Économie

Autoroute Est-Ouest : le bricolage continue

Trois anomalies caractérisent l’opération de réparation de la descente de Djebahia (ouest de Bouira) de l’autoroute Est-Ouest qui a été lancée ce dimanche 4 septembre par l’Algérienne des autoroutes (ADA).

La mesure phare de la solution retenue par l’Ada est la déviation temporaire du trafic poids-lourds sur la RN 5 ainsi que la réparation des voies endommagées par la circulation des camions.

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Aucun délai n’a été fixé pour achever les travaux de réparation de cette section, baptisée à juste titre, la « descente de la mort » en raison du nombre important d’accidents parfois mortels qui s’y sont produits ces dernières années.

La descente de Djebahia est devenue un véritable coupe-gorge pour les usagers de l’autoroute Est-Ouest.

Un retard considérable

Après un été sanglant avec pratiquement des accidents quotidiens impliquant des poids-lourds et des bus, l’Algérienne des autoroutes (ADA) est passée en fin à l’action pour réparer cette section, fortement dégradée et hautement dangereuse. C’est la première anomalie dans cette opération.

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L’Algérienne des autoroutes aurait dû lancer les réparations avant la saison estivale, une période où le trafic automobile augmente et les accidents aussi. Pour des raisons inconnues, l’Ada a attendu fin août pour tenir une réunion avec l’Agence nationale des autoroutes (ANA) et les services de sécurité sur la descente de Djebahia. Entre-temps, des accidents ont lieu, des gens sont morts, d’autres blessés ou handicapés à vie. La question est de savoir pourquoi l’Algérienne des autoroutes a agi en retard ?

Des décisions ont été prises comme la déviation temporaire du trafic poids-lourds et la réparation de la voie qui leur est réservée, sans aucune base scientifique et technique. Le coupable idéal a été désigné : les poids-lourds et leur surcharge, et accessoirement les problèmes mécaniques des camions et le non-respect du Code de la route.

Absence de chiffres et d’études

C’est la deuxième anomalie qui illustre la politique de bricolage de l’Algérienne des autoroutes et de l’Agence nationale des autoroutes, deux organismes publics qui disposent de moyens colossaux, mais qui se montrent impuissants face à la dégradation de l’autoroute Est-Ouest, une infrastructure stratégique et vitale, qui a coûté plus de 12 milliards de dollars à l’Etat algérien.

Pour traiter une section aussi difficile que celle de Djebahia, l’Algérienne des autoroutes devait plutôt procéder d’une manière scientifique pour établir les véritables causes de ce qu’elle-même a qualifié de « massacre ».

En accusant les poids-lourds d’être la cause principale de dégradation et du nombre d’accidents à Djebahia, l’Algérienne des autoroutes a-t-elle mené des opérations de pesage des camions et de comptage du trafic sur cette section ? L’Algérienne des autoroutes a-t-elle réalisé des études pour connaître les véritables raisons de la dégradation de la chaussée au niveau de cette section de l’autoroute Est-Ouest  pour apporter des solutions techniques viables ? Apparemment, non.

Du moins, dans son compte rendu de la réunion du 23 août, aucun chiffre n’a été donné sur le nombre de camions qui passent par cette section, le taux de poids-lourds qui roulent avec une surcharge, l’importance de cette surcharge.

Surcharge des poids-lourds : où sont les stations de pesage ?

L’Algérienne des autoroutes et l’Agence nationale des autoroutes n’ont pas prévu une plaque pour signaler la forte pente de la descente de Djebahia, une information importante pour les automobilistes qui empruntent l’autoroute Est-Ouest.

L’absence d’une plaque signalant le taux de la pente de la descente de Djebahia s’ajoute au manque de signalisation horizontale et verticale sur cette partie et l’ensemble de l’autoroute Est-Ouest, où les automobilistes conduisent à « vue » et parfois à « l’aveugle » de nuit, alors que les plaques de signalisation, les réflecteurs sur les glissières de sécurité, la séparation claire des voies constituent ce qu’on appelle des instruments d’aide à la conduite indispensables sur une autoroute à grande circulation et où la vitesse maximale limitée est de 120 km/h.

La troisième et dernière anomalie concerne le traitement du problème de la surcharge des poids-lourds qui empruntent les autoroutes et les routes algériennes. Pourquoi les autorités n’installent -elles pas des stations de pesage pour surveiller la circulation des camions surchargés ?

Pourquoi l’autoroute Est-Ouest, qui supporte l’essentiel de la circulation en Algérie, n’est pas dimensionnée pour supporter des charges importantes ? Au lieu de multiplier les opérations de réhabilitation, coûteuses et désagréables pour les usagers, les autorités peuvent opter pour des corps de chaussée spécifiques peuvant être réalisés pour des routes ou des autoroutes qui supportent un trafic automobile agressif, comme c’est le cas de l’autoroute Est-Ouest.

Au lieu d’apporter des solutions aux problèmes de l’autoroute Est-Ouest, l’Algérienne des autoroutes préfère poursuivre sa politique de bricolage, ce qui pose à nouveau le problème de la maintenance et de l’entretien des infrastructures de base en Algérie.

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