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Tamazight à l’école : le ministère de l’Education revoit sa copie

Tamazight à l’école : le ministère de l’Education revoit sa copie

La place de la langue amazighe à l’école est au centre d’une polémique en Algérie. Une note du ministère de l’éducation nationale, qui a relégué tamazight au stade d’une matière facultative à l’école a provoqué la colère des enseignants de cette langue, et les critiques des syndicats de l’éducation.

Cette note du 14 août a acté « l’exclusion de l’enseignement de tamazight de l’emploi du temps alternatif de l’élève pour l’année scolaire 2021-2022 », selon Yahia Bellil inspecteur de la langue amazighe.

Avec des collègues rassemblés au sein d’un collectif d’inspecteurs de la langue amazighe, ils ont aussitôt saisi par courrier le ministre du secteur « pour attirer son attention sur les arrières pensées et les conséquences d’une telle décision, pour le moins inattendue », peut-on lire dans le communiqué.

Le collectif a rappelé au premier responsable du secteur « les devoirs de l’État envers l’enseignement de la langue amazighe » et émis des propositions « pour une meilleure prise en charge de cet enseignement, répondant effectivement aux ambitions des Algériennes et Algériens ».

Le ministère revoit sa copie 

 La communauté éducative mais aussi les militants et enseignants de tamazight ont dénoncé une telle mesure vécue comme un renoncement des acquis pour la promotion de tamazight considérée dans la constitution comme langue nationale et officielle, à côté de la langue arabe.

Après ces vives protestations et la multitude de réactions désapprouvant la démarche, le ministère de l’Education nationale est revenu sur sa première décision.

En effet, le département d’Abdelhakim Belabed a émis, dimanche 29 août, une nouvelle note qui annule la précédente, intégrant de fait tamazight dans l’emploi du temps officiel de la rentrée scolaire 2021/2022, a-t-on appris, ce lundi 30 août, auprès de Yahia Bellil, membre de la Coordination nationale des inspecteurs de la langue amazighe, une entité née au lendemain de la décision du MEN.

Une nouvelle note qui annule la première a été adressée, hier, aux directeurs de l’éducation, inspecteurs et directeurs des établissements scolaires. Elle dispose que l’enseignement de tamazight ne se fera plus en dehors de l’emploi du temps officiel, révèle M. Bellil.

Plus concrètement, la nouvelle note ministérielle donne « la possibilité aux directeurs de l’éducation, inspecteurs d’éducation et directeurs d’établissements d’exploiter l’heure qui sépare l’enseignement de la matinée de celui du soir. Autrement dit, entre midi et 13h », selon Yahia Bellil.

Et fait notable, cette plage horaire n’est pas spécifiée pour le tamazight qui entre donc dans le programme officiel. « Par exemple, une classe peut être scindée en deux groupes : le groupe 1 étudie le matin de 8h à 13h et le 2e groupe de 13h à 17h. Et inversement. C’est-à-dire que chacun des deux groupes étudie un jour 5h et un autre 4 h », détaille M. Bellil.

Dans tous les cas de figure, tamazight réitère l’emploi du temps officiel de l’école pour l’année scolaire 2021-2022. « Le directeur d’établissement ne va pas systématiquement mettre tamazight dans le créneau 12h-13h. Cela peut porter sur n’importe quelle matière », précise encore cet inspecteur de la langue amazighe.

« Si l’on fait une lecture positive de cette décision, on peut dire que le problème (de l’exclusion de tamazight de l’emploi du temps officiel) est réglé. Mais dès lors qu’on essaie toujours de marginaliser tamazight, on en vient presque à se féliciter qu’on ait trouvé un créneau horaire pour tamazight », affirme non sans amertume Yahia Bellil.

 

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