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Affaire Pegasus : le Parlement européen accable le Maroc

Affaire Pegasus : le Parlement européen accable le Maroc

Le rapport très attendu du Parlement européen sur l’utilisation de Pegasus et autres logiciels espions a été dévoilé dans sa version préliminaire mardi 8 novembre.

Sans surprise, le rapport accable le Maroc, pays par lequel le scandale a éclaté en juillet 2021.

| Lire aussi : Le Maroc au cœur d’un gros scandale d’espionnage : l’Algérie concernée

Un consortium de médias internationaux avait alors pu avoir accès à une enquête de deux ONG mondiales, Amnesty International et Forbidden stories, faisant ressortir l’utilisation à large échelle du logiciel israélien Pegasus par le Maroc pour espionner en interne des opposants et des journalistes et à l’étranger de hauts responsables.

L’Algérie figure parmi les pays les plus ciblés par l’opération d’espionnage marocaine via le logiciel développé par une société israélienne.

Le Maroc a toujours nié les accusations, mais les faits établis par l’enquête parlementaire européenne sont accablants et difficilement récusables.

Le rapport établi par la députée néerlandaise Sophie in ‘t Veld cite nommément les personnalités et parties ciblées.

« Le Maroc semble être à l’origine de nombreuses attaques de journalistes et politiciens », conclut le rapport.

En Espagne, pays avec lequel le Maroc était en crise à l’époque, plusieurs hauts responsables, parmi lesquels le président du gouvernement Pedro Sanchez, la ministre de la Défense Margarita Robles et le ministre de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska ont été la cible de Pegasus entre mai et juin 2021, soit un mois avant la divulgation du scandale.

Le ministre de l’Agriculture Luis Planas, ancien diplomate au Maroc, a également été ciblé, mais sans succès. Le rapport écrit qu’il a été « signalé que le gouvernement marocain pourrait potentiellement être responsable de ce ciblage ».

En France, c’est le téléphone du président Emmanuel Macron qui a été ciblé, pendant l’été 2021, ainsi que les numéros de téléphone de 14 membres de son cabinet, dont le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer, le ministre de la cohésion territoriale Jacqueline Gourault, le ministre de l’agriculture Julien Denormandie, le ministre du logement Emmanuelle Wargon et le ministre des outre-mer Sébastien Lecornu.

D’autres citoyens français, dont des journalistes, d’anciens politiciens et leurs proches ont aussi été touchés, comme le directeur de la radio parisienne Bruno Delport, l’ancien ministre Arnaud Montebourg et les journalistes Edwy Plenel et Lénaïg Bredoux et un journaliste anonyme de France 24.

On retrouve encore la patte du Maroc dans l’espionnage de Claude Mangin, défenseuse des droits de l’homme et épouse du prisonnier politique sahraoui Naâma Asfari, et de El Mahjoub Maliha, militant belge d’origine sahraouie.

Pegasus : des répercussions politiques et judiciaires

La France était sur le point d’acheter elle-même le logiciel Pegasus de la société israélienne NSO Group, mais elle y a renoncé après la divulgation du scandale à l’été 2021, indique le rapport.

L’ancien Premier ministre italien Romano Prodi a été espionné avec Pegasus « par les services secrets marocains », tranche le rapport du Parlement européen, ajoutant qu’en sa qualité d’ancien envoyé spécial de l’ONU pour le Sahel, il aurait pu avoir été « une cible intéressante pour le Maroc, compte tenu de son éventuel réseau avec des personnalités au Sahara Occidental ou en Algérie ».

« Il est largement cru que les autorités marocaines visaient le Premier ministre (espagnol) Pedro Sanchez, la ministre (espagnole) de la Défense Margarita Robles et le ministre de l’Intérieur Fernando Grande- Marlaska, comme dans le cas du président français et des ministres de son gouvernement », y est-il encore écrit.

Avant même la publication de la première mouture du rapport, le Maroc faisait déjà l’objet de plusieurs dépôts de plainte devant les juridictions européennes. Sur une plainte de Reporters sans frontières (RSF), le Parquet de Paris par exemple enquête sur des faits d’association criminelle.

La confirmation des faits par une enquête parlementaire devrait acculer davantage les autorités marocaines, sur le double plan judiciaire et politique.

De nombreux observateurs imputent le froid en cours dans les relations entre le Maroc et la France, en partie au ciblage du téléphone personnel du président Emmanuel Macron.

En Espagne, certaines voix n’ont pas hésité à accuser le président du gouvernement socialiste d’avoir cédé à un chantage marocain qui pourrait porter sur des informations soutirées par le biais de Pegasus.

Alors qu’ils étaient en brouille depuis plusieurs mois, les deux pays se sont réconciliés à la surprise générale en mars dernier au prix de l’alignement du gouvernement sur les thèses marocaines sur la question du Sahara occidental, ce qui a provoqué une grave crise diplomatique entre l’Espagne et l’Algérie.

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