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Algérie : le prix du poulet quasi incontrôlable

Algérie : le prix du poulet quasi incontrôlable

Après avoir franchi pour la première fois la barre de 600 dinars le kilo fin septembre, le prix du poulet a baissé jusqu’à moins de 500 dinars avant de repartir à la hausse en Algérie.

Mustapha Zebdi, le responsable d’une des principales associations de consommateurs en Algérie, est inquiet. Malgré la disponibilité annoncée par les pouvoirs publics en aliments pour les volailles et l’importation de poussins, le prix du poulet reste élevé à 550 DA le kilo.

Produit de large consommation, traditionnellement la viande de poulet reste un produit de substitution à la viande rouge devenue aujourd’hui pratiquement inaccessible pour les ménages à faible revenu.

Si dans le cas de la viande rouge, une partie de l’explication est à rechercher dans la dernière sécheresse qui réduit la disponibilité en fourrages, ce n’est pas le cas des élevages de volailles. En effet, l’aliment n’est pas affecté par la sécheresse locale puisqu’il est importé depuis différentes régions du monde.

Le prix du poulet flambe à nouveau en Algérie

Dans une déclaration publique faite fin octobre, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Abdelhafid Henni, a accusé les intermédiaires d’être à l’origine du maintien des prix élevés du poulet. Il s’est étonné qu’il soit question de prix élevés de l’aliment volaille.

« Pendant 3 ans, les prix du maïs en Algérie ont été les plus bas du monde et ils n’ont pas varié. Le maïs et le soja sont l’aliment de base et ils sont disponibles », a-t-il martelé.

Le ministre s’est étonné des prétentions des éleveurs et des intermédiaires, indiquant qu’on ne peut tout le temps être gagnant et qu’il s’agit de procéder à un bilan entre les situations de pertes et de gains annuels. Il s’est également étonné des prix du poulet passant de 350 DA à 600 DA le kilo.

Il a ajouté que cette situation n’était pas acceptable du point de vue économique. Abdelhafid Henni a dénoncé les intermédiaires qui fixent chaque matin d’un coup de téléphone les prix de gros indiquant : « C’est la réalité, nous sommes des gens de terrain et ce type d’information nous est rapporté ».

L’intervention du ministre de l’Agriculture intervient après que celui-ci ait procédé à des annonces à la fin de l’été concernant de prochaines baisses de prix.

L’explication alors avancée faisant état de l’arrêt de très nombreux élevages avicoles durant la canicule estivale et de poulaillers se remplissant à nouveau à la faveur de températures plus clémentes. Force est de constater qu’après plus d’un mois et demi, temps nécessaire à un cycle de croissance des poulets de chair, la baisse annoncée ne s’est pas produite.

Il semble que localement les prix de l’aliment volaille et des poussins soient devenus difficilement contrôlables. Les causes sont multiples : hausse des prix du maïs et du soja sur le marché mondial ainsi qu’une moindre disponibilité en poussins du fait de la grippe aviaire.

À cela s’ajoutent des pratiques spéculatives de la part de certains opérateurs peu scrupuleux dans un contexte de libéralisation de la filière avicole.

Une politique qui a certes permis de dynamiser la filière en faisant émerger un grand nombre d’opérateurs : importateurs de matière première et de médicaments vétérinaires, fabricants d’aliments et propriétaires de couvoirs mais sans que puissent être mis au point des mécanismes efficaces de contrôle. En effet, chaque opérateur rejetant la cause des hausses sur les opérateurs en amont.

Dès le début de cette flambée des prix, en 2022, le ministère de l’Agriculture a lancé une opération entre l’Office national des aliments du bétail (ONAB) et les éleveurs afin de les approvisionner en aliment et en poussins vendus au prix de 80 DA l’unité afin d’éviter tout risque de spéculation.

L’objectif étant d’arriver à approvisionner le marché en poulets au prix du 240 DA le kilogramme de poids vif. À peine la mesure annoncée, des consommateurs faisaient état d’un prix de 380 DA sur les étals.

Ce type d’opération mérite un bilan ainsi qu’un retour d’expérience détaillé. Il semble cependant que la faible taille des opérateurs publics par rapport au marché ne puisse suffire à influencer les prix de détail.

De leur côté, à plusieurs reprises, les associations de consommateurs ont dénoncé la spéculation sur le prix du poulet et lancé des opérations momentanées de boycott afin de provoquer une baisse des prix.

Apparemment ce type d’action et les efforts des services agricoles n’auront pas suffi à faire baisser les prix du poulet qui reste relativement élevé par rapport aux revenus de nombreux Algériens.

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