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Vente des manuels scolaires : gabegie, colère et silence des autorités

Vente des manuels scolaires : gabegie, colère et silence des autorités

Une semaine après la rentrée scolaire 2022 qui a eu lieu mardi 21 septembre, la vente des manuels scolaires continue d’empoisonner le quotidien des parents d’élèves.

Après le coup d’envoi bling bling donné par le ministre de l’Education à partir d’une classe ultramoderne, la vente des manuels scolaires est revenue perturber fortement cette rentrée scolaire, ce qui illustre la multitude de problèmes dont souffre l’école algérienne.

Aux quatre coins du pays, les scènes de files d’attente devant des points de vente se multiplient. Depuis que la vente des manuels scolaires a été externalisée des établissements scolaires, notamment en raison du boycott des intendants et des directeurs d’écoles, les parents d’élèves peinent à trouver facilement les livres scolaires. Le ministère de l’Éducation nationale garde à ce jour un silence incompréhensible sur ce dossier.


L’Office national des publications scolaires (ONPS), organisme public qui édite les manuels scolaires, est également pointé du doigt pour le nombre insuffisant de points de vente déployés.

 « Un seul point de vente pour une grande ville comme Sétif. C’est vraiment déplorable », se désole un parent d’élève au micro de la Web-TV Sawt Setif.

Comme lui, des dizaines d’autres parents se sont pointés dès 6h du matin devant l’antenne locale de l’ONPS. « Alors que la pandémie est encore présente parmi nous, nous assistons à de tels rassemblements. Je ne parle pas de tous ceux qui ont dû s’absenter du travail pour venir ici afin d’acheter les livres scolaires », s’indigne un autre.

« Avant, les livres étaient vendus dans les écoles, aujourd’hui cela se fait en dehors des établissements scolaires. Qui a pris cette décision ? », s’insurge un vieil homme qui fait remarquer qu’à l’époque où les manuels étaient vendus dans les écoles, il n’y avait pas cette gabegie.

Par ailleurs, des parents d’élèves interrogés par Sawt Sétif ont relevé une disparité en termes de prix changeants d’un libraire à un autre. Ils sont plusieurs à dénoncer le choix de sous-traiter la vente de manuels scolaires à des libraires qui dictent leur loi aux parents.

Les syndicats de l’éducation ont également dénoncé la désorganisation totale qui caractérise la vente des manuels scolaires cette année, soulignant les conséquences pédagogiques néfastes sur les écoliers.

« C’est une véritable catastrophe », s’insurge Meziane Meriane, coordinateur du Syndicat national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), dans une déclaration à TSA.

Selon lui, si cette situation trouve sa genèse dans le refus des directeurs d’écoles et les intendants d’assurer la vente des manuels, ces derniers ne sont pas à blâmer. « Si ce refus est justifié ou pas, la tutelle (le ministère de l’Education) aurait dû prendre ses dispositions », pointe le syndicaliste.

Les intendants s’expliquent

Pour M. Meriane, la responsabilité doit être partagée. « Elle ne doit pas uniquement être sur le directeur d’école », précise-t-il tout en expliquant qu’une bonne organisation suffirait pour que l’opération se déroule dans les meilleures conditions.

D’après M. Meriane, l’intervention du ministère de l’Éducation est plus qu’une urgence en raison de l’impact d’une telle situation sur la scolarité des élèves en l’absence d’un outil pédagogique aussi important que le manuel.       

Mis en cause pour leur refus d’assurer la vente des manuels scolaires, les intendants des écoles expliquent les raisons. Dans un texte répercuté par l’Association de protection des consommateurs (Apoce), un groupe d’intendants revient sur le contexte et les raisons qui ont présidé à leur décision de boycotter l’opération.

« Nous assurions l’opération de vente des manuels scolaires du début jusqu’à la fin. A savoir son acheminement de l’Office des publications scolaires (ONPS) et son entreposage, sa distribution, sa vente ainsi que le renvoi des manuels en surplus à l’Office… Le transport et le remboursement des livres endommagés, nous nous en acquittons nous-mêmes de notre poche, avec nos maigres salaires. Tout cela sans la moindre contrepartie pécuniaire sachant que l’ONPS est une entreprise commerciale », explique-t-on.

 

« Nous avons réclamé la prime sur la vente des manuels scolaires, au regard des efforts que nous fournissons. Voilà que l’opération est confiée à des acteurs privés avec une marge de bénéfice de 8 % », exposent ces intendants.

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