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Cafouillage autour de l’aide algérienne : à quoi joue encore le Maroc ?

Cafouillage autour de l’aide algérienne : à quoi joue encore le Maroc ?

Alors que l’Algérie a annoncé l’envoi de secouristes et d’une aide humanitaire aux victimes du séisme au Maroc, les médias marocains démentent et répondent par l’insulte. Les autorités officielles du royaume, elles, se terrent dans le silence. À quoi joue encore le Maroc ?

La télévision publique et d’autres médias en Algérie ont annoncé lundi en début de soirée que l’Algérie s’apprêtait à envoyer trois avions vers le pays voisin, en transportant une équipe de 93 secouristes et deux avions chargés de vivres, médicaments et matériel (lits, couvertures…).

Des images de pompiers prêts à embarquer ont été diffusées par la Télévision publique algérienne.

Mais le feu marocain n’est pas venu et la presse marocaine de ce matin crie à « une mise en scène« . Le ministre des Affaires étrangères marocain a fini par réagir ce mardi en déclinant l’offre d’aide de l’Algérie. De nombreux médias avaient déjà indiqué que le Maroc n’avait pas accepté l’offre d’aide de l’Algérie et que tout était parti d’une « mauvaise interprétation » de propos tenus lundi par le ministre marocain de la Justice Abdellatif Ouahbi.

Celui-ci avait déclaré lundi à la chaîne Al Arabya que son pays acceptait l’aide internationale, y compris celle de l’Algérie, précisant que cette aide faisait l’objet d’une coordination avec le ministère des Affaires étrangères.

Le 360.ma assure avoir confirmé auprès du gouvernement marocain qu’il n’avait aucun contact avec les autorités algériennes. Assahifa.com rapporte qu’elle a pris attache avec le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita qui a « démenti » l’acceptation de l’offre d’aide de l’Algérie. Aucun enregistrement n’accompagne cependant ce « démenti« .

Ce modus operandi des autorités marocaines est éculé : se confiner dans le silence et laisser la presse se déchaîner sur l’Algérie. Ce fut récemment le cas lors de l’incident des jet-skis à la frontière maritime entre les deux pays.

L’aide internationale est devenue un sujet qui éclipse presque le séisme lui-même. Celui-ci, survenu vendredi soir, a déjà fait plus de 2.800 morts dans la région du Haut Atlas et des victimes pourraient se trouver encore sous les débris, mais le gouvernement marocain s’amuse à sélectionner les offres d’aide de l’étranger en fonction des pays qui la proposent.

Jusque-là, le royaume a accepté l’aide de quatre pays, le Qatar, l’Espagne, le Royaume-Uni et les Émirats arabes unis.

L’Algérie et la France se sont dit disposées à envoyer des aides et des secours dès samedi matin et ont dû réitérer leur offre dimanche.

Le même cafouillage entoure la proposition française. Le directeur de la surveillance des frontières a déclaré à des médias qu’elle était acceptée, sans qu’il y ait quoi que ce soit de concret de la part du gouvernement.

Séisme au Maroc : cafouillage autour de l’aide de l’Algérie

L’attitude du Maroc lui valent de vives critiques dans la presse internationale et chez les ONG, elles aussi empêchées d’apporter leur aide aux sinistrés.

Sur le terrain, la situation est catastrophique, comme la décrivent les médias marocains eux-mêmes et les internautes sur les réseaux sociaux. Des images et des témoignages bouleversants ont été diffusés. Dans le Haut Atlas, les secours ne sont pas arrivés dans certaines zones plusieurs jours après le séisme et des villages sont sous blocus.

Les survivants recherchent eux-mêmes leurs proches sous les décombres, enterrent leurs morts par leurs propres moyens, des blessés ne sont pas soignés et les rescapés n’ont pas de quoi manger.

Le même 360.ma, qui qualifie l’attitude de l’Algérie de « pantalonnade« , rapporte que les services de l’équipement s’activaient encore ce mardi matin, soit quatre jours après le séisme, à ouvrir la route menant vers le village de Tizi N’Test, près de Taroudant. Sur Chouf TV, un rescapé raconte avoir enterré seul six membres de sa famille, sa femme et ses enfants. Une honte pour un pays qui invente le choix politique de la solidarité internationale alors qu’il n’a pas lui-même les moyens de secourir les populations sinistrées.

Le journaliste indépendant vivant en Espagne, Ali Lemrabet, a partagé la photo d’un cadavre transporté à dos d’âne. Les images décrivant une situation humanitaire intenable ne se comptent plus, et le roi Mohamed VI ainsi que son gouvernement s’adonnent à on ne sait quels calculs géopolitiques. L' »indécence » dont les médias marocains accusent l’Algérie est précisément là.

 

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