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Attaque du Hamas contre Israël : la normalisation a-t-elle encore un avenir ?

Attaque du Hamas contre Israël : la normalisation a-t-elle encore un avenir ?

L’attaque spectaculaire du Hamas palestinien contre Israël n’a pas pris fin que les analystes se mettent déjà à s’interroger sur ses retombées probables. Avec une certitude qui se dégage déjà : les évènements du 7 octobre 2023 vont inévitablement rebattre les cartes dans la région.

L’opération surprise survient alors que la question palestinienne était sacrifiée par une grande partie du monde arabe sur l’autel des calculs géostratégiques et économiques.

Six pays arabes ont normalisé leurs relations avec Israël, sans contrepartie pour la Palestine, et l’Arabie saoudite, pays qui pèse sans doute le plus dans le monde musulman, s’apprête à leur emboîter le pas.

La démarche est pour le moins incompréhensible. Alors qu’Israël a complètement ignoré l’offre de paix contenue dans le plan arabe de 2002, proposant la reconnaissance d’Israël contre la création d’un État palestinien crédible, c’est-à-dire de pleine souveraineté, dans les frontières de 1967 et avec Jérusalem-est comme capitale, quatre pays arabes ont franchi le pas de la normalisation en 2020 sans contrepartie, en tout cas sans rien exiger ni obtenir pour la Palestine, au moment précis où Israël est allé plus loin que jamais dans sa politique de colonisation et d’exactions contre les Palestiniens et les lieux saints de l’Islam.

C’est un Israël dirigé par le gouvernement « le plus à droite de son histoire » que le pays qui abrite et sert les deux Lieux Saints de l’Islam s’apprête à reconnaître.

Il est évident que la question palestinienne, cause centrale pendant des décennies pour le monde arabe et musulman, ne l’est plus, du moins pour ceux qui ont acté la normalisation et ceux qui s’apprêtent à le faire.

Les enjeux sont désormais ailleurs et chaque pays a agi suivant ses intérêts propres. Par exemple, le royaume d’Arabie saoudite veut donner toutes les chances de succès à son projet futuriste, tout en cherchant à ne pas se laisser dépasser par l’ennemi iranien dans la course à l’arme atomique. Celui du Maroc est guidé par son obsession de suprématie militaire sur le voisin algérien, et il l’a presque dit lorsqu’il fallait se justifier devant son opinion publique.

Palestine-Israël : les dirigeants arabes risquent de devoir choisir clairement leur camp

Sauf que le genre d’action à laquelle le monde assiste abasourdi dans le sud et le centre d’Israël est de celles qui remette tout à plat.

D’abord, parce que ceux qui ont franchi le pas de la normalisation « gratuite » l’ont fait en ayant en face des opinions publiques résignées à la fois par l’impuissance de la résistance palestinienne et l’indifférence, voire le parti pris de la communauté internationale en faveur d’Israël.

Dans ce registre, l’attaque du 7 octobre change complètement la donne. Les brigades du Hamas ont brisé le mythe de la toute-puissance de l’armée israélienne et démontré aux peuples de la région que la voie de la résistance peut encore faire bouger les choses.

Ce mythe brisé fausse également les calculs de ceux qui ont misé sur l’armement « sophistiqué » et « invincible » qu’ils ont obtenu ou qu’ils espèrent obtenir d’Israël en contrepartie de la normalisation.

Il s’agit bien sûr du Maroc dont les relais ont, au gré de l’évolution de la guerre en Ukraine, saturé les réseaux sociaux de railleries sur la soi-disant déliquescence du matériel militaire russe, dont est équipée essentiellement l’armée algérienne.

Les Marocains doivent retenir avant toute chose des évènements en cours que leur nouvel allié « tout puissant » n’a pas pu protéger ses propres frontières contre quelques dizaines de combattants palestiniens sommairement armés.

En filmant leur opération en Israël pour frapper les esprits et rappeler que le dossier palestinien n’est pas plié sous le poids de la normalisation, les combattants palestiniens ont infligé un coup sévère au marketing militaire israélien.

Cela en attendant la suite des événements. Les propos des dirigeants israéliens laissent entrevoir une guerre totale et des massacres de palestiniens -qui ont déjà commencé- devant lesquels il sera difficile de détourner le regard, encore moins continuer à exhiber quelque statut de « président du comité Al Qods » ou autres titres pompeux et trompeurs à la fois.

Cela vaut pour le roi du Maroc, mais aussi pour tous ces dirigeants du monde arabe qui ont pu jusque-là entretenir l’illusion d’un soutien au peuple palestinien tout en traitant avec son bourreau. Désormais, ils risquent de devoir choisir clairement leur camp.

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