Les résultats du BEM 2023 en Algérie ont été publiés dimanche 25 juin par le ministère de l’Education nationale. Le taux de réussite au niveau national a atteint 60,97 % contre 59,16 % en 2022.

Les élèves qui ont obtenu une moyenne supérieure à 9,5/20 ont été admis, selon la même source.

Les échos faisant état de mauvais résultats dans certaines matières notamment les mathématiques sont confirmés par les syndicats de l’éducation nationale. Les notes des candidats au BEM dans cette matière ont été « catastrophiques », selon Boualem Amoura, secrétaire général du Satef.

Le constat fait est que les collégiens algériens ont un problème avec les mathématiques, ce qui pose la problématique des programmes scolaires dans cette matière depuis le cycle primaire.

Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste, reconnaît des difficultés rencontrées par les élèves dans les mathématiques cette année.

« Les élèves ont rencontré un problème avec le sujet. Ils se sont beaucoup plaints du changement du sujet des mathématiques. Le sujet a été différent de ce qu’ils ont connu durant les examens trimestriels », justifie le porte-parole du Cnapeste.

BEM 2023 en Algérie : des notes « catastrophiques » en maths

Au-delà de la difficulté du sujet des mathématiques du BEM 2023, Messaoud Boudiba estime qu’il « faut réfléchir à construire l’élève dans cette matière car le problème commence dès l’école primaire ».

« Il y a un problème dans la formation de l’élève dans les mathématiques dès le primaire. Au primaire, l’élève est censé apprendre le calcul. En Algérie, on leur introduit les mathématiques dès le primaire. Les élèves sont habitués à des sujets type. On leur apprend pas à réfléchir et on ne leur donne pas le temps d’apprendre correctement », explique-t-il en précisant que l’élève « n’a pas les outils nécessaires ».

Le constat est partagé par Boualem Amoura, secrétaire général du Satef. Même le changement du barème de correction en faveur de l’élève n’a pas eu pour effet d’améliorer les résultats dans les mathématiques au BEM, indique-t-il.

« On a un problème. On le dit depuis le siècle dernier mais on continue sans changer le modèle. On n’apprend pas aux élèves à utiliser leur intelligence. On les a programmés à mémoriser. Les élèves disent qu’ils n’ont pas appris telle leçon alors qu’il y a juste eu un petit changement. Les mathématiques sont enseignées comme une matière littéraire », développe le SG du Satef.

Une réforme totale du système éducatif algérien qui touchera les programmes et les méthodes d’enseignement est une « urgence », selon lui.

« Le problème commence dès le primaire. C’est la base qui est mal faite. L’enseignant du primaire lui-même ne maîtrise pas les mathématiques. Comment il va pouvoir enseigner aux élèves. Parfois, c’est des diplômés en communication, en droit qui ne sont pas forcément forts en mathématiques », ajoute-t-il.

Boualem Amoura fustige les méthodes de recrutement au niveau du secteur de l’éducation nationale. Le recrutement massif d’enseignants notamment dans le primaire, sans rechercher la qualité, a son impact sur les résultats aux examens qu’on constate actuellement, a-t-il tranché.

« Tout est à revoir. Dans d’autres pays, l’importance a été donnée à l’enseignement. Enseigner 14 matières dans le primaire, on veut rendre fous les enfants ? Les enfants ont besoin de jouer à un certain âge et en même temps apprendre. On tue l’intelligence des enfants au primaire. On leur permet d’utiliser les calculatrices. Comment voulez-vous qu’ils réfléchissent », poursuit Boualem Amoura.

Pour le pédagogue Ahmed Tessa, « il faut revenir aux fondamentaux au niveau du primaire ». « Les langues et les maths sont des apprentissages de bases. Leur enseignement doit être basé sur la psychologie de l’enfant. Au primaire, un enfant n’a pas le niveau d’abstraction. Il est dans une phase de pensée très logique. C’est à partir de 11, 12 ans qu’il commence à acquérir des notions d’abstraction », a-t-il noté.

Ahmed Tessa évoque également un problème dans la formation des enseignants notamment dans le cycle primaire car c’est là où commence le problème des élèves avec les mathématiques.

« Les enseignants sont formés à l’université mais ils n’ont pas fait de pédagogie, ni de psychologie de l’enfant ni de psychopédagogie. On recrute à tout va sans prendre en compte que le cycle primaire a ses spécificités. Il faut adapter la pédagogie des maths, des sciences et des langues à l’âge de l’apprenant », propose Ahmed Tessa.

La mauvaise prise en charge de l’élève dès les premières années de l’école se répercute systématiquement sur son parcours au cycle moyen et secondaire, selon le pédagogue.

« Il y a ce qu’on appelle un pédantisme pédagogique. On montre à l’enfant qu’il ne sait rien et que l’enseignant sait tout. L’enseignant n’est pas mis au niveau de l’enfant », explique Ahmed Tessa.

« Le problème ne réside pas uniquement dans les maths. Même en langue arabe et française. En français, nos élèves abordent des notions qu’en France, les écoliers n’abordent qu’une fois arrivés au collège et au lycée. Idem pour la langue arabe, on leur apprend des notions qu’on enseignait à des niveaux supérieurs auparavant », poursuit Ahmed Tessa.

Le résultat est que l’élève va se détourner de ces matières car le programme n’est pas adapté à sa psychologie.

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