Économie

Céréales dans le désert : l’Algérie subventionne et prend des risques

L’Algérie subventionne massivement la production de céréales dans le sud, mais prend d’importants risques environnementaux.

Depuis fin avril la moisson a commencé dans le grand sud algérien. Les surfaces de blé avec irrigation sous pivot sont en augmentation dans cette région du pays. Il s’agit d’une culture largement subventionnée qui attire de nombreux investisseurs. La récolte en cours s’annonce prometteuse.

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Au Sud, progression des surfaces en céréales

À Adrar, Mostafa Morsli, la soixantaine, un calot sur la tête, est un investisseur heureux. Au milieu d’un champ de blé, il tient plusieurs épis de blé particulièrement bien fournis dans sa main, il confie à l’Entv : “Regardez la taille de ces épis (…) C’est une bonne terre agricole, les rendements pourraient être doublés“.

Satisfait, il se réjouit : “Hamdoullah, el aam zinn [l’année est bonne] et les températures clémentes. On est sur nos terres, il y a de grandes superficies, l’eau est disponible et au sud la récolte est précoce“.

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Youcef Morsli, la trentaine souligne l’aide reçue des pouvoirs publics. “Ils nous ont donné la terre et on l’a mise en valeur peu à peu. L’État nous a aidés. L’année dernière nous avons réalisé un rendement de 40 quintaux de blé à l’hectare, cette année on pense faire 55 voire 60 quintaux“.

« Tu creuses un forage, l’État finance. Tu installes un pivot, il te finance »

À Timimoun, un investisseur confie : “Je cultive 200 hectares de blé. Je voudrais remercier l’État. Tu creuses un forage, il te finance. Tu installes un pivot, il te finance. Tu achètes des intrants, il te finance. On remercie l’État. Et de notre côté nous répondons présent en produisant. Avant nous utilisions du mazout pour faire fonctionner un groupe électrogène. Aujourd’hui l’État nous a raccordés au réseau électrique“.

Kaci Tobal exploite 500 hectares de blé et d’orge. Il confirme l’amélioration concernant le rattachement des exploitations au réseau électrique.”Nous n’étions pas raccordés au réseau électrique, mais suite aux instructions du président Tebboune, on a maintenant l’électricité“.

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Un autre agriculteur, Mohamed Maaskri, témoigne : “On a 6 pivots de 30 hectares chacun. L’année dernière on a atteint 65 qx/ha. Et cette année, cela devrait être mieux“.

L’investisseur poursuit : “On a déposé des dossiers. Ils nous fournissent l’engrais, les semences, les machines pour la récolte“.Ces intrants font l’objet de subventions. L’enthousiasme de ces investisseurs témoigne d’un réel engouement pour la culture des céréales dans le sud algérien.

À Gassi Touil, Djamel Rabouh, le directeur des services agricoles de Hassi Messaoud indique que la superficie en céréales est de 1 300 hectares contre 900 l’année passée.

Afin de réduire les distances d’acheminement des récoltes, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a prévu trois points de collecte.

Céréales en plein désert, quelle durabilité ?

On peut se demander quelle est la durabilité de cette production en plein désert. Le défi concerne le niveau des nappes souterraines face aux pompages massifs. Des études notent que le renouvellement naturel des nappes sahariennes ne représente que 40 % des prélèvements actuels. Déjà, en plusieurs points, l’artésianisme, ce jaillissement naturel de l’eau, a disparu.

Il faut compter avec le risque de salinisation des sols. L’eau contient 2 à 8 grammes de sel par litre. À chaque campagne d’irrigation ce sel se dépose comme en témoigne la couleur blanche des sols. En absence de pluies, ce sel ne peut être éliminé et il s’accumule. Dans les cas extrêmes, au bout de 5 années la culture devient impossible et les agriculteurs sont alors obligés de déplacer leur pivot.

Le coût en énergie est considérable : pompage, alimentation électrique des pivots, transport des engrais sur plusieurs centaines de kilomètres. Des engrais épandus à forte dose car peu retenus dans les sols sableux.

Enfin, le niveau des subventions est considérable. Un exemple, les irrigants bénéficient d’une facture d’électricité avec un tarif réduit de moitié.

L’équation à résoudre n’est pas simple. Elle nécessite la mobilisation des compétences locales pour tenter de faire de l’agriculture saharienne un projet durable au même titre que peut l’être l’agriculture oasienne.

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