search-form-close
Tiferdoud, l’exemple d’un village qui s’autogère

Tiferdoud, l’exemple d’un village qui s’autogère

TSA Algérie

REPORTAGE. À Tiferdoud, dans la wilaya de Tizi Ouzou, hospitalité et solidarité sont les maîtres-mots. Niché à 1197 mètres d’altitude, le village habité le plus haut de Kabylie, attise la curiosité. En y arpentant ses ruelles, on croise plusieurs visiteurs venus des localités voisines pour découvrir l’endroit qui profite d’une nouvelle notoriété grâce aux initiatives prises par ses habitants ces dernières années.

Ici, toutes les infrastructures ou presque ont été construites par les résidents grâce à une organisation bien ficelée. Les fonds sont propres ou proviennent des enfants du village établis à l’étranger. Les autorités locales ont aussi apporté leurs aides dans la mise en place de certains projets.

Travail collectif et auto-gestion

Tiferdoud, 1500 habitants, est un exemple en matière de gestion. Le cœur historique de la commune est toujours organisé selon une structure traditionnelle, avec une place centrale réservée à la « Tajmaat », l’assemblée du village où se réunissent chaque mois les membres du comité. De là, partent plusieurs chemins qui mènent vers différentes zones de la ville permettant d’atteindre l’école primaire, le parc pour enfants, ainsi que le cimetière rénové et entretenu par les habitants.

Les façades des maisons ont été fraîchement repeintes et des peintures embellissent les ruelles fleuries par les gens du village. Au sol, aucun déchet ne vient gâcher ce tableau. Plusieurs fois par semaine, hommes et femmes se relaient à une heure fixe pour maintenir la propreté des lieux.


Tiferdoud : un village autogéré par ses habitants par algerie-tsa

Selon Sadali Mohand Ouamer, architecte indépendant et membre du comité du village, le coût des travaux déjà effectués est compris entre 15 et 20 millions de dinars. Il explique que les travaux ont débuté il y a environ deux ans mais que la prise en charge de la vie quotidienne des habitants est liée à l’organisation sociale du village.

« Les gens ont l’habitude de s’entraider, de mutualiser leurs moyens financiers ou leurs compétences pour construire des projets. La nouveauté c’est qu’on a introduit de nouvelles méthodes de gestion, notamment la comptabilité et la mise en place des budgets », explique-t-il.

« A l’origine, on n’avait pas 20% du budget. Mais au fur et à mesure que les projets avançaient, il y a eu de l’autofinancement car cela incitait les gens à participer en apportant leurs moyens ou leurs connaissances. Les autorités ont aussi pris le train en marche. Une fois que les travaux ont été lancés, elles ont financé tout ou partie de certains projets ».


Tiferdoud : un village autogéré par ses habitants par algerie-tsa

Désormais, le défi consiste à maintenir et entretenir les structures déjà en place. Parmi les chantiers terminés, on peut citer le terrain de foot pour les enfants, la crèche, un chapiteau à l’entrée du cimetière, la maison des jeunes ou encore le musée des Martyrs de la Guerre de libération. Pour assurer le bon fonctionnement de ces structures, celles-ci ouvrent à des heures fixes et font l’objet d’une gestion rigoureuse par un ou plusieurs habitants désignés par la communauté.

Grâce aux efforts de ses résidents, Tiferdoud espère décrocher au mois d’octobre, la première place des villages les plus propres de la wilaya. Dans la région, il ne s’agit pas de la seule localité où les habitants prennent les choses en main. Ath Izid, Zoubga ou encore Boumessaoud, village lauréat de la dernière édition, sont cités en exemple. Sur les réseaux sociaux les photos des bourgades embellies par leurs habitants sont de plus en plus nombreuses et le but est d’inciter les autres villes à faire de même.

(© TSA Algérie)


Tourisme solidaire

A Tiferdoud, les travaux ont respecté l’architecture et la structure du village permettant ainsi d’envisager l’accueil de touristes algériens et étrangers. Des membres de l’association touristique « Amnir » de Tizi Ouzou ont d’ailleurs fait le déplacement pour visiter les lieux et s’entretenir avec les habitants.

Le guide Mohand Saleh Bounouar indique qu’il existe déjà un circuit car d’autres lieux à fort potentiel, dont la grotte du Macchabé, entourent ce village. « Ce sont des sites qui peuvent attirer les visiteurs mais on va d’abord commencer par faire une formation aux citoyens pour les initier au tourisme ».

Il insiste sur la nécessité de développer un tourisme responsable et solidaire en proposant un logis chez l’habitant ou bien dans une auberge voisine. « En tant que guide, je sais que la demande existe mais il manque encore des structures pour l’hébergement. Pour garder nos traditions et coutumes intactes, la formule qui nous intéresse est l’hébergement chez l’habitant car cela aura un impact sur le plan économique en créant des emplois et des richesses. L’objectif de notre association est la promotion de ce genre de tourisme ».

Croisé dans les ruelles de la ville, Akli Moussouni, expert en développement rural, estime aussi que l’authenticité de certains villages est une richesse pour le développement du tourisme en Algérie.


Valorisation des territoires et tourisme local par algerie-tsa

  • Les derniers articles

close