables et simples employés.

« Est-il raisonnable, M. le Premier ministre, qu’un responsable occupe un poste quelle que soit sa nature, pour une durée de 2 à 3 ans, et qu’une fois démis de ses fonctions et malgré cela il continue de bénéficier d’un salaire jusqu’à la fin de ses jours alors qu’il ne produit rien (retraité). Tandis que les titulaires des contrats en pré-emploi travaillent jour et nuit pour un salaire de 5 000 DA ? », avait-il dénoncé.

M. Benzaim considère que « pour une plus grande égalité sociale, il y a lieu de tout revoir ».

« Chaque haut responsable qui est démis de ses fonctions doit retourner à son ancien poste d’origine jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge légal de la retraite », a suggéré le sénateur. « De cette façon, on le maintiendra actif et nous fera bénéficier de son expérience sur le terrain »,  a continué Benzaim avant de s’offusquer du fait que la retraite proportionnelle soit interdite « au commun des Algériens mais permise pour les responsables ».

« Ce que dépense la CNR au profit des anciens responsables et autres cadres de l’État à la retraite depuis les années 1970 équivaut à ce qu’elle dépense pour les centaines de milliers de ses adhérents parmi les enfants du peuple. C’est là que réside le danger pour la Caisse de retraite », a encore déploré le sénateur.

« Qui produit le plus : le préposé au guichet dans une commune (APC) employé dans le cadre du filet social, ou un responsable qui a travaillé pendant seulement deux années avant sa fin de fonction ? », a interrogé le sénateur.

À l’adresse de Djerad, il avait lancé : « Votre rôle M. le Premier ministre est de consacrer l’égalité sociale entre les Algériens ». M. Benzaim n’en reste pas là et aborde les cas des entreprises publiques dont les patrons touchent des salaires mirobolants alors que leur entreprise croule sous les dettes.

« Comment se fait que le patron touche un salaire de 150 millions de centimes (1,5 million de dinars) et quand il part en retraite il empoche 500 millions de centimes (5 millions de dinars, indemnité de départ)  et une retraite de 500 000 DA mensuels, alors qu’un travailleur en pré-emploi touchant 10 000 DA/mois n’en bénéficie pas ? ». « C’est à vous en tombent les bras ! », s’était exclamé le sénateur.

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