Économie

Agriculture : le détail de ce que produit l’Algérie

Dans une récente livraison, l’Office national des statistiques (ONS) établit le bilan chiffré de la production agricole de l’Algérie de l’année 2021.

L’occasion de se pencher sur les secteurs en progression et ceux encore à la traîne.

Les données statistiques publiées par l’ONS sont issues d’une direction spécialisée du ministère de l’Agriculture et du Développement rural.

Sont ainsi rassemblées le niveau des principales productions agricoles, qu’elles soient végétales ou animales.

La direction des systèmes d’information, des statistiques et de la prospective a pour mission de récapituler tout ce qui est produit en Algérie, depuis les céréales, les oliviers, le maraîchage en passant par la production de lait jusqu’au nombre d’oeufs. Il s’agit d’une tâche immense.

La plupart de ces chiffres de 2021 sont connus, mais l’intérêt de leur publication par l’ONS est de rassembler en un seul document des données très diversifiées et indispensables aux différents opérateurs s’intéressant au secteur agricole.

Le document de l’ONS concerne des données brutes ne faisant pas l’objet d’une analyse particulière.

Pour 2021, la production de céréales est annoncée à 27,6 millions de quintaux contre 43,9 millions en 2020. La comparaison entre les deux chiffres est accompagnée d’une mention relative à une pluviométrie défavorable.

Si la production de blé tendre, orge et avoine a baissé, celle de triticale a augmenté. Bien que marginale, cette céréale est intéressante en alimentation des volailles.

En 2021, la production algérienne de maïs grain a augmenté pour atteindre près de 35 000 quintaux, un chiffre à rapprocher des 4 millions de tonnes importées annuellement par l’Algérie et destinées principalement à l’aviculture.

Le document ne cite pas la production de maïs fourrage pourtant en forte augmentation ces dernières années grâce à la culture réalisée principalement au sud avec irrigation sous pivot.

Le maïs fourrage est principalement récolté sous forme d’ensilage et conditionné en balles rondes enrubannées particulièrement appréciées par les éleveurs laitiers.

Les cultures industrielles recensées concernent tomates de conserves et arachides; les cultures telles de colza, de tournesol et des betteraves sucrières classées dans cette même catégorie n’en étant qu’au début de leur extension prochaine annoncée par les services agricoles.

Dans le cas des tomates de conserve, en 2021 une hausse de la production de 20 % est notée avec plus de 23 millions de quintaux.

Bien que discrète, il existe une production algérienne d’arachides estimée à une centaine de milliers de quintaux principalement produits dans les wilayas d’El-Oud et d’El-Tarf.

Dans la rubrique légumes secs sont rassemblés fève, féverole, pois sec, lentilles, pois chiche et haricot sec, le tout approchant un million de quintaux.

Seuls les haricots secs enregistrent une hausse importante bien que les surfaces soient marginales. Les produits de plus large consommation tels les pois chiches et les lentilles restent insuffisamment produits.

Des producteurs se plaignent de la concurrence des importations, aussi depuis peu l’Office algérien des céréales (OAIC) est chargé du monopole d’importation de ce type de produits.

Dans la même rubrique ont été classées les productions algériennes de gesses et de “guerfalas” ou vesce avec une production de 1.150 quintaux.

Il s’agit de semences de légumineuses fourragères. Cette modeste production est à rapprocher des besoins importants en fourrage.

Les surfaces susceptibles de recevoir ce type de culture concernent les zones céréalières et donc plusieurs centaines de milliers d’hectares de terres en jachère.

L’arboriculture est également un domaine répertorié par l’ONS. Il est question d’une production de 15 millions de quintaux d’agrumes et de près de 15 millions de quintaux de fruits à noyaux ou à pépins.

Avec plus de 6 millions de quintaux de raisin, le vignoble enregistre une hausse de plus de 13 % de sa production. Quant à la production algérienne de raisin sec, celle-ci est notée comme pratiquement insignifiante depuis 2017.

