Politique

Bilan du gouvernement Djerad : l’investissement, le parent pauvre

Le gouvernement vient de publier le bilan de son activité pendant les cinq premier mois de l’année, du 1er janvier au 31 mai.

Méthodologiquement, il aurait été plus raisonnable d’attendre la fin du mois en cours pour dresser le bilan du premier semestre de l’année, mais l’imminence du changement de gouvernement a, semble-t-il, précipité les choses.

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Que Abdelaziz Djerad reste ou non au poste de Premier ministre, on parlera dans les prochains jours ou semaines de nouveau gouvernement, avec donc un nouveau plan d’action qui sera présenté devant la nouvelle assemblée.

Pour la teneur du bilan rendu public, le même constat que pour le précédent, celui-couvrant toute l’année 2020, peut être fait, c’est-à-dire que les grands dossiers de réforme de l’économie, frappés pourtant du sceau de l’urgence, ont été mis sous le coude.

Dire que le gouvernement n’a rien fait pendant cette période peut relever de la mauvaise foi. Le bilan de 58 pages égrène dans le menu les aménagements apportés à la législation, les décisions actées, les réalisations dans quasiment tous les secteurs et dossiers.

Le bilan ne précise pas le chiffre des textes réglementaires adoptés ou amendés pendant les cinq premiers mois de l’année. Il souligne toutefois que depuis le début de l’année 2020, soit depuis l’entrée en fonction du président de la République et la nomination d’un nouveau gouvernement, « l’action normative du gouvernement a abouti à l’élaboration et la publication de 1600 textes, dont 23 textes législatifs, 209 décrets présidentiels et 450 décrets exécutifs ». Ce qui dénote d’une activité débordante dans un pays et une conjoncture dont les mots d’ordre sont le changement et le renouveau.

Mais à y voir de plus près, une partie non négligeable de l’activité du gouvernement depuis le début de l’année, et même pendant sa première année d’existence, a été accaparée d’abord par la gestion de la crise sanitaire de covid-19 et ses retombées, puis par la crise politique et, pour ce qui est des premiers mois de cette année, par la préparation des élections législatives du 12 juin dernier.

Les chiffres du bilan gouvernemental l’attestent. On y lit par exemple que le « gouvernement a réajusté, à temps, les mesures de prévention et de riposte » contre la pandémie, avec la publication au Journal officiel de 53 textes réglementaires, dont 7 décrets présidentiel, « dans le but d’assurer une meilleure gestion de cette crise du covid-19 ».

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L’investissement, le parent pauvre 

La première partie de cette année 2021 s’est inscrite dans la continuité de l’année 2020 en termes de priorités pour le gouvernement. Le Code pénal a encore été amendé, pour introduire une nouvelle définition du terrorisme ainsi que la définition de l’acte de gestion susceptible de qualification pénale, ainsi que le Code de procédure pénale, la loi relative aux compétences du Conseil d’Etat…

En tout, neuf textes ayant trait au domaine judiciaire ont été finalisés pendant cette période. Durant l’exercice passé, de nombreux textes relatifs à la justice avaient été adoptés, comme l’amendement du Code pénal pour introduire de nouveaux délits, la publication de fausses informations, ou encore l’adoption d’une loi réprimant le discours de haine et de discrimination.

Et qu’en est-il du domaine économique ? L’arsenal juridique a été là aussi renforcé ou revu et des réaménagements ont été apportés suivant les objectifs du plan d’action du gouvernement et du programme du président de la République.

De nombreux secteurs ont été touchés, de la fiscalité à l’emploi de jeunes en passant par les Douanes, le foncier industriel ou agricole, l’énergie, l’industrie, l’agriculture, la numérisation, les start-up et l’économie de la connaissance… Beaucoup de dossiers en suspens depuis des années ont été pris en charge, comme la révision de la législation des changes, longtemps décriée par les exportateurs, ou la loi sur la concurrence.

Même si ces révisions n’ont pas répondu aux attentes des opérateurs économiques, et parfois le gouvernement a aggravé l’instabilité juridique du pays, en adoptant des textes, avant de les retirer. Par exemple, les exportateurs réclament un assouplissement de la réglementation des changes et la dépénalisation de l’acte d’exporter, ce que le gouvernement a ignoré.

Il s’agit notamment de l’obligation qui a été faite aux sociétés d’importation détenues par des étrangers de se conformer à la règle 49/51, de la réglementation relative à l’importation et au montage de véhicules et de la fin de la subvention systématique du blé.

Sur la règle 49/51, le gouvernement Djerad a corrigé sa copie, avant l’entrée en vigueur de la mesure – les sociétés en question avaient un délai de six mois pour s’y conformer -, les textes régissant l’automobile ont été refaits, et la fin de la subvention généralisée du blé a été abandonnée.

Si toutes les actions sectorielles menées sont louables, on ne peut toutefois s’empêcher de souligner que le cadre global qui doit mener le pays vers le chemin de la croissance et la diversification n’a pas suscité le même intérêt.

Le nouveau code des investissements, attendu depuis l’entrée en fonction du gouvernement, n’est toujours pas adopté. Dans son bilan, le gouvernement annonce la finalisation du texte, mais ne fait état d’aucune autre action concernant ce point.

Son inaction sur ce dossier et globalement sur la relance de l’investissement demeure pour beaucoup l’une des grandes tares du gouvernement Djerad. Rien en effet, ni même les crises sanitaire et politique, n’explique qu’un texte cadre d’une importance cruciale pour l’économie du pays ne soit pas adopté en 18 mois.

Le texte est d’autant plus capital que même le discours officiel présente la diversification de l’économie par l’encouragement de l’investissement productif comme la seule alternative au recul des revenus pétroliers, du fait du double impact de la chute des prix et du déclin de la production.

En 2020, l’Algérie a exporté pour 20 milliards de dollars d’hydrocarbures en forte baisse de 40 % par rapport à 2019.

En 2020, le flux des Investissements directs étrangers (IDE) vers l’Algérie a reculé de 19 %, passant de 1,382 milliards de dollars à seulement 1,1 milliards de dollars, selon le dernier rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).

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