Économie

Culture du blé en Algérie : un agriculteur innove à Djelfa

« Il est possible de moissonner le blé 2 fois dans l’année. » Dans la commune d’El Gueddid (Djelfa), au milieu de son champ, M’Barek le confie à El Bilad TV : « On a semé en novembre puis à nouveau au premier juin. » L’Algérie aurait-elle trouvé le moyen de produire plus de céréales ?

Deux moissons l’an, c’est possible

Les épis de blé du champ sont encore verts et M’Barek poursuit l’irrigation. Il indique s’être longtemps posé la question de savoir si cela était possible.

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Un gerbe d’épis à la main, il est fier d’annoncer que « nous allons moissonner pour la deuxième fois la même parcelle. Nous en avons fait l’expérience et elle est positive ». Interrogé sur sa façon de procéder, il répond : « On a mis en terre les semences et on a irrigué. On n’a rien fait d’autre »

A Djelfa, hors agriculture, peu d’emplois

Il indique avoir longtemps cherché du travail. N’ayant trouvé, il a investi dans l’agriculture, mais rencontre de nombreux obstacles dont l’accès au foncier agricole : “On demande des actes pour une concession agricole et l’obtention d’une carte de fellah et cela le plus vite possible.”

Une récolte de blé puis de maïs

La pratique de 2 récoltes par an n’est pas nouvelle en Algérie. Dans le grand sud, après la récolte de blé fin mai, les agriculteurs sèment sous pivot des variétés de maïs à cycle court.

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Cultiver deux espèces différentes permet d’éviter la prolifération des parasites inféodés à la première culture. L’orge arrive 4 semaines à maturité avant le blé et se révèle intéressante pour implanter la culture qui suit.

La pratique de 2 récoltes est facilitée par l’emploi d’un nouveau type de semoirs produits par l’entreprise publique CMA de Sidi Bel-Abbès. Contrairement aux semoirs anciens, le semoir Boudour permet de semer sans labourer. D’où un gain de temps appréciable et une facture de carburant divisée par 4.

En Tunisie, du blé semé dans de la luzerne

En Tunisie, le chercheur Lucien Séguy a testé avec succès le semis direct d’avoine semée dans de la luzerne. La récolte de l’avoine fourrage sous forme d’ensilage en mars laisse le temps à la luzerne de se développer. L’agronome tunisien Hatem Cheikh M’Hamed teste actuellement le semis de blé dans de la luzerne. Le blé profite de l’azote apporté naturellement par la luzerne.

En Algérie, il a été proposé de planter des pommes de terre irriguées juste après la récolte des céréales. Le sol restant inoccupé depuis juillet jusqu’à la mi-octobre.

Au sud, trois récoltes par an sous pivot

Sous pivot d’irrigation dans le sud jusqu’à 3 récoltes sont possibles : colza fourrager à croissance rapide semé fin août et pâturé par les moutons jusqu’en octobre, semis de blé puis après récolte implantation de maïs.

Cependant, de tels systèmes de culture impliquent de puiser de grandes quantités d’eau dans les nappes souterraines. Une eau chargée de sel avec à terme le risque de stériliser les sols. Aussi s’agit-il de passer au crible ces pratiques afin de s’assurer qu’elles respectent le principe de l’agriculture durable.

Des élites rurales qui innovent

A Djefla, M’Barek innove et il est en avance par rapport aux services agricoles. A ce titre, il fait partie de ces élites rurales : jeunes chômeurs, fonctionnaires à la retraite, agriculteurs leaders.

Il mériterait de bénéficier d’une aide technique et de moyens supplémentaires : semoir moderne, engrais, semences sélectionnées.

La création d’associations professionnelles ainsi que l’utilisation d’Internet et des réseaux sociaux pourrait à l’avenir accélérer la diffusion de ces nouvelles pratiques comme s’y attelle actuellement la jeune Chaîne El Filaha de la Chambre Nationale d’Agriculture.

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