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Campagne de vaccination covid : des conditions chaotiques à Alger

Campagne de vaccination covid : des conditions chaotiques à Alger

Après un début poussif faute de doses suffisantes, la campagne de vaccination anti-covid en Algérie s’est accélérée ces derniers jours sous l’effet de la flambée de la pandémie.

Les Algériens se bousculent devant les centres de vaccination, mais l’opération se déroule dans des conditions chaotiques. Reportage.

A Alger, il faut se lever très tôt pour espérer recevoir sa dose de vaccin anti-covid. Dans les centres de santé publique, on distribue des jetons et on attend l’arrivée des doses de vaccins. Il n’y en aura pas pour tout le monde !

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Les gens se bousculent aux abords des centres de vaccinations dans l’espoir d’obtenir le fameux sésame. Un bout de papier sur lequel est inscrit un numéro.

Le cas échéant, il faut revenir le lendemain, de préférence aux aurores. La vaccination se termine à la mi-journée en fonction des doses disponibles. Les dispensaires où nous nous sommes rendus dimanche 25 juillet, manquent cruellement d’effectifs. La vaccination se fait au ralenti, alors que le ministère de la Santé a lancé un appel aux Algériens pour se vacciner contre le covid-19. Il faut alors s’armer d’une bonne dose de patience avant de pouvoir tendre son bras, à l’infirmière de service.

La chance aux lève-tôt

Centre de santé Krim Belkacem (Telemly). Nous nous pointons à 8h30. Derrière la grille fermée du dispensaire, l’agent  de sécurité nous informe qu’il ne reste plus de jetons disponibles pour cette matinée et qu’il faut revenir demain, très tôt, vers 6h ou 7h.

Sur le trottoir une vingtaine de personnes se pressent les unes contre les autres. Les gestes barrières sont ignorés. Chacun attend son tour dans une incroyable et dangereuse promiscuité.

« J’habite le quartier,  nous dit une dame âgée de 70 ans. Après avoir raté le ticket quatre fois de suite, je me suis pointée ce matin à 6 h. Certains sont arrivés à 5h du matin. Les citoyens s’organisent pour inscrire leur noms sur une feuille de papier, selon l’ordre d’arrivée afin d’éviter les disputes.  La distribution des tickets par l’agent de sécurité commence à 8h. Nous devons attendre plusieurs heures debout sous le soleil avant de pouvoir entrer et nous faire vacciner ».

Devant la grille de cette structure, les gens commencent à s’exciter. Il y a de l’électricité dans l’air. Un vieux laisse éclater sa colère.

« Il y a deux mois, on m’a donné rendez-vous pour le 26 juillet et maintenant on me dit qu’il n’y a plus de ticket  pour moi ! C’est quoi cette organisation ? », s’emporte-t-il.  Pour le calmer, l’agent de sécurité lui donne un numéro de ticket : le 62.

 Le septuagénaire devra attendre jusqu’aux alentours de 13 h pour voir son tour arriver puisque la vaccination n’a pas encore commencé. Les vaccins sont arrivés peu avant 9h transportés dans une sorte de glacière par un motocycliste.  La nouvelle s’est propagée comme une trainée de poudre aux abords du trottoir. « Il y a une centaine de doses aujourd’hui ! ».

Certains sont mécontents comme cette dame qui regrette les passe-droits.

 « Il y a des gens qui arrivent comme des fleurs et qui passent en premier, fulmine-t-elle. Il n’y a pas assez des doses pour tout le monde ».

Un Monsieur quant à lui, tient à lancer un appel aux autorités : « SVP, il y a des personnes malades et âgées qui attendent des heures pour se faire vacciner. Pourquoi ne pas élargir la vaccination à nos médecins traitants et pharmaciens pour désengorger les dispensaires de quartier ».

Manque d’effectifs

Salle de soins Lounis Maamar (EPS Sidi M’hamed Bouchenafa), il y a foule également. Les citoyens ne respectent pas les distances. Des tickets ont été distribués vers 8h00.

« Aujourd’hui, nous allons vacciner entre 30 et 40 personnes », nous dit la préposée à l’accueil. « C’est la quantité de doses que nous avons reçu ce matin, contre 52 doses hier ».

Elle déplore les mauvaises conditions de travail et le ralentissement de la vaccination pour cause de manque d’effectifs.

« Nous avions deux infirmières au niveau de cette structure de proximité.  L’une a contracté le covid. Il ne reste que la seconde pour vacciner tout ce beau monde. Ce centre n’est pas destiné à la vaccination uniquement. Nous continuons à recevoir des malades en consultation. Il n’y a plus qu’un seul médecin. Tout le personnel a été dispatché dans les chapiteaux de vaccinations. Les conditions de travail sont intenables ».

Mohand, 45 ans, habite Boulevard Mohamed V dans le centre-ville d’Alger. Arrivé à 7 h du matin, il a pu avoir le ticket numéro 26.

«  Ma femme, ma mère et ma belle-sœur ont également pris leur jeton », nous révèle-t-il. Par prudence, elles sont retournées à la maison. Je les avertirais quand il ne restera qu’une dizaine de personnes avant moi. J’avoue que la bousculade de ce matin pour arracher un ticket n’a rien de rassurant, au moment où les contaminations sont au maximum et que le variant delta fait des ravages ».

Dans ce centre de santé, la vaccination a commencé vers 9 h 45. Les gens patientent à l’extérieur. Certains ont préféré prendre leur distance par prudence.

« Pourquoi ne pas aménager de plus grands espaces comme la Safex, la salle Harcha ou même le Stade du 5 juillet et vacciner 24 heures sur 24, afin de rompre la chaîne de contamination ? », suggère un citoyen.

« La vaccination avance très lentement à l’heure où le virus tue de plus en plus de gens. C’est une course contre la montre. Il faut aussi impliquer les médecins privés dans ces opérations afin de s’en sortir ».

La vaccination avance à un rythme de gastéropode et dans des conditions difficiles : promiscuité aux abords des centres de santé, chaleur suffocante sous les chapiteaux, manque flagrant de personnel médical…

Des personnes âgées et malades sont réduites à attendre sur le trottoir durant plusieurs heures avant de recevoir leur première dose.  La question de l’accélération de la vaccination dans des conditions idoines, afin d’éviter de se refiler le virus sur place, se pose avec acuité. Il y a péril en la demeure.

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