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Autoroute Est-Ouest : trois grands dangers guettent les automobilistes

Autoroute Est-Ouest : trois grands dangers guettent les automobilistes

Pourquoi les routes algériennes sont-elles dangereuses ? Pourquoi, avec un parc automobile cinq ou six fois supérieur, la France enregistre chaque année à peu près le même nombre de morts sur les routes que l’Algérie ?

Les officiels et toutes les instances impliquées dans la sécurité routière sont unanimes à imputer une grande partie de la responsabilité au « facteur humain », au sens qu’on a bien voulu donner à l’expression : c’est-à-dire le non-respect par les conducteurs des règles de sécurité routière.

Camions surchargées, chauffards, vitesse excessive

Les usagers de l’autoroute constatent chaque jour les comportements dangereux des camions et des bus, des voitures qui roulent à des vitesses excessives et qui ne respectent aucune règle de conduite.

Et c’est sur ce volet que sont axés tous les efforts consentis par l’Etat pour réduire l’ampleur de l’hécatombe. Que ce soit dans les campagnes de sensibilisation ou l’adaptation de la législation, c’est la conduite dangereuse qui est visée, l’excès de vitesse et autres comportements et facteurs « accidentogènes », comme l’alcool au volant.

L’Algérie a revu ses lois à plusieurs reprises, les rendant plus dissuasives, mais avec peu d’incidence sur le comportement des gens sur les routes, le nombre d’accidents et celui des décès.

Certains parlent de laxisme dans l’application du dispositif répressif, mais rouler pendant quelques heures seulement sur un axe routier important permet de comprendre que bien des aspects semblent avoir été très peu pris en compte.

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Des tronçons fortement dégradés

Il s’agit de la qualité des routes et autoroutes, de l’entretien permanent et de la signalisation. L’autoroute Est-Ouest en est un parfait exemple. Lancée en grande pompe il y a plus de 15 ans, cette infrastructure a vu sa réalisation trainer en longueur (elle n’est toujours pas achevée entièrement) et son coût exploser.

Le projet est censé doter le pays d’un axe routier moderne et conforme aux standards internationaux. Ce qui ne semble pas tout à fait le cas, du moins sur les tronçons livrés il y a plusieurs années.

L’état d’une partie de l’autoroute et de plusieurs axes routiers importants à travers le pays est sans doute pour quelque chose dans le maintien du nombre d’accidents à des niveaux élevés.

Car on a eu tort de réduire le facteur humain aux seuls erreurs de conduite et au non-respect des règles du Code de la route. Hormis des cas exceptionnels d’aléas de la nature, des phénomènes météorologiques extrêmes, le reste est imputable à l’homme : l’état du réseau routier, l’absence d’éclairage, le défaut de signalisation, les erreurs dans la conception des ouvrages…

La signalisation horizontale n’est pas coûteuse, mais…

Un peu plus d’une décennie après la livraison des premiers tronçons de l’autoroute Est-ouest, certains sont déjà presque hors d’usage. A Lakhdaria, dans la wilaya de Bouira, des travaux de réfection ont dû être engagés. Une partie du tronçon menant vers les tunnels de Bouzegza a été retapée, mais une autre demeure toujours cabossée et impraticable sur le côté droit.

Le tronçon situé entre Lakhdaria et le premier tunnel de Bouzegza, dans le sens Bouira – Alger, est quasiment impraticable. Sur trois voies, deux présentent des déformations importantes, rendant la circulation automobile à très haut risque.

Les deux voies en question ont été transformées en une véritable taule ondulée par les effets conjugués du trafic important et de la surface des poids lourds, et éventuellement de la mauvaise qualité de la chaussée.

Aucune signalisation n’a été mise en place pour alerter les automobilistes qui empruntent l’autoroute. Ce tronçon est sans doute le plus dégradé de l’autoroute est-ouest, mais il n’est pas le seul qui présente des défauts dangereux. De Sétif à Alger, ou dans le sens inverse, les crevasses et les ondulations sont nombreuses, et pour les éviter, les automobilistes sont souvent obligés à faire des slaloms dangereux.

Les déformations de la chaussée représentent un grand risque pour les automobilistes qui roulent à des vitesses excessives et peuvent provoquer des accidents mortels.

Ces déformations sont causées essentiellement par deux facteurs. La forte circulation des poids lourds, sachant que l’essentiel du transport de marchandises en Algérie se fait par route en l’absence d’un réseau de chemins de fer adéquat. La faute aussi à la qualité des travaux et des matériaux utilisés, ainsi qu’au manque de maintenance.

Une autoroute de cette qualité constitue un danger réel pour les automobilistes, notamment ceux qui ne sont pas des habitués de l’endroit. Au niveau de Khemis El Khechna, toujours à Boumerdès, on n’a pas trouvé mieux pour signaler les travaux d’une station de péage que de mettre des ralentisseurs au beau milieu de l’autoroute, sans aucune signalisation, ce qui fait augmenter le risque de carambolages et de dérapages.

A propos de signalisation, c’est l’une des défaillances les plus criantes sur les routes algériennes. Dans certains endroits, il est difficile de trouver son chemin sans recourir au GPS, tant les directions ne sont pas souvent indiquées.

La problématique de l’entretien

Dans les villes, les feux tricolores sont rares ou non fonctionnels. Sur les grands axes routiers aussi, la signalisation verticale (panneaux) fait parfois défaut. Mais le plus incompréhensible, c’est cette tendance à livrer des routes et autoroute sans signalisation horizontale qui, tout en n’étant pas coûteuse, peut énormément rendre service et même sauver des vies.

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En fait, elle est indispensable pour « éclairer » les automobilistes de nuit. Sans voies bien tracées et en l’absence de réflecteurs sur les glissières de sécurité, ouvrages et autres obstacles dangereux, la visibilité de nuit devient médiocre.

L’automobiliste ne peut pas se suffire de ses phares, pour tracer son chemin, sans risques, surtout quand il pleut, ou quand il y du brouillard. L’absence de signalisation horizontale (peinture blanche pour séparer les voies) est incompréhensible.

Quant à l’éclairage, on sait qu’il est coûteux et ce ne sont du reste pas que les routes algériennes qui en sont dépourvues. A la dégradation de la chaussée et au manque de signalisation s’ajoutent d’autres défauts : des glissières de sécurité endommagées, absence de clôture pour empêcher les animaux et les piétons de traverser l’autoroute, présence de vendeurs à la sauvette aux abords, etc.

Après avoir fortement investi dans les infrastructures routières, l’Algérie fait face maintenant au défi de les entretenir.

Les investissements effectués dans ce domaine pendant les années d’opulence financière seraient-ils donc démesurés par rapport à la taille réelle de l’économie algérienne ? Le problème n’est peut-être pas à ce niveau quand on voit que le souci n’est parfois pas d’ordre financier, comme c’est le cas pour le traçage des voies…

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