Économie

Canicule en Algérie : les figues de Beni Maouche menacées

La canicule qui touche l’Algérie cet été affecte l’agriculture. À Beni Maouche, dans la wilaya de Bejaia, les producteurs de figues sèches sont inquiets.

Ils ont constaté un retard dans la maturité des célèbres figues qui font la fierté de toute une région. Le phénomène avait déjà été constaté l’année passée. Tous les regards se tournent vers les fortes températures enregistrées cet été.

Le retard de maturité des figues n’est pas le seul phénomène observé. Parfois, c’est l’inverse qui se produit pour certaines variétés, comme lors de la canicule de l’année passée.

Des fruits qui mûrissent rapidement et deviennent secs en quelques jours. « On n’a même pas le temps de les cueillir. C’est une figue, non mûre le matin, qui vient à maturité durant la journée et qui sèche le même jour », confiait un producteur l’an passé au quotidien l’Expression.

Canicule en Algérie : les figues de Beni Maouche menacées

La situation était telle que les producteurs de Beni Maouche prévoyaient en début de récolte une année catastrophique.

L’Association des figuiculteurs de la commune de Beni Maouche avait même pronostiqué une baisse de production de 80 %. Le même dérèglement semble se produire cette année.

Cette situation est préoccupante dans la mesure où la production de figues fraîches et de figues sèches représente une activité économique importante pour cette région réputée pour la qualité de ce fruit.

Chaque année la fête de la figue sèche de Beni Maouche draine un large public. Déjà en 2022, Youcef Meziane, le représentant des producteurs, s’était inquiété du risque d’annulation de cette fête qui a lieu à l’automne. « Il sera difficile d’organiser la fête de la figue sèche de Beni Maouche dans ces conditions. Les visiteurs habituels de l’événement risquent de ne pas trouver leur fruit préféré », confiait-il alors au média en ligne Maghreb-Emergent.

Le figuier dépendant d’un insecte pour sa fructification

Le figuier présente la particularité d’être fructifié par un insecte : le blastophage. Les individus femelles pénètrent par un orifice situé à la base du fruit et assurent ainsi la pollinisation à partir du pollen récolté sur les fleurs mâles.

Aussi, dans les problèmes de maturité et de dessèchement observés est-il nécessaire de quantifier de quelle façon ce minuscule insecte de quelques millimètres pourrait être affecté par les températures élevées.

Depuis longtemps, les figuiculteurs ont appris à favoriser cette fructification : la caprification. Pour cela, ils accrochent aux branches de leurs figuiers, des chapelets de figues en provenance de figuiers sauvages.

Une technique que normalise et encourage l’Institut technique de l’arboriculture fruitière et de la vigne (ITAFV). Ces figues sont en effet les premières à être colonisées par l’insecte.

Or analyse Youcef Meziane : « Les producteurs n’ont pas pu faire l’opération de caprification en raison de l’indisponibilité de la figue sauvage ». Une indisponibilité qu’il attribue à la baisse des précipitations observées ces dernières années : « Les figuiers ne peuvent plus produire dans ces conditions ».

Canicule en Algérie : le figuier parmi les victimes

Face à la situation, les producteurs en appellent aux pouvoirs publics, tant pour une aide matérielle que technique. Les figues ne sont pas les seules productions agricoles à être affectés par la canicule. C’est le cas du raisin de table à Boumerdès. Des producteurs signalent également des brûlures sur les feuilles de plants, de melon, celles de citronniers et pommiers.

Jusqu’au palmier dattier dont certaines variétés font l’objet de retard de floraison et les tomates qui, cette année, présentent une peau plus épaisse et moins de pulpe à l’intérieur.

Dans le cas du figuier, l’Itavi recommande de bien respecter les distances de plantation entre arbres, le choix des variétés selon la plaine ou la montagne, les irrigations d’appoint et les dates de caprification.

Plus que jamais le dérèglement climatique impose le respect des techniques agronomiques et leur adaptation au contexte nouveau qui affecte l’Algérie. Des techniques qui ne doivent pas oublier le bien être d’un minuscule insecte qui pollinise nos figuiers.

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