Économie

À Biskra où sont cultivées des tomates algériennes pour l’export

A M’Ziraa (Biskra) ; le groupe Tahraoui utilise de nouvelles techniques de pollinisation pour produire des tomates algériennes pour l’exportation.

En ce début février à M’Ziraa (Biskra), les membres d’une délégation officielle vêtus de blouse de protection, coiffés d’une charlotte et arborant un badge visitent les serres du groupe Tahraoui, comme on le voit dans cette vidéo publiée sur la page Facebook « Tout sur l’Agriculture ».

Ils arpentent les allées plantées de tomates où des boîtes abritent des bourdons pollinisateurs. Des bourdons auparavant importés d’Espagne et que des maraîchers produisent désormais localement. Une première en Algérie.

Dans les serres à tomates du groupe Tahraoui (source : Tout sur l’Agriculture)

Une première en Algérie

Avant leur lâcher, les bourdons sont visibles dans des cartons au couvercle transparent. Les explications sont données en français et en anglais par les représentants du groupe Tahraoui à la délégation parmi laquelle figure notamment l’ambassadeur de Suisse en Algérie.

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Des bourdons d’élevage, car dans ces serres multi-chapelles, l’accès des autres insectes est interdit surtout par peur de la mineuse de la tomate.

Un insecte bien connu des agriculteurs et des techniciens sous le nom de Tuta absoluta. Une mineuse capable d’anéantir les plants d’une serre en quelques semaines.

Le groupe Tahraoui privilégie la lutte préventive. A l’entrée de la serre, des sas permettent d’éviter l’entrée des insectes, les ouvertures sont munies de filets à fine maille. Le rôle des bourdons est d’assurer la pollinisation des tomates en l’absence des autres insectes.

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Malgré les précautions, des insectes rentrent encore dans l’immense serre. Aussi, dans les allées, de larges rubans de plastique aux couleurs vives sont tendus.

Des couleurs jaune et bleu qu’affectionnent les insectes de petites tailles, ainsi piégés par les rubans enduits de glue. Observés de près, les rubans sont effectivement recouverts de centaines d’insectes.

Groupe Tahraoui : des tomates algériennes destinées à l’export

La hauteur des serres est telle qu’elle permet de faire pousser les plants de tomates sur plusieurs mètres de haut. « Dans les serres traditionnelles, la tomate fait six ou sept bouquets alors que dans nos serres, elle fait jusqu’à 32 bouquets », confiait déjà Mohamed Tahraoui en 2018 à TSA.

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Une moyenne de 32 bouquets par plant avec chacun des bouquets 4 fleurs ce qui exige une pollinisation parfaite pour rentabiliser l’investissement. La limitation de quatre tomates par bouquet s’explique avant tout par les exigences du calibrage.

Les moyens déployés par le groupe Tahraoui sont considérables. Si pour une traditionnelle serre tunnel, il est possible de la déplacer tous les trois ans vers un sol vierge indemne de parasites du sol, dans le cas présent, tout déplacement est impossible. Aussi, la solution est radicale : se passer du sol.

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Et effectivement, autour des membres de la délégation, pas le moindre centimètre carré de terre si ce n’est un film plastique blanc posé à même le sol.

Les plants de tomates sont eux-mêmes repiqués dans des bacs remplis de fibre de coco et arrosés par goutte à goutte. Quant aux engrais, ils sont mélangés à l’eau d’arrosage apportée par les tuyaux qui passent au pied des plants de tomate. Les ingénieurs du groupe Tahraoui parlent de fertigation.

Des serres chauffées en hiver

Les plants utilisés sont greffés et bénéficient du chauffage. Cela peut sembler étonnant dans une région réputée pour la douceur de son climat.

Mais à M’ziraa en hiver, la température peut descendre à – 2°C. Or, pour assurer une croissance maximale et pour la maturation du fruit, une température de 14°C est indispensable.

Ce sont des sondes qui déclenchent le chauffage au gaz dès que la température baisse. Résultat, des rendements de 200 tonnes par hectare avec comme objectif 300 tonnes.

Dans un grand atelier à proximité, la délégation dont fait partie l’ambassadeur de Suisse en Algérie découvre un matériel ultramoderne de tri et de conditionnement de la tomate. Sur des palettes des caissettes sont remplies de boîtes avec des tomates. Prêtes pour l’export.

Almeria, un exemple à méditer

Dans le sud algérien, la plasticulture s’inspire de ce qui se fait en Hollande et à Almeria (Espagne). Almeria est une région souvent considérée comme le potager de l’Europe.

Vu d’avion, son littoral ressemble à une mer de plastique tant les serres sont nombreuses. Depuis 1960, ce développement s’est fait par étapes : utilisation de serres plastique puis de multi-chapelles, amélioration des sols maraîchers, irrigation par goutte à goutte puis par fertigation.

Ces techniques économes en eau ont paradoxalement augmenté les prélèvements totaux dans la nappe du fait de l’augmentation des superficies irriguées.

Les prélèvements des forages sur la côte ont provoqué l’infiltration de l’eau de mer dans la nappe d’eau douce. Aujourd’hui, les irrigants sont obligés de désaliniser l’eau de leur propre forage.

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