search-form-close
Canicule : l’Algérie appelée à revoir la conception de ses bâtiments

Canicule : l’Algérie appelée à revoir la conception de ses bâtiments

Si ce ne sont pas les inondations, les séismes ou d’autres catastrophes naturelles, c’est la canicule qui révèle les tares du secteur de la construction et de l’urbanisme en Algérie.

Comme tous les pays du pourtour méditerranéen, l’Algérie connaît un été exceptionnellement chaud. Les températures ont enregistré des records jamais vus, y compris dans les villes côtières au climat habituellement plus doux que les régions de l’intérieur et sahariennes.

La première conséquence économique de ces températures anormales c’est l’explosion de la consommation d’électricité à cause du recours à la climatisation dans les bureaux et les foyers.

Sonelgaz a communiqué plusieurs fois sur la question pour expliquer les coupures de courant enregistrées dans certaines régions où pour annoncer de nouveaux pics records de la consommation.

Le groupe public qui gère le réseau électrique national a plutôt bien géré la situation en évitant les black-out qui devaient suivre une telle situation. Mais la facture de consommation a explosé, contrariant les objectifs de maîtriser la consommation interne de gaz -qui sert à la production de l’électricité- et de se mettre au diapason de la transition énergétique.

Quatre pics de consommation ont été enregistrés depuis le début de l’été en Algérie, pulvérisant les records de l’année passée et ceux des années précédentes.

Le dernier en date a été enregistré mardi 18 juillet à 14 h 44, avec une demande appelée de 18476 mégawatts.

La semaine passée, trois records ont été enregistrés pendant trois jours de suite, à peu près aux mêmes horaires : dimanche 9 juillet (17508 mgw), lundi 10 juillet (17905 mgw) et mardi 11 juillet (18377).

Cette forte demande s’explique exclusivement par le recours massif des Algériens à la climatisation, indispensable même dans les villes côtières au vu des températures enregistrées.

Ce qui peut paraître à première vue comme une fatalité, ne l’est pas en réalité. La facture de consommation énergétique de l’Algérie peut être réduite avec l’adoption de nouvelles normes de construction adaptées à la nouvelle réalité climatique du pays et de la planète.

Face à la canicule, l’Algérie doit opter pour les bâtiments à haute efficacité énergétique

Les effets du réchauffement climatique sont déjà largement perceptibles et la situation est appelée à se dégrader davantage dans les années à venir, à en croire les prévisions unanimes des experts.

L’Algérie dispose d’importantes réserves et de capacités de production de gaz et pourra toujours faire face à la demande interne en chauffage et en climatisation pour faire face aux hivers rudes et étés très chauds.

Sauf que l’équation économique est plus compliquée que ça pour l’Algérie : tout mégawatt supplémentaire d’électricité consommé, c’est son équivalent en gaz qui manque à l’exportation ou à l’industrie locale.

Or, les recettes des exportations d’hydrocarbures sont vitales pour l’Algérie pour le financement de son développement. Le gaz peut être aussi transformé localement afin de produire pour satisfaire la demande locale et exporter.

Le pays produit actuellement un peu plus de 100 milliards de m3 de gaz, dont à peu près la moitié est exportée et l’autre destinée à satisfaire une demande interne sans cesse grandissante.

L’objectif fixé par le président de la République de doubler les quantités exportées risque d’être contrarié si les records de consommation d’électricité, produite essentiellement à partir du gaz en Algérie, continuent à être pulvérisés plusieurs fois dans l’année.

D’autant plus que la même tendance est enregistrée pour le chauffage et les autres usages domestiques du gaz. Chaque année, la consommation de gaz par les ménages augmente à cause du raccordement de villes et quartiers nouveaux au réseau.

Comme les conséquences du séisme de Boumerdès en 2003, qui avaient donné lieu à de nouvelles normes de construction, ou les fréquentes inondations qui ont amené à revoir les plans d’aménagement urbain, ces canicules récurrentes devraient inciter les pouvoirs publics à introduire l’efficacité énergétique dans les normes de construction.

L’efficacité énergétique est la baisse de la consommation d’énergie d’un bâtiment administratif, à usage d’habitation ou autre, sans incidence sur le service, c’est-à-dire sur le confort des occupants en matière d’éclairage, de chauffage, de climatisation…

Si la généralisation des panneaux photovoltaïques sur les toits des bâtiments peut paraître coûteuse et irréalisable dans l’immédiat, il existe d’autres techniques utilisées dans le processus de la construction pour optimiser la consommation énergétique future du bâtiment.

Des techniques en fait très simples comme le choix de l’emplacement et l’orientation de l’édifice, l’usage de matériaux isolants pour les parois extérieures, le double vitrage pour les fenêtres, la mise en place d’un système de ventilation, l’introduction de systèmes collectifs de chauffage et de climatisation pour rationaliser la consommation des ménages…

L’Algérie doit revoir entièrement sa façon de construire des logements qui sont de véritables passoires thermiques. D’importantes quantités d’énergie sont gaspillées par les Algériens à cause du manque d’isolation thermique des bâtiments et de la mauvaise qualité des matériaux utilisés dans la construction.

SUR LE MÊME SUJET :

Canicule en Algérie : des effets dévastateurs sur l’agriculture

Canicule en Algérie : une étude met en cause le changement climatique

  • Les derniers articles

close