Économie

Ce que dit une étude algérienne sur l’exploitation de Gara Djebilet

L’Algérie a réalisé avec succès la première extraction du minerai de fer du gisement géant de Gara Djebilet à Tindouf. Selon la wilaya de Tindouf qui a annoncé la nouvelle, les premières quantités de ce minerai seront transférées pour être traitées à l’étranger par des partenaires russes et chinois.

L’ancien député et syndicaliste au complexe sidérurgique d’El Hadjar, Smain Kouadria, estime que deux options sont nécessaires « pour une optimisation à 100% » de la mine de Gara Djebilet : le traitement et l’enrichissement du minerai mais aussi le transport.

 Un groupe d’experts algériens issus du secteur de la sidérurgie dont fait partie M. Kouadria s’étaient penchés il y a quelques années sur les différentes options pour une exploitation optimale de cette mine.

Cette étude remise fin 2013 aux autorités de l’époque, a été réalisée sous l’impulsion de l’ancien ministre de l’industrie, Chérif Rahmani, qui a eu le « mérite » d’avoir « osé relancer le dossier » et d’avoir fait « confiance aux experts algériens », selon Smain Kouadria qui nous dévoile les conclusions de l’étude.

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Pour l’option relative au transport, l’étude suggère que l’exploitation du gisement de Gara Djebilet implique la création d’une voie ferrée pour le transport des minerais extraits.

Il existe plusieurs options pour le transport, ont souligné les experts algériens dans cette étude. La première consiste en le transport par bande transporteuse, c’est-à-dire par convoyeur à bande.

« Cette option n’est pas envisageable sur une distance de plusieurs centaines de kilomètres », évacuent-ils tout en penchant plutôt en faveur de la deuxième option. Celle qui consiste en la conduite sous pression.

Une option « théoriquement envisageable » mais qui nécessite tout un programme d’investissements pour amener de très grandes quantités d’eau à Gara Djebilet.

Les options de transport des minerais par voie ferrée

Il existe une troisième option, en l’occurrence le transport ferroviaire. Ce qui implique la création d’une voie ferrée entre Gara Djebilet et Bechar pour le transport des minerais extraits.

« Cette option a été retenue par l’État dans le cadre du lancement de la première phase du projet », précise pour TSA, Smain Kouadria. Il révèle qu’un projet a été lancé pour la construction de 1000 kilomètres de voie ferrée pour le transport du minerai à l’état brut de la mine de Gara Djebilet jusqu’à Béchar pour le traitement et la transformation. 

Le projet de transport pour alimenter les usines sidérurgiques implantées à l’ouest, au centre et à l’est en minerai de fer enrichi « est en phase d’étude », souligne M. Kouadria.

« Si l’on se réfère à la déclaration du ministre de l’énergie et des mines lors du lancement du projet relatif à l’optimisation du méga projet pour atteindre à moyen terme la production de 20 millions de tonnes de minerai par an. Dans cette optique, la voie ferrée sera un facteur décisif pour le développement socio-économique de toute la région et aussi un moyen de transport adéquat, pour la livraison du minerai de fer traité pour les sites industriels existants (Tosyali, l’Aciérie du centre, Bellara, El Hadjar) », souligne Smaïn Kouadria.

 2 400 Kms de voie ferrée à construire 

Il estime que les quantités à transporter seront de 20 millions de tonnes entre la mine et Béchar pour enrichissement et pelletisation et de 16 millions de tonnes de pellets entre le site de Béchar et les clients.

 « Le moyen de transport à prévoir est le chemin de fer à grand débit avec des trains d’un poids unitaire le plus élevé possible à l’exemple de ce qui se fait en Australie, au Brésil, en Mauritanie. Une voie ferrée unique, lourde, sur laquelle circulent des trains de grande longueur pour transporter de grandes quantités », avance l’étude algérienne, selon toujours Smaïn Kouadria.

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 Ainsi, 2 millions de tonnes pourraient être acheminées vers Bethioua, site où est implanté le complexe Tosyali, un million de tonnes vers Sidi Moussa, site de l’Aciérie du centre, 6 millions de tonnes de minerai vers le complexe de Bellara (Jijel) et 2 millions de tonnes vers le complexe d’El Hadjar à Annaba.

Et enfin, 5 millions de tonnes seront acheminés vers le nœud ferroviaire à Oran pour l’exportation.

 « Le transport de 8 millions de tonnes de pellets vers Bellara et El Hadjar peut être assuré de deux manières. La première : par train lourd entre Béchar au port à édifier proche du nœud ferroviaire (Oran) puis par bateau jusqu’aux ports de Djendjen et Annaba, et par train minéralier (type Ouenza) entre ces ports et les usines », propose cette étude, révèle encore Smain Kouadria.

La seconde : par train lourd entre Béchar et Bellara, via le nœud ferroviaire (Oran), les 2 millions de tonnes destinés à El Hadjar étant transférés par train minéralier type Ouenza.

« Dans cette variante (transport par voie ferrée) la longueur de la voie lourde à construire est de 2 400 kilomètres (voies principales uniquement) », avance l’étude algérienne.

Et ce comme suit : 850 km entre Gara Djebilet et Béchar sur lequel transiteront 20 millions de tonnes de minerai à l’état brut, 750 km entre Béchar et le nœud ferroviaire (Oran) sur lequel transiteront 16 millions de tonnes de pellets, et 800 km entre le nœud ferroviaire (Oran) et Bellara, un tronçon sur lequel transiteront 8 millions de tonnes de pellets.

À signaler l’existence de la voie ferrée entre Ramdane Djamel et Bellara. « Le projet du transport du minerai et des pellets est un élément essentiel au développement du projet du méga projet de développement et d’exploitation de Gara Djebilet », note l’étude.

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