La production de dattes a atteint en 2021 près de 12 millions de quintaux, en hausse de plus de 3 %. La production d’olives est estimée à 7 millions de quintaux en repli de 34 %. Le secteur oeliculture a pâti des incendies d’été 2021 qui ont ravagé les forêts et les vergers du nord de l’Algérie. Jusqu’à la production de figues qui est répertoriée avec 665 quintaux.

Élevage, des chiffres à géométrie variable

L’élevage bovin compte un chiffre stable de 1,7 million de têtes et a permis la production de 3,2 milliards de litres de lait et 5,3 millions de quintaux de viande rouge. Cependant, avec la sécheresse le risque de décapitalisation pour cause de forte hausse du prix des fourrages s’est accru.

Récemment, les autorités ont pris des mesures contre l’abattage de vaches laitières importées.

L’Algérie compte 4 millions de têtes de volailles, ce qui a permis de produire 4 millions de quintaux de viande blanche et 6 milliards d’oeufs.

Concernant l’élevage ovin, en 2021 il est estimé à 31 millions de têtes contre 29 millions deux ans plus tôt.

Suite à des doutes quant à l’estimation réelle du cheptel que compte l’Algérie, à la demande du chef de l’État, un recensement des éleveurs a été réalisé fin 2022.

Il a montré que le cheptel était en fait composé de 19 millions de têtes. La même demande a été faite concernant les surfaces emblavées chaque année en céréales.

Il est apparu que celles-ci n’étaient que de 1,8 million hectares contre une estimation précédente de 3 millions.

De la difficulté de réunir des statistiques

La synthèse réalisée par l’ONS montre l’extrême diversité des productions agricoles locales ainsi que leurs points forts et leurs faiblesses.

L’expression en dinars des valeurs de la production agricole n’a pas été abordée par l’ONS, elle est pourtant parlante et montre les progrès réalisés ces dernières années.

En novembre dernier, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, a présenté un exposé devant la commission des finances et du budget de l’APN.

Il apparaît que la valeur globale de la production agricole de l’Algérie durant 2022 s’élève à 4500 milliards de DA environ, selon les statistiques provisoires, contre 3500 milliards de DA en 2021, soit une hausse de 31 %. Selon l’agence APS : « Cette production a permis de couvrir les besoins alimentaires nationaux avec 75 % ».

L’état de la production agricole établi par l’ONS montre également la difficulté d’établir des statistiques agricoles pour certaines productions comme dans le cas de l’élevage ovin.

La différence entre estimation et recensement de terrain atteint 12 millions de têtes. Même si certains éleveurs n’ont pas déclaré l’ensemble de leur patrimoine, l’écart est notable.

Il est certes plus difficile de compter le nombre de tête de moutons sur un territoire aussi étendu que la steppe algérienne avec sa vingtaine de millions d’hectares que de dénombrer le nombre de poussins sortant des couvoirs industriels ou de boites de concentré de tomate sorti d’usine.

Le chef de l’État a demandé le développement de la numérisation du secteur agricole afin de disposer de données plus fiables.

Afin de faire face à l’actuelle faiblesse de l’outil statistique, il est question de recourir aux technologies modernes tels les drones ou images satellites.

On peut noter le faible taux de déclarations par les agriculteurs de leurs surfaces cultivées, notamment celles faisant l’objet de cultures subventionnées.

Quant aux contrôles inopinés sur terrain de la part d’agents munis de tablettes géo-localisées, comme cela se pratique en Europe pour le contrôle des subventions octroyées dans le cadre de la politique agricole commune (Pac), il est encore inexistant en Algérie.

La comparaison par l’ONS des chiffres de l’année 2021 avec ceux de 2020 montre des variations de faible ampleur mais parfois des baisses conjoncturelles de production. Aussi faut-il considérer ces données sur une plus longue période, l’agriculture est un domaine au temps long.

Il reste qu’à côté de secteurs dynamiques tels ceux de la tomate de conserve, du maïs fourrager, d’autres connaissent des progrès plus lents ou par à- coups.

Aussi au delà de leurs spécificités, ces statistiques sont l’occasion de s’interroger sur les causes des succès et des retards des différentes filières agricoles et de rechercher les moyens d’y remédier.

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