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Algérie – France : la relation bilatérale attaquée dans son segment fort

Algérie – France : la relation bilatérale attaquée dans son segment fort

Les relations algéro-françaises n’ont pas fini de souffler le chaud et le froid. Les émeutes qui embrasent les banlieues difficiles de l’Hexagone depuis mardi 27 juin sont venues apporter de l’eau au moulin des milieux de droite et de l’extrême-droite qui ne voyaient pas d’un bon œil le rapprochement du président Emmanuel Macron avec l’Algérie.

La relation bilatérale est attaquée dans son segment le plus fort et ce qu’elle a de plus précieux : la dimension humaine.

Les attaques contre l’Algérie se sont multipliées depuis que le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale établie à l’étranger a exprimé jeudi son souci de voir assurée la sécurité et la quiétude des Algériens de France.

Nahel, un jeune de 17 ans d’origine algérienne, a été tué mardi 27 juin par un policier au cours d’un contrôle routier à Nanterre, près de Paris. Cette affaire a fait réagir l’Algérie qui par le biais du ministère algérien des Affaires étrangères a exprimé dans un communiqué diffusé jeudi 29 juin sa « consternation » des « circonstances particulièrement troublantes et préoccupantes » dans lesquelles est survenu l’incident.

Ce communiqué a été dénoncé par les porte-voix de l’extrême-droite comme une « ingérence » dans les affaires internes de la France. Eric Zemmour, Éric Ciotti ou Jordan Bardella ont aussi saisi au vol les émeutes qui ont suivi la mort de l’adolescent pour réclamer plus de restrictions, voire la fin de l’immigration.

Ces politiques se positionnent dans la perspective des prochaines échéances électorales et de la présentation par le gouvernement d’un nouveau projet de loi sur l’immigration, probablement à la fin de l’été ou au début de l’automne.

La dimension humaine est un segment important de la relation algéro-française. Elle figure en bonne place dans la « Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé« , signée lors de la visite en Algérie d’Emmanuel Macron en août 2022. Lors de ce déplacement, plus de la moitié de la délégation qui accompagnait le président français était constituée de franco-algériens qui se sont distingués dans divers domaines.

Algérie – France : les fossoyeurs du rapprochement ciblent la dimension humaine

Macron avait réitéré plus d’une fois sa volonté de se servir des Franco-Algériens comme d’un pont pour raffermir les liens entre les deux pays.

Avant les émeutes en cours, de nombreuses voix en France avaient pendant de longues semaines réclamé la révocation du traité franco-algérien de 1968 sur l’immigration, présenté comme étant avantageux. L’Algérie avait fait savoir qu’elle tenait à cet accord et le gouvernement français a exclu sa révision.

Mais la droite et l’extrême-droite ne désespèrent pas de faire plier Emmanuel Macron, non seulement sur cet accord, mais sur toute sa politique vis-à-vis du Maghreb, jugée très favorable à l’Algérie au détriment du Maroc, allié traditionnel de la France au Maghreb.

Ces dernières semaines, les mêmes milieux ont tenté d’empoisonner la relation par l’affaire du décret de l’Algérie relatif aux circonstances de l’exécution de son hymne national qui comporte un couplet citant nommément la France.

Ces deux dernières années, les relations entre l’Algérie et la France ont alterné les rapprochements et les périodes de brouille.

La plus grave crise a été déclenchée par les propos du président Macron sur l’histoire de l’Algérie et ses dirigeants en septembre 2021, suivis d’une restriction drastique sur l’octroi de visas aux ressortissants algériens.

Cette mesure, qui concernait également les autres pays du Maghreb, était destinée, selon le gouvernement français, à amener les gouvernements des États concernés à coopérer sur la question de la reconduite aux frontières de leurs ressortissants faisant l’objet de décisions d’expulsion du territoire français.

Les choses ont fini par rentrer dans l’ordre avec la visite d’Emmanuel Macron en Algérie en août dernier, suivie en octobre par celle de sa Première ministre Elisabeth Borne.

En février dernier, Alger et Paris se sont de nouveau fâchés pour une affaire liée à la « dimension humaine » de leur relation, soit l’exfiltration de la Franco-Algérienne Amira Bouraoui de la Tunisie vers la France avec l’aide des services consulaires français en Tunisie. Malgré le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France, la brouille a été cette fois vite dépassée. La visite du président Abdelmadjid Tebboune à Paris a été fixée pour le mois de mai, puis pour juin, mais elle n’a toujours pas eu lieu.

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